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Grosse pièce de bois, provenant d’un tronc d’arbre (2 Rois 6.2 ; 2 Rois 6.5), destinée à soutenir, verticalement ou horizontalement, les toits, étages, terrasses, frontons, etc., des maisons (voir ce mot) et des édifices (1 Rois 6.36 ; 1 Rois 7.2 ; 1 Rois 7.12 ; 2 Chroniques 34.11 ; Esdras 6.11). Celles du Temple de Jérusalem étaient revêtues d’or (2 Chroniques 3.7). Les poutres ouvragées sont dès lors appelées colonnes (Lettre de Jérémie 39), comme les deux du milieu sur lesquelles reposait tout le temple philistin (Juges 16.26 ; Juges 16.29 et suivant). La Sulamite oppose aux poutres artistiques les cèdres de la campagne (Cantique 1.17). L’apocryphe Lettre de Jérémie compare les idoles aux poutres dont le cœur est pourri, rongé de vermine, aux poutres du milieu du toit, les plus exposées à l’incendie (verset 20-35).
La parole de Jésus sur la paille et la poutre (Matthieu 7.3 ; Matthieu 7.5; Luc 6.41 et suivant) revêt une forme proverbiale qui semble avoir été connue des Juifs et des Arabes ; on lit dans le Talmud : « À ceux qui disent aux autres : Ôte ce petit éclat de bois d’entre tes dents, il est répliqué : Ôte de tes yeux cette poutre ». Le sens de la double comparaison, qui peut-être intéressait particulièrement le « charpentier » (voir ce mot), est parfaitement clair ; c’est une image hyperbolique, à l’orientale, du même genre que celle du chameau et du trou d’une aiguille (voir ce mot).
Le grec dokos, équivalent de l’hébreu qôrâh, désigne bien la poutre maîtresse qui supporte toutes les autres pièces d’un plafond ou d’un toit ; le grec karphos (de karpheln = sécher) désigne un brin de paille ou de branche sèche, un menu éclat. Il s’agit donc d’un contraste extrême entre le léger défaut d’une personne qu’on critique et le défaut beaucoup plus grave de celle qui la critique. L’exagération de l’image, poussée presque à l’absurde, met en relief la folie et l’« hypocrisie » du coupable, qui prétend offrir un service alors qu’il inflige une humiliation ; la poutre fait sauter aux yeux l’invraisemblable inconscience de sa malveillance orgueilleuse, elle explique aussi pourquoi il voit si mal : « Ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras… » Ironie méritée : c’est quand ton mauvais œil sera débouché, que tu verras clair pour rendre service à ton frère. Dans la version de Matthieu cette exhortation est donnée à propos même de l’esprit de jugement ; dans celle de Luc elle vient un peu plus tard, après la recommandation aux disciples de ne pas s’élever au-dessus de leurs maîtres, peut-être (dit A.B. Bruce) parce que le présomptueux esprit de critique ignorante est une tentation fréquente pour les jeunes disciples.