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Comme les sacrifices offerts à Dieu sont aussi anciens que le monde, les autels n’ont pas une moindre antiquité. L’Écriture nous parle en quelques endroits des autels érigés par les patriarches ; mais elle ne nous en marquent la forme, ni la matière. L’autel que Jacob érigea à Bethel n’était autre que la pierre qui lui avait servi de chevet. Gédéon sacrifia au Seigneur sur un simple rocher qui était près de sa maison. Les premiers autels que Dieu ordonna à Moïse de lui élever, devaient être de terre, ou de pierres brutes (Exode 20.24-25), et le Seigneur lui déclara que s’il y employait le fer, l’autel serait impur. L’autel des Holocaustes (Exode 27.1-3), qu’il fit faire quelque temps après, était une espèce de bois de séthim, creux, et couvert de plaques de cuivre. Voyez ci-après Holocauste, et Autel des Holocaustes, au même endroit.
L’Autel que Moïse ordonne à Josué de bâtir sur le mont Hébal, devait être de pierres brutes (Deutéronome 27.5 Josué 7.31) ; et il y a toute apparence que ceux qui, dans la suite, furent bâtis par Samuel, par Saül et par David, étaient de même structure. L’autel que Salomon bâtit dans le temple, était d’airain (2 Chroniques 4.1-3), mais rempli, à ce que l’on croit, de pierres brutes. Il avait vingt coudées de long, vingt coudées de large et dix de haut. Enfin celui que Zorobabel et les autres Juifs, de retour de Babylone, rebâtirent à Jérusalem, n’était que de pierres brutes, non plus que celui que rebâtirent les Machabées (1 Machabées 4.44). Josèphe dit que cela que l’on voyait de son temps dans le temple, était de pierres brutes, haut de quinze coudées, long de quarante et large d’autant.
était une petite table de bois de séthim, couverte de laines d’or, ayant une coudée de long (Exode 30.1-3), une coudée de large, et deux coudées de haut. Il avait aux quatre coins quatre espèces de cornes, et tout autour un petit rebord ou couronne par dessus. Tous les matins et tous les soirs le prêtre qui était de semaine, et désigné par le sort pour cet office, offrait sur cet autel un parfum d’une composition particulière, et entrait pour cela avec l’encensoir fumant, et rempli du feu de l’autel des holocaustes, dans le Saint, où cet autel était placé, vis-à-vis l’autel des Pains de proposition. C’est cet autel qui fut caché par Jérémie, avant la captivité (2 Machabées 2.5-6). Le prêtre ayant mis l’encensoir sur cet autel, se retirait hors du Saint.
Était une petite table de bois de séthim, couverte de lames d’or (Exode 25.23-24), avec un petit rebord orné de sculpture à jour par dessus tout autour. Elle avait deux coudées de long, une coudée de large, et une coudée et demie de haut. Elle était placée dans le Saint. On mettait tous les jours de sabbat sur cette table douze pains, avec de l’encens et du sel. Voyez pains de proposition.
Voyez Holocaustes.
Saint Paul étant arrivé de Thessalonique à Athènes, disputait tous les jours ou dans la synagogue avec les Juifs, ou dans la place publique avec les philosophes. Comme il parlait de la résurrection des morts, et qu’il annonçait Jésus-Christ crucifié Dieu et Homme, quelques philosophes le traduisirent devant les juges de l’Aréopage pour y rendre compte de ses sentiments. Lors donc qu’il fut devant ces juges, il leur parla en ces termes (Actes 17.22-34) : Peuples Athéniens, vous me paraissez religieux jusqu’à la superstition : car comme je passais, et que je regardais les images de vos dieux j’ai rencontré un autel avec dette inscription : Au Dieu inconnu ; je viens donc vous annoncer aujourd’hui ce que vous ignorez.
On demande quel était cet autel consacré au Dieu inconnu ? Saint Jérôme enseigne que cet autel n’était pas précisément inscrit, comme le dit saint Paul, mais qu’il portait : Aux dieux de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique ; aux dieux inconnus et étrangers ; et que l’Apôtre changea exprès le pluriel en singulier, parce qu’il n’avait besoin pour son dessein, que de montrer aux Athéniens qu’ils adoraient un dieu inconnu.
D’autres croient que saint Paul a voulu parler dos autels que l’en voyait, sans aucune inscription particulière dans plusieurs endroits de l’Attique érigés en suite d’une expiation solennelle du pays, faite par le philosophe Epiménide.
