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Esaïe 20
Vigouroux


Égyptiens et Éthiopiens prisonniers

1 L’année où Tharthan, envoyé par Sargon, roi des Assyriens, vint à Azot, l’assiégea et la prit ;
[20.1-6 Seconde prophétie contre l’Egypte. Isaïe, sous les habits d’un captif, c’est-à-dire déchaussé et sans son vêtement de dessus, prédit le sort réservé aux Egyptiens et aux Ethiopiens. Nous avons donc ici une prophétie symbolique. L’Egypte et l’Ethiopie sont unies ensemble dans cet oracle, parce que c’était une dynastie d’origine éthiopienne qui régnait alors en Egypte. Les rois d’Assyrie accompliront ces oracles. Assaraddon, dans l’expédition qu’il fit en Egypte en 674, s’empara de Memphis et de Thèbes, de la femme du Pharaon Tharaka, d’un grand nombre de ses parents et de ses officiers. Le fils d’Assaraddon, Assurbanipal, entreprit plusieurs campagnes contre l’Egypte, en personne ou par ses généraux. Pendant la guerre qu’il fit contre le roi d’Ethiopie, Urdaman, qui était devenu maître de la vallée du Nil, le roi de Ninive livra la ville de Thèbes au pillage et y fit captifs une multitude d’Egyptiens, hommes et femmes.] [20.1 Tharthan. Voir 4 Rois, 18, 17. ― Azot ; une des cinq principales villes des Philistins. ― Tharthan n’est pas un nom propre, mais un titre de dignité équivalant à général ou chef d’armée. ― Sargon, roi des Assyriens, fut le fondateur de la dernière dynastie qui régna à Ninive. Il succéda à Salmanasar en 722 ou 721 et acheva le siège de Samarie, dont la chute entraîna la ruine complète du royaume d’Israël. En 720, il avait battu le roi d’Egypte et d’Ethiopie, Schabak, qui arrivait trop tard au secours des Israélites, mais qui voulait du moins sauver Hannon, roi de Gaza, son allié. L’armée assyrienne défit les armées égyptienne et philistine à Raphia, à l’entrée du désert. Schabak fut probablement obligé de se reconnaître tributaire de Sargon. A sa mort, en 712, il eut pour successeur sur le trône d’Egypte son fils Schabatok, et sur celui d’Ethiopie, Tahrakya, qui paraît avoir été son neveu. C’est en 711 qu’eut lieu la campagne contre Azot, mentionnée par Isaïe. Les Philistins avaient secoué le joug de l’Assyrie. Sargon, après la bataille de Raphia, avait déposé le roi d’Azot, Azuri, et mis à sa place le frère de ce dernier, Akhimit. Mais quand le roi de Ninive se fut éloigné, le parti égyptien, qui était le plus fort, renversa Akhimit et donna le pouvoir à Yavan. Les autres peuples voisins de la Palestine et Juda lui-même avaient pris part à ces mouvements, comme nous l’apprennent les inscriptions de Sargon. La campagne dont parle Isaïe avait pour but de châtier cette rébellion, faite vraisemblablement avec l’appui de l’Egypte. Après la prise d’Azot, Schabatok s’empressa d’envoyer une ambassade aux Assyriens pour reconnaître leur suprématie. Sargon mourut six ans après, en 705, laissant le royaume d’Assyrie à son fils Sennachérib.]
2 cette année-là, le Seigneur parla à Isaïe, fils d’Amos, et lui dit : Va, détache le sac de tes reins, et ôte tes souliers de tes pieds. Il fit ainsi, et il alla nu et déchaussé.
[20.2 Par la main ; hébraïsme, pour par le moyen, par l’intermédiaire. ― Nu ; non pas d’une nudité complète, mais comme le dit formellement le texte, seulement dépouillé du sac (vêtement de dessus) que l’on portait dans le deuil, et de sa chaussure. Chez les Grecs et les Latins eux-mêmes, le mot nu signifiait souvent vêtu à la légère, ou n’ayant pas de manteau.]
3 Alors le Seigneur dit : De même que mon serviteur Isaïe a marché nu et déchaussé, pour être un signe et un présage de trois ans pour l’Egypte et pour l’Ethiopie,
[20.3 De trois années de malheurs qui pèseront sur l’Egypte et l’Ethiopie.]
4 ainsi le roi des Assyriens emmènera d’Egypte et d’Ethiopie, captifs et exilés, les jeunes gens et les vieillards, nus et déchaussés, les reins découverts, à la honte (ce qui doit être caché dans le corps ayant été découvert pour l’ignominie) de l’Egypte.
[20.4 Nus et déchaussés ; littéralement nue et déchaussée (nudam et discalceatam), au singulier, quoique se rapportant à captivité aussi bien qu’à transmigration. C’est encore un hébraïsme en vertu duquel, lorsqu’un attribut a deux sujets partiels, il peut concorder avec le plus voisin. ― Les troupes de Sargon purent emmener des captifs égyptiens en Assyrie, mais Assaraddon surtout, son petit-fils, et Assurbanipal, son arrière petit-fils, emmenèrent en captivité un grand nombre de jeunes hommes et de vieillards pris en Egypte.]
5 Alors les Juifs seront dans l’effroi (ils craindront), et ils rougiront (seront confondus par l’Ethiopie dans leur espoir, note) d’avoir mis leur espérance dans l’Ethiopie, et leur gloire dans l’Egypte.
[20.5 Ils seront confondus, etc. ; c’est-à-dire frustrés du secours qu’ils attendaient de l’Ethiopie, et de la gloire qu’ils espéraient recueillir par leur alliance avec l’Egypte.]
6 Et les habitants de cette île diront en ce jour-là : C’était donc là notre espérance ? (,) Voilà ceux dont nous implorions le secours pour être délivrés du roi des Assyriens ! Et comment pourrons-nous échapper nous-mêmes ? [20.6 Ile ; le terme hébreu signifie proprement contrée éloignée, lointaine, et aussi voisine de la mer. Ainsi il s’agit ici des habitants des contrées maritimes de la Palestine.]

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