A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Verbum. Ce terme se met souvent dans l’Écriture pour marquer une chose (Exode 9.5-6) : Le Seigneur fera demain cette parole, cette chose (1 Samuel 3.11). Je m’en vais faire une parole dans Israël, que nul ne pourra entendre que les oreilles ne lui en retentissent (1 Rois 11.41). Le reste des paroles de Salomon est écrit dans le livre des paroles des jours ; c’est-à-dire le reste de la vie, des actions de Salomon, est écrit dans le livre qui contient les journaux, etc.
Verbum Domini se prend, ou pour la parole intérieure que Dieu faisait entendre à ses prophètes par son inspiration, ou pour là parole qu’il leur faisait entendre extérieurement lorsqu’il leur parlait : comme, par exemple, à Moïse face à face et comme un ami parle à son ami (Exode 33.11) ; ou pour la parole que les ministres de Dieu, les prêtres, les apôtres, les serviteurs de Dieu annonçaient aux peuples de la part et au nom du Seigneur. Aod, juge d’Israël, étant entré dans l’appartement d’Eglon, roi de Moab, lui dit (Juges 3.19-20) : Sire, j’ai à vous parler en secret de la part de Dieu. Ce prince se leva, par respect, de son trône et fit sortir tout son monde. Enfin la parole de Dieu se prend pour ce qui est écrit dans les livres sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il y a encore une autre sorte de parole de Dieu, qui est parvenue jusqu’à nous par le canal d’une tradition constante. Nous avons parlé des traditions des Juifs sous les articles de Cabale, et de Bath-Col, ou fille de la voix ; et de celles des chrétiens sous l’article tradition.
Verbe ou parole marque aussi le commandement de Dieu (Psaumes 106.20) : Il a envoyé sa parole et les a guéris. Il n’a dit qu’un mot, et il leur a rendu la santé. Et ailleurs (Psaumes 147.18) : Il enverra sa parole et les réduira en eaux ; il parle de la glace ou de la grêle. Un mot les fera fondre. C’est ainsi que le bon centenier disait à Jésus-Christ (Luc 7.7) : Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison ; mais ordonnez à votre parole, et mon serviteur sera guéri.
Les paroles de mes péchés, les paroles de mensonge, d’iniquité, de cantiques ; les paroles de science, d’intelligence, de discipline ou de conduite, tout cela s’entend assez. On peut, l’expliquer ; ou des péchés, du mensonge, de la science même, ou des discours qui les accompagnent ou qui les suivent.
Verbum régis, les ordres du roi. Verbum malum, une médisance. Loquar verbis meis : Je dirai mes raisons. Verbis luis facile stateram : Faites une balance à vos paroles, ne parlez jamais qu’après avoir bien pesé ce que vous voulez dire. Dedit confessionem Excelso in verbo glorioe (Ecclésiaste 47.9) : David a loué le Très-Haut par les paroles de son cantique, par ses psaumes composés pour sa gloire. La parole des promesses, la parole de la foi, la parole de la croix, la parole de la sagesse, la parole de vie, la parole de la vérité évangélique, la parole saine, verbum sanum et irreprehensibile, sont des expressions connues dans saint Paul, et qu’il est aisé de comprendre. Quelquefois le terme de parole est superflu, comme dans ce passage : Posuit in eis verbe signorum suorum : Dieu mit en eux les paroles de ses prodiges, c’est-à-dire simplement, il les fit dépositaires de sa puissance pour faire des miracles. Ainsi verbe promissionis signifient simplement les promesses. La parole de la croix, la prédication qui annonce Jésus-Christ crucifié. La parole de joie, celle qui annonce la vie future et qui donne la vie à l’âme. La parole saine, opposée aux discours vains, trompeurs, dangereux, menteurs des méchants et des hérétiques.
Ce terme est consacré pour signifier le Fils unique du Père, sa sagesse incréée, la seconde personne de la très-sainte Trinité, égale et consubstantielle au Père. Nous avons déjà remarqué, en parlant de Memra, que les paraphrastes chaldéens, qui sont les plus anciens écrivains juifs que nous ayons, se servent ordinairement du nom de Memra, qui signifie le Verbe, dans les lieux où Moïse met le nom de Jéhovah : par exemple, ils disent que c’est le Memra ou le Verhe qui a créé le monde, qui apparut à Moïse sur le mont Sinaï, qui lui donna la loi, qui lui parla tête à tête, qui tira Israël de l’Égypte, qui marcha à la tête du peuple, qui fit ce grand nombre de prodiges qui sont racontés dans l’Exode. C’est ce même Verbe qui apparut à Abraham dans la plaine de Mambré, qui se fit voir à Jacob à Béthel, à qui Jacob fit un vœu et qu’il reconnut pour Dieu en disant (Genèse 28.20) : Si le Verbe me conduit et me ramène dans la maison de mon père, il sera mon Dieu, etc.
L’auteur du livre de la Sagesse, qui vivait avant Jésus-Christ, s’exprime à-peu-près de même ; il dit que Dieu a créé toutes choses par son Verbe (Sagesse 9.1) : Que ce n’est pas ce que la terre produit qui nourrit l’homme, mais que c’est la parole toute-puissante de Dieu qui le sustente (Sagesse 16.26). C’est cette parole qui a nourri les Israélites dans le désert ; c’est le même Verbe qui les a guéris des morsures des serpents (Sagesse 16.12). C’est le même Verbe qui par sa puissance a exterminé les premiers-nés des Égyptiens (Sagesse 18.15 Exode 12.29-30), etc. Enfin c’est par la même parole qu’Aaron arrêta l’impétuosité du leu qui s’était allumé dans le camp, et qui menaçait de consumer tout lsraël (Sagesse 18.22). [Voyez Memra].
Philon, fameux Juif qui a vécu du temps de Jésus-Christ, et qui avait beaucoup étudié Platon, se sert à-peu-près des mêmes manières de parler. Il dit, par exemple, que Dieu a créé le monde par son Verbe (Philo, de Foi) ; que le monde intelligible n’est autre que le Verbe de Dieu qui créa le monde ; que ce Verbe invisible est la vraie image de Dieu. Les platoniciens, pour marquer le créateur de toutes choses, se servaient quelquefois du mot Logos, qui est employé dans saint Jean pour signifier le Verbe éternel. Les stoïciens s’en servaient aussi contre les épicuriens, qui soutenaient que tout était fait au hasard et sans raison ; au lieu que les platoniciens et les stoïciens prétendaient que tout avait été fait par le Logos, ou la raison et la sagesse divine. Mais on doute avec raison que les platoniciens, les stoïciens et Philon aient errtendu par ce terme le Verbe de Dieu et Dieu lui-même de la manière que nous l’entendons.
Quoi qu’il en soit, l’apôtre saint Jean, dans son Évangile, dans sa première Épître et dans son Apocalypse, nous a parfaitement éclaircis sur la nature du Verbe divin, surtout lorsqu’il a dit : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu ; toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui (Jean 1.1). Les conciles ont fixé le langage de l’Église sur cette importante matière, et l’Église a réprimé par ses décisions la témérité des hérétiques qui ont osé attaquer sa doctrine sur la consubstantialité du Verbe, sa nature, son unité et la divinité de sa personne.