D’autres veulent que l’autel du dieu inconnu soit celui dont parlent Pausanias et Philostrate. Ces auteurs disent qu’il y avait à Athènes des autels consacrés aux dieux inconnus : il y avait apparemment plusieurs autels, dont chacun était inscrit Au Dieu inconnu ; c’est pourquoi ils en ont parlé au pluriel, çontime d’autels inscrits aux dieux inconnus. Lucien, dans le dialogue intitulé Philopatris, jure par le Dieu inconnu d’Athènes : il ajouté : Étant arrivé à Athènes, et y ayant trouvé. le Dieu inconnu, nous l’avons adoré et lui avons rendu grâces, élevant les mains au ciel.
Pierre le Mangeur, auteur de l’Histoire scolastique, raconte que saint Denys l’Aréopagite, ayant remarqué, étant à Alexandrie, l’éclipse qui arriva contre nature à la mort du Sauveur, en conclut que quelque dieu inconnu souffrait ; et n’en pouvant alors savoir davantage, érigea, à son retour à Athènes l’autel au Dieu inconnu, qui donna occasion à saint Paul de faire à l’Aréopage le discours que nous rapporte saint Luc.
Théophylacte raconte d’une autre manière l’occasion de cet autel. Après une bataille que les Athéniens avaient perdue, un spectre leur apparut, et leur dit que c’était lui qui était cause du malheur qui leur était arrivé, et que c’était en haine de ce que, célébrant des jeux en l’honneur de tous les autres dieux, ils n’en faisaient point en son honneur : après cela il disparut sans dire son nom. Les Athéniens, pour réparer leur faute, érigèrent aussitôt un autel au dieu inconnu.
Æcuménius raconte la chose un peu autrement : Les Athéniens, frappés d’une maladie brûlante, qui ne leur permettait pas de rien souffrir sur leurcorps, s’adressèrent inutilement à tous les dieux qui étaient honorés dans leur ville. Voyant qu’ils n’en recevaient aucun soulagement, ils s’avisèrent d’ériger un autel au dieu inconnu, de peur que quelque divinité étrangère ne les eût frappés dans sa colère. On attribua à ce Dieu inconnu la guérison de leur maladie.
D’autres disent que durant la guerre des Perses contre les Grecs, ceux-ci envoyèrent Philippide demander du secours aux Lacédémoniens : le dieu Pan lui apparut sur le mont Parthénius, et se plaignit qu’il était le seul dieu à qui ils ne rendissent point leurs adorations ; et en même temps leur promit son secours s’ils le recevaient au nombre de leurs dieux. Ils le firent, lui érigèrent un autel, et de peur qu’il n’y eût encore quelque autre dieu mécontent de leur indifférence, ils bâtirent un autel au dieu inconnu.
Il n’est aucun de ces sentiments qui ne souffre quelque difficulté. L’autel intitulé aux dieux de l’Asie, de l’Europe, de l’Afrique, aux dieux inconnus et étrangers, n’est pas apparemment celui dont parle saint Paul : les Aréopagites ne l’auraient pas reconnu au seul men du Dieu inconnu. Ceux d’Epiménides, qui ne portaient l’inscription d’aucune divinité, ne sont pas non plus l’autel que nous cherchons. Les histoires que racontent Fauteur de l’Histoire scolastique, Théophylacte et Æcuménius, n’ont aucun garant dans l’antiquité. Il y a donc assez d’appas rence que les Athéniens, peuples extrêmement superstitieux, dans la crainte d’avoir oublié quelque divinité, à laquelle ils n’eussent pas rendu leur culte, avaient érigé dans muelque endroit de leur ville des autels inscrits Au Dieu inconnu, dont saint Paul prit occasion de leur prêcher Jésus-Christ, Dieu véritablement inconnu à leur égard, et qu’ils adoraient déj à en quelque sorte sans le connaître.
C’est la pensée de saint Chrysostome, qui est fondée sur ce que nous avons rapporté ci-devant de Philostrate, de Pausanias et de Lucien.
Saint À ugustin ne doute pas que les Athéniens n’aient adoré le vrai Dieu sous le nom de Dieu inconnu il compare leur culte à celui que les schismatiques rendent à Dieu hors de l’Église. L’Apôtre voulait donc les porter à adorer utilement et sagement dans l’Église, ce qu’ils adoraient aveuglément et inutilement hors de l’Église. On peut voir notre dissertation sur l’autel du Dieu inconnu, à la tête du livre des Actes des apôtres [Voyez Aréopage et Athènes].