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Femme convertie à Philippes par la première prédication de saint Paul en cet endroit, lors de son deuxième voyage missionnaire, et mentionnée en cette unique occasion (Actes 16.13 ; Actes 16.15). Elle était ce marchande de pourpre » de Thyatire, ville dont la corporation de teinturiers était en effet réputée ; elle faisait dans la ville macédonienne des militaires et des fonctionnaires le commerce des vêtements les plus luxueux comme ceux de pourpre, et sans doute aussi des étoffes plus communes, mais son titre professionnel la classe comme une commerçante de premier ordre et suppose des ressources financières considérables. Elle apparaît dans l’épisode comme maîtresse de maison ayant de la famille, peut-être veuve, et représente un des cas du livre des Actes où s’affirme en Macédoine et en Phrygie l’indépendance de certaines femmes de qualité (voir Dame).
L’expression du temps « craignant Dieu » qui lui est appliquée, la désigne comme une prosélyte (voir ce mot) qui s’était ralliée au judaïsme sans en adopter cependant tous les rites. La parole de l’apôtre ayant gagné son attention puis son cœur, elle reçoit le baptême chrétien, sceau de sa conversion, avec sa famille, et s’offre aussitôt avec humilité mais avec insistance pour donner l’hospitalité aux missionnaires, c’est-à-dire Paul, Silas et Luc (le récit est écrit par le témoin, qui dit : nous). Paul et Silas ayant été bientôt mis en prison puis relâchés le lendemain, ils repassent chez Lydie, où ils exhortent les frères avant de poursuivre leur voyage (Actes 16.40).
Bien qu’ayant occupé cette place de premier rang dans la communauté naissante de Philippes, il ne paraît pas que Lydie soit mentionnée dans l’épître de saint Paul aux Philippiens, écrite quelque dix ans plus tard. Ce silence s’explique facilement si en ce laps de temps elle a quitté la ville, déplacement fort vraisemblable pour une négociante dans sa situation. On n’en a pas moins cherché dans l’épître une allusion à Lydie : on l’a identifiée avec l’une des deux femmes collaboratrices de l’apôtre, qu’il nomme dans Philippiens 4.2, Évodie et Syntyche ; on souligne alors la forme inconnue par ailleurs de son nom de Lydia dans les Actes (on n’a retrouvé comme nom propre féminin correspondant que celui de Lyde), et l’on voit dans ce Lydia un surnom : la Lydienne, sous lequel elle pouvait être connue en effet à Philippes, étant de Thyatire, ville de Lydie. Mais l’auteur du récit des Actes semble au contraire avoir insisté à dessein sur ce point, quand il la désigne comme « une femme du nom de Lydie » (onomati Ludia), et il est parfaitement admissible qu’elle ait porté le nom même de son pays, comme aujourd’hui une Française vivant à l’étranger qui s’appellerait France. L’hypothèse en question ne s’impose donc pas ; et moins encore celle qui ferait de Lydie le « fidèle collègue » de saint Paul, ce terme étant compris au sens de « conjointe », autrement dit sa propre femme (voir Syntyche).