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Vitrum. Le verre est aujourd’hui fort commun, et personne n’ignore ce que c’est. On ne convient pas de son origine ; je veux dire de celui qui en est le premier inventeur. Pline raconte que quelques marchands étant arrivés avec leur navire au bord de Ptolémaïde, et voulant faire du feu pour cuire à manger, prirent dans leur vaisseau quelques mottes de nitre qu’ils portaient, parce qu’il ne se trouva pas de pierres communes sur le rivage propres à leur dessein, et ayant allumé un grand feu, ils virent avec étonnement que le sable se fondait et formait la liqueur transparente dont on a fait le verre. Cette invention se perfectionna bientôt, et les Phéniciens, toujours laborieux et industrieux, répandirent l’usage du verre dans tous les lieux où ils trafiquèrent ; c’est-à-dire, sur toutes les côtes et dans toutes les lies de la Méditerranée. On ne nous dit pas quand ceci arriva ; on ne donne pas même cette histoire comme chose fort certaine ; mais il paraît indubitable que c’est dans la Palestine et aux environs de Ptolémaïde et de Sidon, que l’on trouva la manière de faire le verre.
Moïse (Deutéronome 33.19) semble avoir voulu marquer le verre et le grand trafic qui s’en faisait dans les lieux dont nous avons parlé, lorsqu’en donnant sa dernière bénédiction à Zabulon, qui avait son partage dans ces cantons-là, il dit : Ils suceront comme le lait les richesses de la mer et les trésors cachés dans le sable. Ces richesses de la mer et ces trésors cachés dans le sable ne sont autres, selon le paraphraste Jonathan, le rabbin Salomon, et quelques autres interprètes, que la pourpre que l’on teignait à Tyr et le sable dont on faisait du verre dans le même pays. Josèphe parle du sépulcre de Memnon, près de Ptolémaïde et du fleuve Bélus, dont le sable sert principalement à faire du verre. C’est, dit-il, une espèce de vallon d’environ cent coudées, où s’amasse quantité de sable propre à faire du verre, et quoiqu’on en lire souvent de quoi remplir plusieurs vaisseaux, il ne s’épuise jamais, mais se remplit d’un nouveau sable. Pline parle du même fleuve Bélus, qui se dégorge dans la mer proche de Ptolémaïde. Le sable qui est à son embouchure, à la longueur de cinq cents pas, fournit depuis tant de siècles la matière pour faire le verre. Strabon assure pourtant que tout le sable du bord de la mer, depuis Ptolémaïde jusqu’à Tyr, est propre à faire ces sortes d’ouvrages. Quoi qu’il en soit, l’hébreu chol, ou hot, ou hul, qui signifie du sable, est apparemment la racine du grec yalos, qui signifie du verre.
Job parle aussi du verre sous le nom de séchochit (Job. 28.17) : L’or et le verre ou le cristal ne sont pas comparables au prix de la sagesse. Le nom sechochit vient d’une racine qui signifie briller, être pur, net, transparent, ce qui convient parfaitement au verre et au cristal. Ces matières autrefois étaient beaucoup plus précieuses et plus recherchées qu’elles ne sont aujourd’hui. Ces deux passages de Moïse et de Job prouvent l’antiquité du verre.
On trouve assez souvent dans l’Écriture le nom de crystallus ; mais le plus souvent il signifie de la glace ou de la gelée ; par exemple (Psaumes 147.17) : crystallum suam sicut buccellas. Dieu envoie la glace ou la grêle comme des morceaux de pain ; l’Hébreu : Il envoie la glace comme des bouchées. La grêle est une glace ou une eau gelée et comme coupée en morceaux. L’Ecclésiastique parle aussi de cristal ou plutôt de glace (Ecclésiaste 43.22) ; et Ézéchiel (Ézéchiel 1.22) : Quasi aspectus crystalli. Il y avait au-dessus des quatre animaux comme un ciel de cristal ou de glace, selon l’Hébreu. Et saint Jean dans son Apocalypse (Apocalypse 4.6) décrit une mer de verre semblable au cristal ou à la glace : Mare vitreum simile crystallo. Comme dans le grec crystallus se prend pour la glace, et pour le cristal, on ne peut deviner s’il a voulu désigner l’un ou l’autre.