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Vignes, vignobles.
Il y avait dans la Palestine plusieurs excellents vignobles. [Voyez blé, paragraphe 5. 6.8] L’Écriture loue les vignes de Sorec, de Sébama, de Jazer, d’Abel. Les profanes parlent des excellents vins de Gaze, de Sarepte, du Liban, de Saron, d’Ascalon, de Tyr.
Jacob, dans la bénédiction qu’il donne à Juda (Genèse 49.11), dit qu’il liera son ânesse à la vigne, et son ânon au cep de la vigne, pour marquer l’abondance des vignes qui devaient être dans son partage. L’Épouse du Cantique (Cantique 1.13) compare son bien-aimé au raisin de cypre qui croit dans les vignes d’Engaddi. Le cypre est un arbrisseau qui porte certaines grappes fort odorantes. Voyez ci-devant les articles Copher et Cypre. Ceux qui venaient à Engaddi étaient célèbres. Ces vignes d’Engaddi ne sont donc pas des vignes de raisin à faire du vin, mais des plants de cypre. C’est au même lieu qu’étaient les plants de baume, que l’on peut encore mettre au rang des vignes.
Noé planta la vigne après le déluge (Genèse 9.20) et commença à la cultiver. Plusieurs tiennent que le vin n’était pas inconnu avant le déluge, et que ce patriarche continua de cultiver la vigne après ce grand événement, ainsi qu’il avait fait auparavant ; mais les Pères croient qu’il ignorait la force du vin, n’en ayant jamais usé auparavant, et n’ayant vu personne qui en usât. Il fut le premier qui ramassa le jus du raisin, et qui le réduisit en liqueur. Avant lui on se contentait de manger le raisin comme un autre fruit.
Dieu compare souvent son peuple à une vigne (Psaumes 79.9 Isaïe 5.1-3 Jérémie 2.21 Ézéchiel 17.6-8 Joël 1.7 Matthieu 20.1) qu’il a tirée de l’Égypte, qu’il a plantée dans la Palestine comme dans un bon terroir, mais qui, au lieu de lui produire de bons fruits, ne lui a donné que des grappes d’amertume, des raisins sauvages. Jésus-Christ dit que le père de famille ayant loué cette vigne à des vignerons, qui lui en devaient rendre du fruit, au lieu de cela, ils ont maltraité ses serviteurs et tué son propre fils, qui était allé pour leur demander ce qu’ils devaient. Dans un autre endroit (Jean 15.1-3) le Sauveur dit à, ses disciples : Je suis la vigne, et mon Père est le vigneron. Il retranchera toutes les branches quine portent point de fruit en moi, et il émondera celles qui en portent, afin qu’elles en portent davantage, etc.
La loi de Moïse ne permettait pas au propriétaire qui plantait une vigne d’en manger le fruit avant la cinquième année (Deutéronome 20.6 Lévitique 19.24-25). On ne touchait point aux vignes la septième année. Le raisin qu’elles produisaient alors était pour le pauvre, l’orphelin et l’étranger (Lévitique 25.3-4). Il était permis à un passant decueillir et de manger du raisin dans la vigne qu’il trouvait sur le chemin ; mais il était défendu d’en porter dehors (Deutéronome 23.14). Il était aussi défendu de semer dans la vigne d’autres choses (Deutéronome 22.9).
Vigne Sauvage, autrement Lambrusque.
Elle était, sans culture le long des chemins et proche des haies. Son fruit est un fort petit raisin, qui, quand il mûrit, devient noir. Mais souvent il ne mûrit point. Voyez raisin Sauvage, et Isaïe, v. 2 et 4.
La vigne sauvage dont il est parlé (2 Rois 4.39), n’est pas la lambrusque ; c’est une plante qui produit la coloquinte, qui est d’une amertume mortelle. Voyez Coloquinte.
La Vigne de Sodome dont parle Moïse (Deutéronome 32.32), est une vigne du plant de Sodome qui ne produit que du raisin amer, et dont on ne peut faire aucun usage, du vin aussi mauvais que du fiel de dragon, des raisins aussi amers que le fiel. Tout le monde sait que les fruits qui croissent autour de la mer morte sont tous gâtés en dedans, et s’en vont en poussière lorsqu’on les veut ouvrir (Tacit. Histoire livre 5. Vide et Joseph de Bello, I. V chapitre v. Solin chapitre 44.
