/   /   /  Psaume 113:17     

Psaumes 113.17
Vigouroux


10 Alleluia. Lorsque Israël sortit d’Egypte, et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare,
[113.1 Voir Exode, 13, 3.] [113.1-18 Psaume historique. Il résume en quelques traits, avec des images fortes et hardies, les miracles opérés par le Seigneur pour délivrer son peuple de l’armée du Pharaon, qui le poursuivait à la sortie d’Egypte. Les Egyptiens y sont appelés un peuple barbare, dans le sens primitif du mot, ancien indien barbaras, analogue à balbus, celui qui bégaie, c’est-à-dire, ici, celui qui parle une langue étrangère, qu’on ne comprend pas. ― La Harpe dit, au sujet de ce psaume : « Si ce n’est pas là de la poésie lyrique et du premier ordre, il n’y en eut jamais ; et si je voulais donner un modèle de la manière dont l’ode doit procéder dans les grands sujets, je n’en choisirais pas un autre : il n’y en a pas de plus accompli. Le début est un exposé simple, rapide et imposant. Le poète raconte des merveilles inouïes comme il raconterait des faits ordinaires : pas un accent de surprise ni d’admiration, comme n’y aurait pas manqué tout autre poète. Le Psalmiste ne veut pas parler lui-même de l’idée qu’il faut y avoir des merveilles qu’il trace. Il veut que ce soit toute la nature qui rende témoignage au Maître auquel elle obéit. Il l’interroge donc tout de suite, et de quel ton ! Mer, pourquoi as-tu fui ? Jourdain, etc. Je cherche quelque chose de comparable à cette brusque et frappante apostrophe, et je ne trouve rien qui s’en approche. Il interpelle la mer, le fleuve, les montagnes, les collines, et avec quelle sublime brièveté ! Et dans l’instant vous entendez la mer, le fleuve, les montagnes, les collines qui répondent ensemble : Eh ! ne voyez-vous pas que la terre s’est émue à la face du Seigneur ? Et comment ne serait-elle pas émue à la face de Celui qui change la pierre en fontaine et la roche en source d’eau vive ? Car ce sont là les liaisons supprimées dans cette poésie rapide. Le poète aurait pu aussi mettre en récit ce miracle, comme il a fait des autres ; mais il préfère de le mettre dans la bouche des êtres inanimés ; est-ce là un art vulgaire ? »]
11 Dieu consacra Juda à son service (La Judée devint sa sanctification), et établit son empire dans Israël (son empire).
[113.2 Sa sanctification ; sa consécration ; c’est-à-dire que Juda est devenu le peuple consacré au Seigneur, la nation sainte, comme il est dit expressément dans Exode, 19, 6. ― Son empire ; le peuple de sa domination, dont il voulait bien être le roi.]
12 La mer le vit et s’enfuit ; le Jourdain retourna en arrière.
13 Les montagnes bondirent comme des béliers, et les collines comme des agneaux (de brebis).
14 Qu’as-tu, ô mer, pour t’enfuir ? Et toi, Jourdain, pour retourner en arrière ?
15 Pourquoi, montagnes, avez-vous bondi comme des béliers ? et vous, collines, comme des agneaux (de brebis) ?
16 La terre a été ébranlée devant la face du Seigneur, devant la face du Dieu de Jacob
17 qui a changé la pierre en des torrents d’eaux, et la roche en fontaines abondantes (d’eaux).
18 Que ce ne soit pas à nous, Seigneur, que ce ne soit pas à nous ; que ce soit à votre nom que vous donniez la gloire,
[113.1 Ce psaume, qui est le 115e selon l’hébreu, quoiqu’il ait une numérotation particulière, pour les versets, dans notre Vulgate, ne compte que pour un avec le précédent, non seulement dans les Septante, nos éditions latines et la liturgie, mais aussi dans les versions syriaque, éthiopienne et arabe. Le beau sentiment qu’exprime le : Non pas à nous, Seigneur, etc. à la suite des merveilles de la sortie d’Egypte, semble en effet, relier ce psaume au précédent : le chantre sacré, comme ébloui et accablé à la vue de tant de miracles, et tout pénétré du sentiment de l’infirmité de l’homme, pouvait s’écrier naturellement : Non pas à nous. Mais la différence de sujet et de rythme paraît donner raison au partage du psaume In exitu, dans la Bible hébraïque. ― C’est une prière d’Israël adressée à Dieu pour obtenir son secours dans une guerre contre les ennemis idolâtres. On le chantait peut-être solennellement au moment de marcher contre l’ennemi.] [113.1-3 Que Dieu glorifie son nom en accordant la victoire aux siens contre les idolâtres.]
