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Bosra
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

J’ai déjà dit, au mot Bosor (Voyez ce mot, ainsi que Auran, Baraza, Beestera), que D. Calmet avait confondu Bosor et Bosra. Voici en quels ternies Barbié du Bocage parle de cette dernière. Bosra, ville contre laquelle les prophètes ont émis des prophéties terribles (Isaïe 34.6 ; 63.1 Jérémie 48.24 ; 49.13-22), est bien différente de celle de Bosor, avec laquelle plusieurs commentateurs, et D. Calmet est du nombre, l’ont confondue. Elle appartenait à la demi-tribu E. de Manassé, et fut donnée aux lévites. Étant située sur la frontière, au pays de Theman, dans l’Idumée orientale, on a supposé, avec assez de vraisemblance, que c’était la même ville que Bostra, qui donna naissance à l’empereur Philippe, surnommé l’Arabe, successeur de Gordien III. d’après les paroles d’Isaie (Isaïe 63.1), on pourrait croire qu’il y avait à Bosra des ateliers où l’on teignait fort bien les étoffes en rouge.

On a vu au mot Bosor que D. Calmet rejette l’opinion de ceux qui admettent plusieurs villes de Bosra. Barbié du Bocage ne mentionne que celle dont il vient d’être parlé l’auteur de la Géographie sacrée, qui fait partie de la Bible de Vence, reconnaît cependant trois villes de ce nom. Je ne voudrais pas affirmer qu’il y en eût trois, mais je suis bien persuadé qu’il y en avait plus d’une ; le lecteur décidera. Voici donc ce que dit à ce sujet le géographe dont je parle :

Bosra, ville de la demi-tribu de Manassé au delà du Jourdain, donnée aux lévites de la famille de Gerson ; elle est nommée dans l’Hébreu Bostra (Josué 21.27). Elle paraît être la même qu’Astaroth, ville lévitique de la même tribu (1 Chroniques 6.71) ; mais différente d’Astaroth qui avait été ville royale (Josué 12.4), et que Nicolas Sanson confond avec Bostra. Voyez Astaroth.

Bosra, ville du pays de Moab (Jérémie 40.24). D. Calmet pense qu’elle est la même que Barasa (1 Machabées 5.26), qu’il pense aussi être la même que Bosra, du pays de Moab (Jérémie 48, 33 ; Isaïe 34.24).

Bosra, ville célèbre de l’Idumée (Genèse 36.6), etc.

Il est certain qu’il existait une ville de Bosra, beaucoup plus près de Damas que ne l’a crû D. Calmet, et que c’est à tort qu’il l’a confondue avec Bosor. Ce qu’il applique à cette ville par lui placée dans la tribu de Ruben appartient à celle que d’autres reconnaissent dans la demi-tribu de Manassé. Bosra était la capitale de l’Auranite, dont le nom est le même que celui d’Haouran que porte maintenant le même pays. Au sud de Damas, dit Seetzen s’étendent les contrées nommées Auranitis et Gaulonilis par les anciens, aujourd’hui Hauran et Chaulân contrées formées presque en entier par une vaste et superbe plaine, qui a pour limites au nord l’Hermon des anciens, aujourd’hui Djebel-El-Schech ; au sud-ouest, Djebel-Edgelhoun, et à l’est, Djebel-Haouran. Toute : ces contrées ne renferment pas une seule rivière qui conserve de l’eau pendant l’été ; il n’y a que des torrents ou ouadi. La plupart des villages ont chacun leur étang, qu’ils laissent remplir par un ouadi pendant la saison de la pluie. Dans toute la Syrie, il n’y pas de contrée plus renommée pour la culture du froment que le Harouan… l’ancienne Bostra ou Bosra., chef-lieu du pays de Harouan et capitale de l’Arabie Romaine, dans le troisième siècle, conserve encore son nom, mais elle est en ruines. On y voit la colonnade d’un temple et un long pont qui conduit à un château construit sur l’emplacement d’un vaste théâtre romain.

Un savant voyageur du dernier temps, dit M. Poujoulat, a traversé une portion de ces pays qui s’étendent au sud de Damas, sur les limites de la Syrie et de l’Arabie, mais les recherches de Burkhard sont loin d’avoir amené des résultats complets. Combien j’aurais aimé à parcourir les plaines du Haouran (Belad Heouran), l’ancienne Auranite, jadis couverte de villes : les vastes solitudes du Ledja et du Gebel-El-Harouan ; qui représentent les cantons Trachônes, dont parle Strabon ! Les ruines de plus de deux cents villages en basalte ou pierre noire, annoncent que, même dans les temps les plus reculés, la Thraconite nourrissait encore une population nombreuse ; on cite Bozra comme la métropole de toutes ces contrées, cette même Bozra que l’Arabie Romaine avait pour capitale ; la ville nouvelle s’élève à côté des débris immenses du passé. Au, temps des croisades, dans la deuxième année du règne de Beaudoin III (1145), Bosra ou Bostrum, appelé au moyen-âge Bussoreth, fut le but d’une expédition chrétienne qu’on peut regarder comme le plus curieux événement de cette époque… » Voyez la Correspondances d’Orient, Lettr. 148, par M. Poujoulat, tome 6., pages 209.

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