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Le nom de Magog se trouve dans Genèse 10.2 ; 1 Chroniques 1.5 ; Ézéchiel 38.2 ; Ézéchiel 39.6 ; Apocalypse 20.8. Dans la liste des peuples de Genèse 10, c’est le nom d’un fils de Japhet, avec Gomer (Cimmériens), Madaï (Mèdes), Tubal, Mésec ; dans Ézéchiel, il est encore étroitement rapproché de ces deux derniers. Certains auteurs, suivant sur ce point Josèphe, ont cru pouvoir reconnaître dans Magog les Scythes (voir ce mot) ; mais ceux-ci, appelés dans les inscriptions assyriennes Ashgouzaï, seraient plutôt l’Askénaz fils de Gomer de Genèse 10.3. D’autre part, le nom de Magog n’a été jusqu’ici retrouvé nulle part dans les inscriptions.
Dans Ézéchiel, Magog est associé à Gog, chef des hordes qui doivent envahir Juda. Ce nom semble déjà exister à l’époque des lettres de Tell el-Amarna (XIXe siècle avant Jésus-Christ) ; dans une lettre de la cour d’Amenhotep III à Kadashman-bel, de Babylone, on lit : « … Qui sait si elle n’est pas fille d’une esclave, ou fille d’un Ga-ga-aï (habitant du pays de Ga-ga), ou fille du pays de Hanigalbat… » Or on sait que ce pays peut être identifié avec la Mélitène, sur le haut Euphrate, c’est-à-dire, dans les inscriptions postérieures, le pays où sont installés Tubal et Mésec. Dans une inscription d’Assourbanipal, d’autre part, il est question de Gagu, roi de Sahi, au nord de l’Assyrie, près du royaume d’Ourartou. Enfin certains auteurs ont cru reconnaître en Gog le roi lydien Gygès, mentionné par les inscriptions d’Assourbanipal sous le nom de Gougou.
De toutes ces indications, il ressort que le nom de Gog (dont Magog pourrait être une altération) s’appliquerait à un pays situé au nord de la Mélitène et près d’Ourartou, c’est-à-dire probablement dans la région ouest de l’Arménie et, par extension, à un peuple installé dans cette région et apparenté aux Scythes et aux Cimmériens, c’est-à-dire aux peuples que les inscriptions assyriennes appellent les Umman-Manda. Il est peu probable que l’on puisse retrouver dans Gog le nom d’un personnage historique connu ; nous ne mentionnerons que pour mémoire l’hypothèse qui croit reconnaître en lui Mithridate Eupator. Ézéchiel, qui avait pu entendre dans sa jeunesse quelques échos des terreurs de l’invasion scythe, a très bien pu choisir ce nom, lequel évoquait une idée de barbarie (voir lettres de Tell el-Amarna), pour représenter le chef des hordes païennes qui doivent envahir Canaan puis être détruites par Jéhovah. C’est de ce prophète que vient l’utilisation apocalyptique de Gog et Magog, qui se retrouvent dans les Apocalypses juives postérieures, en particulier dans les Oracles Sibyllins, et sont passés de là dans l’Apocalypse du Nouveau Testament où ils représentent les armées des princes de ce monde qui seront détruites à Harmaguédon (Apocalypse 16.16).