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Au Moyen âge et même plus tard, les Juifs furent les grands usuriers de l’Europe, du reste avec l’aide de la chrétienté. Le vaste vocabulaire de l’Ancien Testament relatif à la dette (voir ce mot) et au débiteur montre que cette spécialité remonte haut. Il n’est pas sans signification qu’un des termes désignant l’usure veuille dire « morsure ». L’élément tragique de la dette, c’est que le débiteur insolvable pouvait être saisi, emprisonné, ses enfants vendus ; bref, c’était le naufrage total (voir un exemple typique dans Néhémie 5). Ésaïe 24.2 montre la généralité de la pratique. Les prophètes ont tonné contre ces abus (Amos 2.6 ; Amos 2.8). Le Deutéronome veut qu’on prête sans intérêts (Deutéronome 23.20 et suivant) ; il essaie de soustraire au créancier les gages indispensables à la vie du débiteur (Deutéronome 24.6 ; Deutéronome 24.17) et de limiter des abus (Deutéronome 24.10 ; Deutéronome 24.13) ; il tente d’y introduire l’idée jubilaire (Deutéronome 15.16). En réalité, seule une élite morale observait ces lois de bienveillance (Ézéchiel 18.7 ; Ézéchiel 18.16 ; Ézéchiel 33.15), mais l’usage courant restait impitoyable (2 Rois 4.1 ; Lévitique 25.39 ; Lévitique 25.47 ; Ésaïe 50.1 ; Job 22.6 ; Job 24.9 ; Proverbes 20.16 ; Proverbes 22.7).
Le fait que Jésus ait touché à ce sujet dans deux paraboles (Matthieu 18.23 ; Matthieu 18.35; Luc 7.41 et suivant) montre l’importance sociale de la dette et les graves conséquences qui pouvaient en résulter (d’où, dans l’Oraison dominicale : « Remets-nous nos dettes »).
Dans Néhémie 5, l’intérêt est de 2 pour cent par mois, soit 24. Ailleurs, on sait qu’il allait de 10 à 20. La recommandation de prêter sans intérêts ne s’étendait pas aux étrangers. Il va de soi que ce taux élevé correspondait à la quasi-certitude de non-remboursement et au manque de système de crédit organisé.
Du temps de Jésus, le banquier et le changeur (voir ce mot) ne faisaient qu’un. Le système monétaire au Ier siècle était des plus complexes (voir Monnaie). Or les redevances au Temple devaient être versées par des milliers de visiteurs pieux en monnaie exclusivement phénicienne, de par la volonté des autorités religieuses juives (tandis que les impôts romains se payaient en monnaie romaine). Le changeur devait donc :