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(Genèse 13.18 ; 23.2 ; 35.17), ou Chébron (1 Machabées 5.65), une des plus anciennes villes du monde, puisqu’elle fut bâtie sept ans avant Tanis, capitale de la basse Égypte (Nombres 13.23). Or, comme les Égyptiens vantaient fort l’antiquité de leurs villes, et que véritablement leur pays avait été peuplé des premiers après la dispersion de Babel, on peut en conclure que Hébron était toute des plus anciennes. On croit qu’Arbé, un des plus anciens géants de la Palestine, l’avait fondée, ce qui lui fit donner le nom de Cariath-arbé (Josué 14.15), ou ville d’Arbé, qui fut ensuite changé en celui d’Hébron. Arbé fut le père d’Enach (Josué 15.13), et Enach donna son nom aux géants Enacim, qui demeuraient encore à Hébron lorsque Josué conquit la terre de Chanaan.
Dans la traduction latine de Josué (Josué 14.15), on lit que le grand Adam y est enterré : Adam maximus ibi inter Enacim situs est ; et saint Jérôme, dans plus d’un endroit, témoigne que c’était l’opinion des Juifs, qu’Adam y avait été enseveli. Mais on peut donner un autre sens à l’hébreu, et traduire : Le nom ancien d’Hébron est Arbé. Cet homme (Arbé) est le plus grand, le chef des Enacim. On ne sait pas bien quand elle commença à porter le nom d’Hébron. Il y en a qui croient que ce ne fut que depuis que Caleb en eut fait la conquête, et qu’il lui donna le nom d’Hébron, à cause d’un de ses fils, qui s’appelait ainsi. Mais je crois que le nom d’Hébron est plus ancien, et que Caleb donna, peut-être par honneur, à son fils, le nom de cette ancienne et célèbre place.
Hébron était située sur une hauteur, à vingt-deux milles de Jérusalem, vers le midi, et à vingt milles de Bersabée, vers le nord. Abraham, Sara et Isaac furent enterrés près d’Hébron, dans la caverne de Macphéla, ou dans la caverne double qu’Abraham avait achetée auprès d’Ephron (Genèse 32.7-9). [Voyez Membré, vallée]. On voyait près de là le chêne ou le térébinthe d’Abraham, sous lequel il avait reçu trois anges (Genèse 18.1). Eusèbe, Sozomène, et plusieurs autres anciens parlent de la vénération que non-seulement les chrétiens, mais les païens mêmes avaient pour ce térébinthe. On disait qu’il était là dès le commencement du monde, comme si ce n’eût pas été assez exagérer que de dire qu’il y était depuis Abraham, c’est-à-dire, depuis plus de deux mille trois cents ans. D’autres disaient que c’était le bâton d’un des anges, qui avait pris racine en cet endroit. On y avait établi une foire célèbre dans tout le pays, et on croyait que ce térébinthe était incorruptible, parce que quelquefois il paraissait tout en flammes, par le feu que l’on faisait autour, et qui ne le consumait point.
Hébron était dans le lot de Juda ; le Seigneur l’assigna pour partage à son serviteur Caleb (Josué 14.13). Josué prit d’abord Hébron et en tua le roi, nommé Oham (Josué 10.3-23,37). Mais ensuite Caleb en fit de nouveau la conquête, aidé par les troupes de sa tribu, et par la valeur d’Othoniel (Juges 1.12-13). Elle fut assignée aux prêtres pour leur demeure, et fut déclarée ville de refuge (Josué 20.7-21.13). David y établit le siège de son royaume, après la mort de Saül (2 Samuel 2.2-5). Ce fut à Hébron qu’Absalon commença sa révolte (2 Samuel 15.7-10). Pendant la captivité de Babylone, les Iduméens, s’étant jetés dans la partie méridionale de Juda, s’emparèrent d’Hébron ; d’où vient que dans Josèphe elle est quelquefois attribuée à l’Idumée. On croit que c’était la demeure de Zacharie et d’Élisabeth, et le lieu de la naissance de saint Jean-Baptiste [Voyez Aen]. Hébron subsiste encore aujourd’hui, mais fort déchue de son ancien éclat.
Hébron est aussi nommée Mambré (Genèse 23.19). On appelait aussi Hébron le pays qui dépendait de cette ville (2 Samuel 2.3).
