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Moloch
Dictionnaire Biblique Westphal
Calmet

Le nom exact de cette divinité, à laquelle les Israélites ont occasionnellement rendu un culte barbare, est Mélek (signifiant : le roi, ce mot étant toujours précédé de l’article) ; selon le procédé en vertu duquel les voyelles du mot hochet (honte, abomination) sont employées pour flétrir certains noms, Mélek, dans le texte hébreu, est écrit Molek, dont la traduction grecque des LXX a fait Moloch.

Il est question de Mélek à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament et de façon certaine (Lévitique 18.21 ; Lévitique 20.2-5 ; 2 Rois 23.10 ; Jérémie 32.35) ; plus douteuse est la mention de Mélek dans 1 Rois 11.7 (où il faut lire sans doute Milcom, par analogie avec verset 5 et 33), et aussi dans Ésaïe 30.33 et Ésaïe 57.9 (où il est plutôt question d’un roi que du dieu Mélek). Dans le Nouveau Testament le nom de Moloch est rappelé Actes 7.43.

L’adoration de Mélek se manifestait en particulier par des sacrifices d’enfants qui lui étaient offerts dans la vallée de Ben-Hinnom, au lieu appelé Topheth, à proximité immédiate de Jérusalem. Selon l’expression consacrée, ces enfants étaient « passés par le feu », c’est-à-dire probablement immolés puis brûlés (cf. Ézéchiel 16.21). Il est difficile de dire à quel moment ce culte, bien connu chez les Phéniciens, s’implanta en Israël ; Achaz en tout cas fit passer son fils par le feu (2 Rois 16.3, cf. 2 Rois 17.17-31), et cette coutume prit un essor particulier sous Manassé, au VIIe siècle (2 Rois 21.6) ; Josias la supprima (2 Rois 23.10), mais elle réapparut plus tard. Les prophètes protestèrent avec énergie contre cette abomination (Jérémie 7.30 ; Jérémie 19.5 ; Jérémie 32.35 ; Ézéchiel 16.20 ; Ézéchiel 23.39 ; Ésaïe 57.5) et la législation l’interdit (Deutéronome 12.31 ; Deutéronome 18.10 ; Lévitique 18.20.2-5).

Mélek était à l’origine un titre donné aux dieux chez les Cananéens et les Phéniciens (cf. Baal) ; il servit à désigner bientôt aussi certaines divinités particulières (cf. Melkart à Tyr, Milcom chez les Ammonites, etc.). Le Mélek de l’Ancien Testament est un dieu étranger à Israël, d’origine babylonienne peut-être ou phénicienne plus vraisemblablement. Mélek ne saurait être une simple épithète donnée à Jéhovah, mais il est bien possible que le peuple ait souvent confondu Jéhovah et Mélek et que certains sacrifices d’enfants aient été célébrés en l’honneur du Dieu d’Israël.

On s’est demandé si Milcom, que l’Ancien Testament considère comme la divinité par excellence des Ammonites, n’était pas le même dieu que Mélek. Il s’agit, sans doute, de deux divinités différentes ; seul 1 Rois 11.7 permettrait l’identification, mais ce texte est à corriger, nous l’avons vu, et 2 Rois 23.13 précise que Milcom avait son sanctuaire sur le mont des Oliviers alors qu’on adorait Mélek à Topheth. Mais il est évident que Milcom et Mélek sont des divinités de même nature. Cwt.

Monde  

Dictionnaire Encyclopédique de la Bible par Alexandre WESTPHAL, Pasteur, Docteur en Théologie, et professeur honoraire de l'Université de Toulouse (Faculté de Théologie protestante de Montauban).
Edition originale publiée en 1932 par les Editions et Imprimeries « Je Sers », Issy-les-Moulineaux. Imprimeries Réunies Ducros et Lombard, Aberlen et Cie. Valence sur Rhone.
Numérisation Yves PETRAKIAN – 2005 France.

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