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Roi de Juda ; succéda, âgé de 16 ans, à son père, Amatsias tué au cours d’une conspiration. D’après 2 Rois 15, il régna 52 ans, mais cette question soulève des difficultés chronologiques sérieuses (voir Chronologie de l’Ancien Testament), et l’on assigne à son règne avec plus de probabilité les années 779-740. 2 Rois 14 et 15 l’appellent habituellement Azaria, tandis que 2 Chroniques 26 ; Ésaïe 1.1 ; Ésaïe 6.1 ; Osée 1.1 lui donnent le nom d’Uzzia (hébreu Ouzzîyâh). On a expliqué de diverses manières ce changement de nom : on a pensé qu’il se serait produit au moment de son accession au trône ; mais cette explication est peu vraisemblable. La plus probable est celle qui voit dans Azaria la forme originale (cf., dans 1 Chroniques 3, la liste des rois de Juda) qui aurait été ou bien abr égée en Uzzia dans l’usage populaire, ou bien altérée dans sa forme écrite.
En montant sur le trône, Azaria-Uzzia trouvait le royaume dans une situation assez difficile. Amatsia avait été battu par Joas d’Israël, qui était entré en triomphateur à Jérusalem ; Amos 9.11 pouvait à cette époque comparer la dynastie royale issue de David à une « hutte tombée ». En offrant la couronne à celui qui ne devait pas être l’aîné des princes royaux, le peuple de Juda pensait bien la remettre à celui d’entre eux qui serait le plus capable de relever le prestige du royaume. Cependant, 2 Rois 15 ne renferme qu’un seul fait relatif à sa carrière militaire : on l’y voit reprendre et rebâtir Élath, port situé en Édom, au nord-est du golfe d’Akaba ; cela ferait supposer que ces territoires, soumis par Amatsia (2 Rois 14.7), avaient pu reconquérir leur indépendance à la suite de la défaite de ce roi par Joas. En reprenant Élath, Azaria assurait à son peuple des débouchés commerciaux importants et une porte ouverte du côté de l’orient.
À ces données si brèves de 2 Rois sur la carrière militaire d’Azaria, 2 Chroniques 26 ajoute d’abondants détails sur des guerres victorieuses contre les Philistins, les Arabes et les Maonites (nom que, d’après verset 7, il faut sans doute corriger en Ammonites). Le même chapitre parle aussi de la réfection des murs de Jérusalem, dans lesquels Joas avait ouvert une large brèche (2 Rois 14.13), de l’organisation de l’armée, des moyens de défense de la capitale et du territoire (verset 9,11,15), de perfectionnements apportés à l’agriculture (verset 10). Si, en ce qui concerne l’effectif excessif de l’armée d’Azaria (307 500 soldats !), on retrouve la tendance aux gros chiffres si habituelle aux rédacteurs des Chroniques, il est bien possible que les données de ce livre relatives à des expéditions victorieuses contre certains peuples du sud et de l’ouest reposent sur un fond de réalité historique ; Juda jouissait alors, vis-à-vis de son voisin israélite du nord, d’une paix qui résultait d’une alliance plus ou moins forcée (2 Rois 14.14) et dont le roi put profiter pour essayer d’atténuer les dommages causés à son royaume sous Amatsia en cherchant à l’agrandir dans d’autres directions où il pouvait pratiquer la politique des mains libres.
2 Rois 15 mentionne en outre le fait que, dans la deuxième partie de son règne, Azaria fut atteint de la lèpre et que son fils Jotham, chargé de la régence, dut exercer à sa place diverses fonctions royales. Le même fait est également relevé par 2 Chroniques 26, mais avec adjonction d’un récit indiquant la raison qui aurait entraîné ce châtiment de la lèpre : le roi, s’enorgueillissant de ses succès guerriers, aurait voulu usurper certaines fonctions sacerdotales (verset 16). Faut-il écarter cette donnée comme une addition postérieure, conforme à la tendance ordinaire des Chroniques, qui est de sauvegarder avec un soin jaloux les prérogatives de la caste sacerdotale issue d’Aaron (verset 18) ? On serait tenté de le croire, car on sait avec quelle liberté des rois (voir ce mot) tels que Saül, David, Salomon (comparez Absalom, 2 Samuel 15.22) accomplissaient eux-mêmes les divers actes du culte. Le rédacteur des Chroniques cherchant une cause à la maladie qui avait frappé ce roi, auquel les textes rendent d’autre part un si bon témoignage, vit dans cette maladie le châtiment d’une atteinte portée par Azaria aux fonctions du sacerdoce, strictement réservées, aux époques postérieures, à la descendance d’Aaron.
On a cru longtemps que le roi Azriéahou de Jaudi, mentionné dans les inscriptions de Tiglath-Piléser III comme ayant favorisé la révolte de divers districts syriens contre le roi d’Assyrie, était notre Azaria-Uzzia. Cette identification a été abandonnée, d’abord pour des raisons chronologiques, puis aussi parce qu’on ne comprendrait pas comment le roi de Juda aurait pu ou voulu intervenir dans les affaires du lointain empire assyrien.
Amos 1.1 et Zacharie 14.5 font allusion à un tremblement de terre survenu sous le règne d’Azaria-Uzzia et dont la violence aurait laissé un souvenir durable dans la mémoire du peuple.
Ant.-J. B.