La Vigne de Nabot est passée en proverbe, pour marquer un héritage envahi par une puissance supérieure, sur un pauvre et incapable de la défendre. On en peut voir l’histoire (1 Rois 21.1-2) et suivants
Pour marquer un temps heureux, une profonde paix, on dit que chacun vit en repos sous sa vigne et sous son figuier (1 Rois 4.25). Tout le temps du règne de Salomon, Juda et Israël demeurait dans son pays sans aucune crainte ; chacun se reposait sous sa vigne a sous son figuier, depuis Dan jusqu’à Bersabée. Et le prophète Michée (Michée 4.4) : En ce temps-là ils forgeront des socs et des charrues du fer de leurs épées, et ils feront des hoyaux de leurs lances ; un peuple ne prendra plus les armes contre un autre peuple ; on n’apprendra plus à faire la guerre, chacun s’assoira sans crainte dans sa vigne et sous son figuier, etc. Et le premier livre des Machabées (1 Machabées 14.8-12), sous le gouvernement du grand prêtre Simon : Chacun cultivait sa terre en paix ; le pays de Juda était rempli de biens, et les arbres de la campagne étaient chargés de fruits. Les vieillards étaient assis dans les places publiques, délibérant sur les intéréts de la nation, et les jeunes gens allaient vêtus magnifiquement et parés de riches armes. La paix régnait dans le pays, et tout Israël était dans la joie. Chacun était assis sous sa vigne et sous son figuier, sans que personne osât les troubler.
Cette récolte, chez les Hébreux, était accompagnée de festins et de réjouissances. Le Seigneur préparera à tous les peuples sur la montagne de Sion un festin de viandes délicieuses, un festin de vendanges, un festin d’animaux gras ; d’une vendange épurée (Isaïe 25.6). L’Hébreu à la lettre : Un festin de graisse, un festin de lie, de graisses moelleuses, de lies éclaircies. Et ailleurs (Isaïe 16.10) : On ne verra plus de réjouissance ni d’allégresse dans les vignes. L’Hébreu : dans le Carmel. Carmel signifie une excellente vigne. On n’y entendra plus les cris de joie. Ceux qui avalent accoutumé de fouler le vin dans le pressoir ne le fouleront plus ; je rendrai muettes les voix de ceux qui foulent le raisin. Et Jérémie (Jérémie 48.33) : La joie et la réjouissance ont été bannies du Carmel (ou des vignes) et de la terre de Moab (fertile en vignes). J’ai fait cesser le vin des pressoirs, et ceux qui foulaient le raisin ne chanteront plus leurs chansons ordinaires. L’Hébreu à la lettre : On ne foulera plus le raisin, et celui qui crie Hédad ! ne criera plus Hédad. Hédad ! Ce dernier terme est le cri des vendangeurs, d’où s’est formé Heth et de Heth, manière de parler qui veut dire, avec vigueur, avec courage, alacriter.
Vendanger, dans le sens figuré, se prend souvent pour ravager un pays, y faire une guerre sanglante. Les prophètes se servent volontiers de cette métaphore pour exprimer la vengeance que le Seigneur exerce contre ses ennemis. Vous avez planté votre peuple comme une vigne, et aujourd’hui tous les passants la vendangent (Psaumes 79.13). Et Jerémie, dans ses Lamentations, fait parler ainsi Jérusalem (Lamentations 1.12). Elle ajoute : Traitez-les, Seigneur, comme vous m’avez traitée ; vendangez-les comme vous m’avez vendangée, à cause de mes iniquités. Et Isaïe, parlant d’un conquérant qui vient d’une grande expédition, ayant ses habits encore tout couverts de sang, le dépeint ainsi (Isaïe 63.2) : Qui est celui-ci qui vient d’Édom ? qui est ce conquérant qui vient de Bosra, avec sa robe toute teinte de sang, qui éclate par la beauté de ses vétements, et qui marche avec tant de force ? C’est moi qui parle dans la justice, et qui viens pour défendre et pour sauver. Pourquoi donc votre vétement est-il comme d’un homme qui foule le pressoir ? J’ai été seulà fouler le raisin, sans le secours d’aucun homme ? Je les ai foulés dans la fureur, je les ai écrasés dans ma colère, et leur sang a rejailli sur ma robe, et tous mes habits en sont tachés. Voyez aussi Jérémie (Lamentations 1.15. Apoc 14.20 ; 9.15), etc. Voyez ci-après vin. [Voyez aussi Philippe, diacre, note].