19 pour faire éclater (à cause de) votre miséricorde et votre vérité ; de peur que les nations ne disent : Où est leur Dieu ?
20 Notre Dieu est dans le ciel ; tout ce qu’il a voulu, il l’a fait.
21 Les idoles (simulacres) des nations sont de l’argent et de l’or, et l’ouvrage de(s) mains des hommes.
[113.4 Voir Psaumes, 134, 15.] [113.4-8 Les dieux des païens ne sont rien.]
22 Elles (Ils) ont une bouche, et ne parle(ro)nt point ; elles (ils) ont des yeux, et ne voient point (verront pas).
[113.5 Voir Sagesse 15, 15.]
23 Elles (Ils) ont des oreilles, et n’entende(ro)nt pas ; elles (ils) ont des narines, et ne sentent (sentiront) pas.
24 Elles (Ils) ont des mains, et ne touche(ro)nt pas ; elles (ils) ont des pieds, et ne marche(ro)nt pas ; avec leur gorge (gosier), elles (ils) ne peuvent crier (crieront pas).
[113.7 Avec leur gosier ; c’est-à-dire quoiqu’ils aient un gosier.]
25 Que ceux qui les font leur deviennent semblables, avec tous ceux qui mettent en elles leur confiance.
26 La maison d’Israël a espéré au Seigneur ; il est leur secours (aide) et leur protecteur.
[113.9-11 Que les guerriers d’Israël soient donc pleins de confiance, car c’est le vrai Dieu qui est leur soutien. Comme cette dernière idée est celle que le Psalmiste veut inculquer le plus profondément dans le cœur des soldats, elle est répétée trois fois dans cette strophe, à la 3e personne. Les versets 14 et 15, sont à la 2e personne ; ce changement provient, sans doute, de ce que le refrain était chanté par le chœur de ceux qui ne partaient point pour la guerre, tandis que les guerriers chantaient eux-mêmes le reste du psaume, d’où l’emploi de la 1re personne : versets 1, 3, 12, 18.]
27 La maison d’Aaron a espéré au Seigneur ; il est leur secours (aide) et leur protecteur.
28 Ceux qui craignent le Seigneur ont mis en lui leur espérance ; il est leur secours (aide) et leur protecteur.
29 Le Seigneur s’est souvenu de nous, et il nous a bénis. Il a béni la maison d’Israël ; il a béni la maison d’Aaron.
[113.12-18 Promesse que Dieu bénira son peuple, versets 12 à 14.]
30 Il a béni tous ceux qui craignent le Seigneur, les (plus) petits et (avec) les (plus) grands.
31 Que le Seigneur vous comble (accorde) de nouveaux biens, (à) vous et (à) vos enfants.
32 Soyez bénis du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre.
[113.15-18 Même pensée exprimée en d’autres termes : Dieu conservera à Israël la terre qu’il lui a donnée, et les Israélites le loueront, avant de descendre dans la tombe.]
33 Le ciel des cieux (du ciel) est au Seigneur, mais il a donné la terre aux enfants (fils) des hommes.
[113.16 Le ciel du ciel ; hébraïsme, pour le ciel le plus élevé. Voir milieu des Observations préliminaires, 1°.]
34 Les morts ne vous loueront point, Seigneur, ni tous ceux qui descendent dans l’enfer.
[113.17 Voir Baruch, 2, 17. ― Ni aucun ; littéralement ni tous. En hébreu les mots tout, tous, toutes, toutes, joint à une négation, signifient aucun, nul, aucune, nulle. ― Ce ne sont point les morts qui vous loueront. Les damnés ne louent point Dieu. Les justes mêmes, dans les limbes, avant la venue du Messie, ne pouvaient glorifier Dieu comme les saints qui jouissent de la béatitude céleste dans le ciel.]
35 Mais nous qui vivons, nous bénissons le Seigneur, dès maintenant et dans tous les siècles.

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