Au temps de Jésus-Christ, les fonctions des changeurs consistaient à :
- échanger les grosses pièces d’or et d’argent contre la monnaie usuelle ;
- faire le change des pièces étrangères contre la monnaie du pays ;
- placer à intérêt les sommes que leur confiaient les riches (cf. Matthieu 25.27; Luc 19.23).
Que faisaient-ils donc dans le temple où Jésus les bouscula ? Il est clair qu’ils avaient dressé leurs tables (ou bancs, mot parent du mot banque, comme en grec trapeza et trapezitês) dans la Cour des Païens, où tout le monde circulait et bavardait, sorte de forum de Sion. Mais leur office était absolument indispensable, là ou ailleurs, car la circulation monétaire était fort complexe. On avait :
- la monnaie grecque dont la base était la drachme ;
- la monnaie romaine (denier, as) ;
- la monnaie locale ou phénicienne. Or l’impôt du culte se payait en didrachme (2 drachmes) ; cette pièce étant rare, on se mettait souvent à deux pour payer avec un tétradrachme (signifiant : deux didrachmes), qui était une pièce courante (ainsi, s’explique le passage où Jésus le paie avec Pierre, Matthieu 17.27). De plus, les rabbis exigeaient le paiement des sacrifices uniquement en « monnaie sacrée », c’est-à-dire en unités phéniciennes (qui correspondaient à une vieille monnaie juive). On devine par là quelle était l’activité des changeurs, spécialement au moment des fêtes, où tant de Juifs de la Diaspora (voir ce mot), rassemblés à Jérusalem (Actes 2.5 ; Actes 2.9 et suivant), avaient absolument besoin de bureaux de change. Il est évident que les changeurs devaient abuser de leur situation, et prélever des agios fantaisistes, d’où la dure parole de Jésus : « voleurs ». Cette usure et le vacarme qu’elle provoquait déshonorait le temple de Dieu, même dans ses emplacements publics. Jésus le leur rappela avec une rudesse qui était seule capable d’atteindre cette sorte de gens (Marc 11.15 ; Matthieu 21.12 ; Jean 2.15, Luc ne les désigne pas explicitement). Par ailleurs la parole attribuée à Jésus par les Pères : « Soyez des changeurs éprouvés… » (voir Agrapha, 3) montre qu’à ses yeux ce métier pouvait être exercé habilement et honorablement.
Voir Monnaie.
Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible est à la fois un dictionnaire, axé sur l'étude et la présentation des mots de la Bible, et une encyclopédie, tournée vers la revue des différents thèmes du texte biblique. Il met la Bible à votre portée, que vous soyez nouvellement converti€, chrétien(ne) de longue date ou ministres du culte.
Dictionnaire Encyclopédique de la Bible par Alexandre WESTPHAL, Pasteur, Docteur en Théologie, et professeur honoraire de l'Université de Toulouse (Faculté de Théologie protestante de Montauban).
Edition originale publiée en 1932 par les Editions et Imprimeries « Je Sers », Issy-les-Moulineaux. Imprimeries Réunies Ducros et Lombard, Aberlen et Cie. Valence sur Rhone.
Numérisation Yves PETRAKIAN – 2005 France.