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Noms de deux colonnes d’airain ou de bronze appartenant au temple de Salomon, exécutées par Hiram, ouvrier fondeur, spécialiste de travaux d’art, que Salomon avait fait venir tout exprès de Tyr. Ce Hiram le Tyrien était, d’ailleurs, fils d’une Israélite de Nephthali (1 Rois 7.13 ; de Dan d’après 2 Chroniques 2.14).
La description de 1 Rois 7.15-32, assez confuse et embrouillée, pourrait être altérée. Elle se retrouve partiellement dans différents passages (1 Rois 7.41 et suivant, 2 Chroniques 3.15-17 ; 2 Chroniques 4.12 et suivant) qui ne concordent pas toujours dans les détails. C’est dans Jérémie 52.21-23 qu’elle est la plus simple et compréhensible. En confrontant ces divers textes, les savants ont conclu approximativement que chaque colonne consistait :
Quant à l’emplacement des colonnes, il est probable qu’elles se dressaient non à l’intérieur du portique du temple, mais en avant de celui-ci et de chaque côté des degrés qui y donnaient accès (Ézéchiel 40.49), Jakin à droite, Boaz à gauche (1 Rois 7.21 ; certains traduisent : Jakin au Nord, Boaz au sud). Peut-être reposaient-elles sur un socle ou des fondations. Les récits des historiens grecs, corroborés par les figurines tracées sur les monnaies de l’époque, puis par de récentes découvertes, ont montré, en effet, que les colonnes érigées en avant du portique des temples étaient une particularité saillante de l’architecture religieuse des Syrophéniciens. Voir Benzinger, Hébreu Arch., 1907.
Le mystère plane encore sur le sens à donner aux termes « Jakin » et « Boaz ». L’interprétation suggérée par les notes marginales de quelques manuscrits hébreux : « Il affermira » (Jakin), « En lui est la force » (Boaz), manque de clarté. Plusieurs critiques et linguistes inclinent à penser que ces deux appellations dérivent de la même racine que Baal et Jachun, cette dernière, de source phénicienne, ayant une signification identique à celle de l’hébreu JHVH : Celui qui est.
L’obscurité est presque aussi profonde en ce qui concerne leur destination. Les piliers similaires qui flanquaient le parvis des sanctuaires phéniciens, après avoir été primitivement envisagés comme demeure de la divinité, avaient fini par n’avoir, ultérieurement, qu’un rôle de représentation symbolique. Il se peut donc que, sous l’influence des constructeurs phéniciens, Jakin et Boaz aient été introduits comme éléments normaux du plan Général du Temple de Jérusalem et utilisés par Salomon et Hiram en tant que symboles purement conventionnels de Jéhovah, auquel l’édifice était dédié.
D’autres commentateurs voudraient expliquer la présence de ces deux colonnes en fonction d’attributions cultuelles (candélabres géants employés à brûler les graisses des sacrifices), ou en fonction des conceptions de l’astrologie assyro-babylonienne. Mais ces interprétations sont des plus contestables. Voir à ce sujet W.R. Smith, Relig. Sem, ; A. Jeremias, Das alte Test, im Lichte des ait. Orients.
Jean R.