Elle est à sept fortes heures de Jérusalem, au sud de cette ville sur la montagne de Juda, au bord de la vallée de Mambré ou d’Hébron, dit Barbié du Bocage, qui ajoute :
Sous le nom moderne d’El-Kalil [ou Il-Halil, c’es t-à-dire, cité d’Abrabam], cette ville est devenue un repaire affreux de malfaiteurs, ce qui fait que les voyageurs la visitent peu. Sa population se compose de 4 à 5000 Turcs et de quelques Juifs. La montagne sur laquelle elle est assise est nue et aride ; mais au-dessous, la vallée qu’elle commande est fertile, et produit des oliviers, des vignes et de l’indigo. Hébron conserve encore son ancien temple, converti en mosquée, et dont le portique est soutenu par seize colonnes. Aucun chrétien ni aucun juif ne peut y pénétrer. Le voyageur suédois Berggren faillit être lapidé par la populace, pour s’être montré dans un lieu public : ce qui justifie sans doute le mauvais renom de ses habitants.
Cependant M. Poujoulat a visité Hébron ; il y était au mois d’avril 1831, et c’est de cette ville qu’il écrivit la 122e lettre de la Correspondance d’Orient, Corn. V pages 211 et suivantes. C’est de ces lettres que nous allons tirer ce qu’on va lire sur la cité d’Abraham. Comme on ne s’aventure point sans péril dans le pays d’Hébron, les catholiques qui avaient accompagné M. Poujoulat dans plusieurs endroits de la Judée, n’osèrent lui servir de guides dans ce dangereux voyage ; le sous-cadi de Jérusalem, qu’il fréquentait et auquel il fit part de ce contre-temps, lui donna pour conducteurs des Arabes musulmans de confiance. Écoutons maintenant M. Poujoulat :
J’ai repassé, dit-il, par Thécua… Le chemin qui mène de Thécua à Hébron passe par des montagnes et des vallées couvertes de vignobles, de chênes et de sapins ; ce n’es plus la triste nature d’Engaddi et de Saint Sabba, c’est un pays continuellement boisé, offrant en quelques endroits les traces d’une culture soignée… Nous aurions pu venir de Jérusalem à Hébron en moins de huit heures …
Plusieurs villages avoisinent Hébron ; le village de la Vierge, où s’arrêta, dit-on, Marie, lorsqu’elle fuyait vers l’Égypte, et le village appelé (Fontaine d’Abraham), du nom d’une source bien connue des caravanes, sont les endroits les plus remarquables qu’on rencontre ; près du village de la Vierge, j’ai vu une citerne qui porte encore le nom de Sara. Ce doux nom de Sara jeté à vos oreilles par une voix arabe dans le pays d’Hébron, vous ramène tout à coup à ces premiers jours du monde, jours de pureté et de simplicité naïve, où les hommes étaient plus vrais parce qu’ils étaient plus près de Dieu. J’ai traversé des vallons couverts de moissons d’orge, des coteaux couronnés de vignobles ; mes guides vantaient la grosseur prodigieuse des raisins que produisent ces vignes…
Hébron couvre le penchant d’une colline ; le nombre de ses habitants ne s’élève pas au delà de quatre mille. Un quart de la population appartient à la nation israélite, le reste est tout entier arabe-musulman. Point de chrétien à Hébron ; les disciples du Coran ne peuvent y supporter la présence des disciples de l’Évangile. Le quartier juif, qui, dans toutes les cités d’Orient, n’a que des misères à offrir au voyageur, se distingue ici par la blancheur des maisons et par une propreté rare ; on croirait que les tombeaux d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ont valu aux Israélites d’Hébron de précieux priviléges. Ni murailles ni tours ne protégent la cité ; une espèce de château y tient lieu de tout appareil militaire. Le territoire suffit pour nourrir les habitants. Quelle différence entre les bazars d’Hébron et ceux de Jérusalem ! Ici les vivres abondent, on s’aperçoit qu’on foule un sol fertile, une terre qui sourit à l’homme qui l’habite. Je n’ai point vu à Hébron des visages jaunes, des joues et des yeux creusés par les souffrances de la faim : la pureté de l’air et l’abondance des vivres répandent le bien-être au sein de toute la population. La ville a des manufactures de bracelets et de lampes de verre, qui forment à-peu-près son seul commerce ; des caravanes exportent les lampes de verre dans le pays d’Égypte…Les bracelets de verre bleu vont parer les bras de toutes les femmes arabes dans les cités, dans les villages et au désert… Plusieurs khans, d’une construction solide, reçoivent les caravanes ; je suis logé avec mes conducteurs dans un de ces khans ; sur une natte, à côté de nous, sont assis plusieurs bédouins qui font le commerce d’une terre qu’ils apportent et dont on se sert comme matière première pour la composition du verre ; cette terre vient de neuf ou dix lieues d’Hébron, du côté du midi.
