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La méditation, telle qu’elle apparaît pratiquée dans l’Église chrétienne, est l’effort par lequel nous portons notre attention et la maintenons sur une affirmation ou un fait tiré de l’Écriture (ou de quelque livre de piété). Tous les directeurs de conscience reconnaissent cet effort comme l’un des plus nécessaires. Il est évident qu’une lecture pieuse produit d’autant plus d’effet que nous y portons une attention plus active.
Dans l’Ancien Testament, les merveilles de la nature (Psaume 8), les grands faits de l’histoire d’Israël (Psaume 106), les paroles des prophètes et surtout les commandements de Dieu sont l’objet de la méditation du fidèle (Josué 1.8 ; Psaumes 1.2 ; Psaumes 19.14 ; Psaumes 119.8-20 ; Psaumes 119.92 ; Psaumes 119.105). En cela il ne fait d’ailleurs qu’utiliser les enseignements et les exemples qu’il a pu recueillir à la synagogue.
Jésus lui-même a médité les paroles des prophètes ; (voir Luc 4) des paroles empruntées aux Psaumes lui viennent spontanément sur les lèvres au moment de son agonie (Luc 23.46 ; Matthieu 27.46). Le récit des pèlerins d’Emmaüs (Luc 24.13 ; Luc 24.32) nous fournit un émouvant exemple de méditation chrétienne, les faits du Nouveau Testament éclairant les paroles de l’Ancien Testament
Pour méditer avec fruit, il faut bien saisir le genre d’effort qui est le plus productif. Il s’agit d’aimer pour mieux comprendre et de comprendre pour mieux croire. La méditation religieuse doit être avant tout un effort de représentation, une évocation. Il faut se représenter dans les détails les faits qui nous sont seulement indiqués par quelques mots. Si, par exemple, vous méditez une guérison faite par Jésus, vous aurez à imaginer une scène dont l’Évangile ne vous fournit que quelques traits ; votre méditation devra vous rendre présent et actuel le fait qui sans elle serait resté abstrait, lointain, sans action sur votre cœur. Si votre méditation porte sur un épisode de la Passion du Christ, elle sera une représentation vive et aimante de la souffrance de votre Maître. Le cœur doit animer l’imagination. C’est lui qui agit, c’est lui aussi qui s’enrichit. En fait, votre méditation devient une véritable commémoration.
Avez-vous pris pour texte une parole de l’Écriture ? Il s’agit alors d’entendre celui qui vous parle, d’imaginer les sentiments, les certitudes qui remplissent son âme et inspirent sa parole. Car dans le domaine religieux l’autorité d’une vérité tient à celui qui la prononce. Méditer une parole du Christ doit avoir pour effet de nous replacer sous l’influence de notre Maître, de nous le rendre présent dans la parole que nous voulons entendre et recevoir de sa bouche. Il en est de même si nous méditons la parole d’un prophète, d’un apôtre, d’un éminent serviteur de Dieu ; à travers elle, nous percevons l’action de l’Esprit.
Une telle méditation met en mouvement le cœur et l’âme ; au lieu de disperser notre attention en réflexions de toutes sortes, elle nous dispose au recueillement, à la prière : on pourrait dire qu’elle est déjà une prière. Voir Regard. Gab. B.