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Ou Astaroth, déesse des Phéniciens. L’Écriture la nomme souvent du nom pluriel d’Astaroth, qui signifie proprement des troupeaux de brebis ou de chèvres (Deutéronome 12.13). On la nommait aussi quelquefois Aserach, le bocage, ou Aseroth, ou Aserim, des bois Asera, Aserot, Aserim, parce qu’on l’adorait dans les bois, qu’elle était la déesse des bois, et que les bois étaient proprement son temple. On lui consacrait des Asera, des bois, où l’on commettait d’ordinaire des impudicités qui ont rendu son culte infâme. On la nommait quelquefois la Reine du ciel (Jérémie 12.18 ; 44.17-18) ; et quelquefois on désigne son culte par celui de milice du ciel (2 Rois 18.4). Les auteurs sacrés la joignent presque toujours au dieu Baal, et lui donnent le nom de dieu (1 Rois 11.5 ; 13.33), n’ayant point de nom particulier pour exprimer une déesse.
On croit que c’était la lune que l’on adorait sous ce nom. Ses temples étaient d’ordinaire avec ceux du soleil, et pendant qu’on offrait à Baal, ou au Soleil, des sacrifices sanglants, et quelquefois des victimes humaines, on présentait à Astarté, ou à la Reine du ciel, des pains, des liqueurs, des parfums (Isaïe 65.11 Jérémie 7.18 ; 44.17), on lui dressait des tables sur les plates-formes des maisons, auprès des portes, dans les vestibules, aux carrefours, et on lui servait à souper aux premiers jours des mois. C’est ce que les Grecs nommaient le souper d’Hécate.
Saint Jérôme traduit en plus d’un endroit le nom hébreu Asera ou Astarté, par celui de Priape (1 Rois 15.13, comme pour marquer les impudicités qui se commettaient dans les bois consacrés à Astarté. Les Orientaux adoraient en plusieurs endroits la lune sous le nom d’un dieu ; on la représentait avec de la barbe, et armée. La statue qu’on adorait dans le temple d’Héliopolis, en Syrie, était d’une femme vêtue en homme. Salomon, qui avait épousé plusieurs femmes étrangères, introduisit le culte d’Astarté dans Israël ; mais ce fut principalement Jézabel, fille du roi de Tyr, et épouse d’Achab, qui mit en vogue le culte de cette divinité dans la Palestine.
Saint Augustin assure que les Africains descendus des Phéniciens tenaient qu’Astarté était la même que Junon. Hérodien toutefois dit que les Carthaginois nomment Astroarchè la déesse céleste, et disent que c’est la même que la lune. Les théologiens phéniciens assuraient que leur Astarté était la Vénus Syrienne, native de Tyr, et épouse d’Adonis ; fort différente de celle qui était née dans l’île de Cypre. Enfin, Lucien qui a écrit exprès sur la déesse de Syrie, qui n’est autre qu’Astarté, dit expressément qu’elle n’est autre que la lune, et il est indubitable que cet astre était adoré sous différents noms dans presque toutes les parties d’Orient [Lucien dit aussi que de toutes les villes de Syrie, Hiérapolis était celle où Astarté était le plus honorée ; il fait la, description de son temple, et un savant auteur a remarqué que, soit pour la construction du temple, soit pour le culte de la déesse, on avait beaucoup emprunté de celui de Salomon et des cérémonies qui s’y faisaient. Voyez Hiérapolis].
La manière dont on représentait Astarté sur les médailles, n’est nullement uniforme. Elle est quelquefois en habit long, et quelquefois en habit court ; quelquefois tenant un long bâton surmonté d’une croix ; dans d’autres médailles on la voit couronnée de rayons, et ailleurs couronnée de créneaux, ou couronnée par la Victoire ; dans une médaille frappée à Césarée de Palestine, elle est en habit court, couronnée de créneaux, tenant de la main droite une tête d’homme, et de la gauche un bâton. On croit que cette tête d’homme est celle dont parle Lucien, et qu’on apporte tous les ans d’Égypte à Biblos, ville de Phénicie, dont nous avons parlé ci-devant dans l’article d’Adonis. Sanchoniaton dit qu’elle était représentée avec une tête de vache, représentant par ses cornes la royauté et les rayons de la lune [Sur le faîte du temple de Bélus étaient placées trois statues d’or battu, de grande dimension, qui représentaient des divinités désignées par les Grecs sous le nom de Zém, Rhéa et Héra. La première était celle de Bel, qui est souvent le symbole du Soleil… La seconde, celle de Rhéa, c’est-à-dire de Mylitta, était cette déesse-nature… qui était adoréeaussi en Syrie, dans le célèbre sanctuaire d’Hiérapolis… On la voyait assise sur un trône avec deux lions. Le même attribut se voit aussi dans plusieurs images de Cybèle, et la déesse Phénicienne Astarté est représentée sur différentes médailles Carthaginoises assise sur un livre. Ces trois simulacres semblent avoir la position que les Romains donnaient à leurs dieux dans la cérémonie du Lectisternium. » Cette cérémonie avait lieu lorsqu’on était effrayé de quelque prodige où qu’on voulait conjurer la colère de quelque dieu ou déesse ; elle consistait à descendre de sa niche la statue de cette idole, et à la coucher sur un lit, auprès duquel on mettait une table qu’on chargeait de mets, faisant ainsi à l’idole un festin propitiatoire].