Après les verreries, les habitants vous nomment les raisins secs comme principale branche de leur commerce ; je n’ai rencontré nulle part des raisins aussi beaux, aussi parfumés qu’à Hébron. Il y fait une confiture de raisins que j’ai trouvée excellente, et qui a du renom dans la contrée. Comme il n’y a point de chrétiens à Hébron, on n’y trouve point de vin ; après la vendange, tous ces raisins sèchent au soleil au lieu de passer dans les pressoirs : on peut croire que si les gens du pays faisaient du vin, il égalerait les meilleurs vins de Chypre et du Liban. La supériorité du fruit de la vigne dans le territoire d’Hébron vous surprendra un peu moins, quand vous saurez que, d’après la tradition, c’est ici que Noé planta la première vigne.
Hébron n’a aucun édifice dont je puisse vous parler avec quelque intérêt ; le seul monument que nous aimerions à visiter, est fermé à tout voyageur chrétien par le fanatisme musulman. Pour vous faire connaître l’intérieur de la mosquée d’Hébron, qui renferme les tombeaux des principaux patriarches, je suis forcé de recourir à la description d’Aly-Bey ; cette description paraît assez complète ; elle elle est d’ailleurs très-précieuse, parce qu’il n’existe pas d’autres documents sur ces vénérables sanctuaires, qu’il ne m’a été permis de voir que de loin. La voici :
Les sépulcres d’Abraham et de sa famille sont dans un temple qui était jadis une p église grecque. Pour y arriver, on monte un large et bel escalier, qui conduit à une longue galerie, d’où l’on entre dans une petite cour ; vers la gauche est un portique appuyé sur des piliers carrés. Le vestibule du temple a deux chambres, l’une à droite qui contient le sépulcre d’Abraham, et l’autre à gauche qui renferme celui de Sara. Dans le corps de l’église, qui est gothique, entre deux gros piliers à droite, on aperçoit une maisonnette isolée, dans laquelle est le sépulcre d’Isaac, et, dans une autre maisonnette pareille sur la gauche, celui de sa femme. Cette église, convertie en mosquée, a son méhereb, la tribune pour la prédication des vendredis, et une autre tribune pour les muddens ou chanteurs. De l’autre côté de la cour est un autre vestibule, qui a également une chambre de chaque côté. Dans celle de gau che est le sépulcre de Jacob, et dans celle de droite celle de sa femme.
À l’extrémité du portique du temple, sur la droite, une porte conduit à une espèce de longue galerie qui sert encore de mosquée ; de la on passe dans une autre champ bre où se trouve le sépulcre de Joseph, mort en Égypte, et dont la cendre fut apportée par le peuple d’Israël. Tous les sépulcres des patriarches sont couverts de riches tapis de soie verte, magnifiquement brodés en or ; ceux de leurs femmes sont rouges, également brodés. Les sultans de Constantinople fournissent ces tapis, qu’on renouvelle de temps en temps. J’en comptai neuf, l’un sur l’autre, au sépulcre d’Abraham. Les chambres où sont les tombeaux sont aussi couvertes de riches tapis ; l’entrée en est défendue par des grilles en fer et des portes en bois, plaquées en argent ; avec des serrures et des cadenas du même métal ; pour le service du temple, on compte plus de cent employés et domestiques.
À l’ouest d’Hébron, à une demi-heure de distance, une mosquée, bâtie au sommet d’une colline, occupe la place où étaient la tente d’Abraham et le grand chêne au pied duquel l’élu de Dieu servit le veau rôti, le beurre, le lait, le pain cuit sous la cendre, aux trois voyageurs, messagers du ciel. Après quarante siècles, des chênes croissent encore sur la montagne où s’élevait le chêne d’Abraham. N’est-ce pas une chose assez mystérieuse que de voir la nature s’associer en quelque sorte aux efforts de l’homme pour perpétuer le souvenir d’un passé aussi lointain ! Je touchais avec un saint respect le tronc et le feuillage de ces petits chênes ; j’aimais à me sentir couvert de leur ombre ; il me semblait alors que je me mêlais aux âges primitifs et que quelque chose de pur passait en moi. On m’a conduit près de là, à l’endroit que les vieux auteurs appellent le champ Damascène, aujourd’hui un champ de vignes, terre trois fois sainte où fut créé le premier homme, si nous en croyons quelques traditions. Les commentateurs de l’Écriture et les Pères de l’Église ne sont pas d’accord sur le lieu du berceau du père des humains. Toutefois la vue de ce qu’on nomme le champ Damascène m’a rempli l’esprit des souvenirs de la création, et les délicieuses peintures de Milton me revenaient à la mémoire. Si dans le champ qu’on m’a montre je n’étais pas certain de fouler le premier sol qui ait reçu l’empreinte du pied de l’homme, du moins sur la colline de Mambré rien n’a pu porter atteinte.à mes souvenirs ; j’étais bien là sur la colline du Bien-Aimé, de ce roi pasteur, dont toutes les langues d’Orient et d’Occident ont redit la gloire.
