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En Galilée, petite ville où Jésus-Christ fit son premier miracle (Jean 3.1-2). [Ce miracle, où notre Sauveur changea l’eau en vin, Dieu l’opère tous les jours, en faisant si bien unir l’eau à la vertu du cep, que les raisins se remplissent, non d’eau, mais d’un jus délicieux]. On dit que Cana est entre Séphoris, et Nazareth, à six milles de Séphoris, vers l’occident. On trouve dans le même canton Sepher-Cana, à quatre milles de Nazareth vers le nord, tirant un peu vers l’orient. Josèphe parle aussi d’une ville de Cana ; mais je croirais que c’est celle dont nous allons parler sous le nom de Canath d’autres reconnaissent encore une ville de Cana, vers Sidon, d’où ils prétendent qu’était la Cananée, dont Jésus-Christ admira la foi (Matthieu 15.21 Marc 7.24) ; mais c’est sans aucun fondement solide [Barbie du Bocage, ainsi que le géographe de la Bible de Vence, reconnaît deux villes de Cana, une dans la tribu d’Aser (Josué 19.28), qu’on surnommait la Grande, pour la distinguer de l’autre, située, suivant N. Sanson et dom Calmet, dans la tribu de Zabulon. Cette dernière, surnommée la Petite, était, dit Barbié du Bocage, à peu de distance de Capharnaum, au sud-ouest, et la patrie de Nathanaël, qu’on croit être le même que Barthélemi. Quelques Pères ont pensé qu’elle était aussi la patrie de Simon le Chananéen ou le zélé. « Elle était située sur le penchant d’une colline, dit un auteur, qui ajoute qu’elle était autrefois assez grande, si l’on en juge par ses restes qui ne sont que des ruines qui forment un village rempli de cabanes habitées par des Arabes. Lebrun, dans son Voyage du Levant, a donné une estampe qui représente les ruines de Cana. » M. Bonnetty, dans ses Recherches sur la personne de la sainte Vierge, s’exprime en ces termes : « Sainte Hélène transforma la maison où se fit le miracle du changement de l’eau en vin, en une église qui subsiste encore, et dont les musulmans ont fait une mosquée. Cette église, qui est assez grande, ressemble à une salle de festin, longue d’environ quarante pas, sur vingt de large. Au-dessous est une chapelle où était la cruche sur laquelle Jésus opéra le miracle. On voit encore sur le portail la figure de ces cruches ou urnettes, dont la forme se rapproche de celle de nos pots à fleurs. » Le Père Romain Joly, qui avait dit les mêmes choses dans les mêmes termes, un siècle auparavant, ajoute « qu’on montre encore la fontaine où fut puisée l’eau » qui servit au premier miracle du Seigneur.
Écoutons un voyageur qui a visité Cana au mois de septembre 1829. La fontaine de Cana, dit M. Gillot de Kerhardène, est abondante et ne tarit jamais ; placée à l’embranchement de la route de Cana à Nazareth, et de la route de Tibériade à cette dernière, elle est éloignée d’un demi-mille de Cana. Cette petite ville peut avoir quinze cents habitants, et n’a d’autres souvenirs que ceux de l’Évangile. Elle n’a de remarquable que sa belle position dans une plaine fertile au midi des montagnes de Tyr. Par une singulière destinée, Cana a toujours conservé son ancien nom, tandis que tant de villes autour d’elle en ont changé.
On a beaucoup disputé pour savoir si cette Cana est bien la petite ville où se célébrèrent les noces dont parle l’Évangile. Sans vouloir renouveler une dissertation où plusieurs voyageurs se sont perdus, je me bornerai à déclarer qu’après avoir bien examiné le pour et le contre, je reste persuadé, en dépit de la tradition grecque qui va chercher plus à l’ouest une autre Cana, que cette petite ville est celle ou se passa le premier miracle public de Jésus-Christ ; l’autre Cana qui a existé un peu plus loin, n’offrait pas toutes les données nécessaires pour obtenir cet honneur.
On ne voit plus à Cana aucune des six urnes de pierre qui servaient aux purifications des Juifs et que le Christ remplit de vin : Comme tant d’autres monuments, elles furent transportées en Occident, du temps des croisades. Les pierres ont aussi leur destinée, et sans doute que l’urne de Cana, que l’on conservait à Paris, dans l’abbaye de Port-Royal, aura disparu à son tour…
Les habitants de Cana doivent être appelés Canaïtes, et non pas Cananéens.