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Roi d’Arabie. Il y a plusieurs princes de ce nom dans l’Arabie. Josèphe parle d’un roi Arétas, qui était grand ami d’Antipater, et qui ayant reçu chez lui Hircan, grand-prêtre et prince des Juifs, dépossédé de sa dignité par son frère Aristobule, entreprit de le rétablir, marcha contre Aristobule avec une armée de cinquante mille Arabes, le vainquit, et le contraignit de se sauver à Jérusalem, où Arétas l’assiègea. La ville était déjà au pouvoir des Arabes, et Aristobule n’avait plus que le Temple, d’où il se défendait avec les prêtres, lorsque Scaurus, envoyé par Pompée, vint à Damas. Aristobule et Hircan lui envoyèrent des ambassadeurs, et lui promirent de grandes sommes pour l’attirer dans leur parti. Scaurus préféra les offres d’Aristobule, dont il connaissait les richesses et la libéralité, et obligea Arétas de quitter le siège du Temple, le menaçant, en cas de refus, de le faire déclarer ennemi du peuple Romain. Ainsi Arétas s’en retourna dans son pays ; mais Aristobule ne le laissa pas retourner paisiblement. Il marcha contre lui et coutre Hircan avec une puissante armée, et lui ayant livré la bataille dans un lieu nommé Papyron, il lui tua environ sept mille hommes.
Trois ou quatre ans après, Scaurus, que Pompée avait laissé pour gouverner dans la Judée, marcha contre Arétas ; et comme il ne pouvait arriver avec son armée jusqu’à Pétra, capitale de l’Arabie Déserte, à cause de la difficulté des chemins et de l’inégalité du pays, il faisait le dégât dans les lieux des environs. Mais comme son armée ne laissait pas de souffrir de la faim, il députa Antipater vers Arétas, pour l’engager à faire la paix, et à racheter par une somme d’argent le pillage de son pays. Arétas délivra trois cents talents ; et ainsi la guerre fut finie autant à l’avantage de Scaurus que d’Arétas. On dit que Scaurus, durant qu’il était édile, fit frapper une pièce de monnaie, où il fit représenter un roi barbare à genoux à ses pieds, qui lui présente une couronne portée sur le dos d’un chameau, avec cette inscription : Marcus Scaurus, édile, a fait frapper cette monnaie par ordonnance du Sénat. Et au bas : Le roi Arétas.
Nommé auparavant Enée, roi d’Arabie, fils, ou petit-fils de celui dont on vient de parler, succéda à Obodas dans le royaume d’Arabie. Un nommé Syllaeus l’ayant mis mal dans l’esprit d’Auguste, en l’accusant d’avoir pris la couronne d’Arabie, sans attendre le consentement de l’empereur, il fut quelque temps dans de grands embarras, n’étant pas à portée de se faire entendre, ni de détruire les calomnies de son ennemi. Mais enfin l’empereur, ayant reconnu les impostures de Syllaeus, confirma le royaume à Arétas. Hérode Antipas épousa la fille d’Arétas. Mais, quelque temps après, Antipas la répudia, pour prendre Hérodiade, sa belle-sœur, femme de son frère Philippe. La princesse fille d’Arétas s’étant retirée chez son père, Arétas déclara la guerre à Antipas, sous prétexte de quelques difficultés sur les limites de Gamala. L’armée d’Arétas demeura victorieuse, et celle d’Antipas fut entièrement défaite. Tout le monde crut que c’était une juste punition du meurtre de Jean-Baptiste, qu’Hérode avait fait décapiter, à cause de la liberté avec laquelle il reprenait Hérode de son inceste.
Antipas écrivit à Tibère ce qui était arrivé, et la guerre qu’Arétas lui avait faite ; ce qui irrita tellement l’empereur, qu’il écrivit à Vitellius, qui était pour lors gouverneur de Syrie, de faire la guerre à Arétas, et de le lui faire mener, s’il pouvait le prendre en vie, sinon, de lui envoyer sa tête. Vitellius se mit en campagne, s’avança avec son armée jusqu’à Ptolémaïde ; mais les Juifs l’ayant prié de ne pas passer par leur pays avec ses troupes, à cause des images qu’elles portaient dans leurs enseignes, Vitellius fit marcher son armée par le Grand-Champ, apparemment pour aller passer le Jourdain à Scythopolis. Pour lui, il alla à Jérusalem avec ses amis, où il demeura pendant trois jours. Pendant ce séjour, on apprit la mort de Tibère, et l’élévation de Caïus à l’empire. Alors Vitellius fit revenir son armée sur ses pas, ne voulant pas commencer cette guerre, sans les ordres du nouvel empereur.
L’année suivante, l’apôtre saint Paul, qui était à Damas depuis assez longtemps et y prêchant l’Évangile avec beaucoup de zèle ; les Juifs de cette ville, qui obéissait alors à Arétas, gagnèrent le gouverneur, afin qu’il fît garder les portes jour et nuit, de peur que Paul ne leur échappât. Mais Paul, étantinformé de leur dessein, conseilla à la prière des frères, qui le firent descendre dans une corbeille, par les murs de la ville. Et ainsi il évita heureusement leurs embûches (Actes 9.23, 24 2 Corinthiens 11.33).