Fils de Caleb, chef de la famille des Hébronites (Exode 6.18) [Cet Hébron n’était pas fils de Caleb. Voyez l’article suivant].
Troisième fils de Caalh (Exode 6.18 ; Nombres 3.19 ; 1 Chroniques 6.2-18). Il fut chef de famille (Nombres 3.27 ; 26.58 ; 1 Chroniques 26.23-30, 31). La Vulgate l’appelle aussi Hébroni (Nombres 26.58), et ses descendants Hébronites.
Nommé (1 Chroniques 2.42-43). Le texte porte : « Les fils de Caleb, frère de Jéraméel ; Mésa, son aîné, qui est le père de Ziph, les fils de Marésa, père d’Hébron. Les fils d’Hébron : Coré, Thaphua. Récent et Samma. » On dit cependant qu’Hébron est fils de Caleb ; mais je ne comprends pas comment on peut dire que Caleb est le père d’Hébron, quand le texte dit que c’est Marésa ; ni, 2°, comment il se fait, d’après le texte, que les fils de Caleb soient les fils de ifarésa, père d’Hébron. Il y a ici, je le crois, du désordre. J’admets néanmoins qu’Hébron est le second fils de Caleb, ou un de ses petits fils ; car l’historien sacré donne la généalogie de Caleb, comme il a donné auparavant (vers. 25 et suivants) celle de Jéraméel, son frère aîné (versets 9, 19, 25). Mais quel est ce. Caleb ? On a prétendu que c’était le fils de Jéphoné, qui conquit la ville d’Arbé et supposé, d’une part, que Caleb donna à cette ville le nom de sou fils Hébron, et d’autre part, au contraire, qu’il donna à son fils le nom d’Hébron que portait l’ancienne Arbé, lorsqu’il en-fit la conquête. Ceux qui sont pour la première opinion en tirent d’étranges conséquences. Je vais en rapporter une qui n’est pas la moins absurde. M. Caban, sur ce texte de (Josué 14.15) : Le nom de Hebrone fut auparavant ville d’Arba, fait cette note : « Nous lisons (Genèse 32.2), Kiriath-Arba qui est Hébrone. Hébrone se trouve comme un des fils de Caleb (1 Chroniques 2.42). Si Hébrone est devenu le nom de Kiriath-Irba, par suite du nom d’un des fils de Caleb, il en résulte, d’après Masius, que Moïse n’a pas écrit les cinq livres qui composent le Pentateuque… » M. Cahen admet la supposition que le Caleb de (1 Chroniques 2.14), est le fils de Jéphoné, le vainqueur de Kériath (ville d’) Arba, et la conséquence que Masius en tire. Je nie la supposition, m’engageant à prouver qu’elle est fausse. Si j’y parviens, j’aurai par là même prouvé l’absurdité des conséquences qu’en tirent les rationalistes.
Pour y parvenir, il me suffit que Caleb, père d’Hébron, ne suit pas le même que Caleb, fils de Jéphoné et vainqueur de l’ancienne ville d’Arbé. Eh bien ! Caleb, père d’Hébron, n’est pas fils de Jéphoné ; il est le troisième fils d’Hesron. C’est ce qu’apprend le même chapitre des Paralipomènes. Suivons sur ce point la généalogie de Caleb : verset 4, Juda eut, de Thamar, Pharès ; verset 5, Pharès eut Hesron ; versets 9, 18, Hesron eut Jéraméel, Barat (ou Aram) et Caleb (ou Calubi) ; vers. 42, Caleb, frère de Jerarnéel, fils aîné d’Hesron, eut Hébron.
En faut-il davantage ? N’est-il pas évident que Caleb, père d’Hébron, n’est pas du tout même que Caleb, fils du Jéphoné ? D’ailleurs, l’écrivain sacré les distingue de manière à ce qu’on ne s’y méprenne pas ; parlant du père d’Hébron, il dit Caleb, frère de Jéraméel (vers. 42), de Jéraméel, aîné d’Hesron (vers. 25), tandis que, parlant de l’autre Caleb, il ajoute fils de Jéphond, lequel Jéphoné est de la famille de Cènes (Nombres 32.12 ; Josué 14.6).
Enfin Caleb, fils de Jéphoné, n’a pas eu de fils nommé Hébron ; ses fils sont : Hir, Ela et Naham (1 Chroniques 4.15), trois en tout ; ceux de Caleb, fils d’Hesron sont beaucoup plus nombreux (1 Chroniques 2.42-46, 48-50) et aucun d’eux ne s’appelle Hir, Ela ou Naham.
Vallée. Cette vallée, d’où Joseph fut envoyé par son père vers ses frères à Sichem, où ils faisaient paître leurs troupeaux, paraît être la même que la vallée de Mambré (Barbié du Bocage). Voyez Hébron, ville. Mambré.