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Vermis, vermiculus. L’Écriture, voulant marquer la bassesse et la faiblesse de l’homme, le compare à un ver de terre, parce qu’en effet dans la nature on.ne connaît rien de plus méprisable (Psaumes 21.7). Je suis un ver de terre, et non un homme, l’opprobre des hommes et le rebut du peuple ; paroles que le Fils de Dieu a bien voulu adopter pour marquer l’état d’humiliation où il s’était réduit. Ne craignez point, ver de Jacob, Hébreux qui êtes aussi humiliés que des vers de terre (Isaïe 41.14)
Le ver des damnés ne meurt point, dit le Sauveur après Isaïe (Isaïe 66.24), et le feu qui les brûle ne s’éteint point. Voyez ci-devant ce qu’on a dit sur l’article feu.
Ces expressions d’un ver qui ronge et qui ne meurt point sont tirées des bêtes jetées à la voirie et abandonnées aux vers rongeurs et aux oiseaux du ciel, et quelquefois consumées par les flammes pour éviter la puanteur et l’infection de l’air (Ecclésiaste 7.19).
On n’est point en peine de savoir ce que c’est que le ver et le feu qui consument les charognes et les cadavres à la voirie ; mais on est fort partagé sur la nature du ver qui ronge les damnés. Origène a cru que c’était un feu métaphorique. Saint Ambroise nie expressément que ce ver soit corporel. Il soutient que ce n’est que le remords de la conscience, qui ne donne aucun repos au pécheur. Saint Jérôme reconnaît que c’est le sentiment de plusieurs, que ce ver ne consiste que dans le déchirement de la conscience. Saint Thomas a adopté ce sentiment, qui a été suivi par plusieurs docteurs scolastiques.
Mais saint Augustin, après avoir examiné l’une et l’autre opinion et pesé les raisons qu’on peut dire pour et contre, sans condamner ceux qui croient que les flammes ne marquent que la douleur cuisante des damnés, et le ver qui ne meurt point les remords de la conscience, se déclare à la fin toutefois pour le sentiment qui tient l’un et l’autre corporel Ego. Saint Chrysostome, saint Cyrille d’Alexandrie, Théophylacte, Julien Poméré, livre 3 de la Vie contemplative, saint Anselme, Hugues de Saint-Victor se sont déclarés pour le même sentiment. Saint Bernard, dans ses livres de la Considération, s’exprime d’une manière qui favorise l’un et l’autre sentiment. Il marque clairement que ce ver est le remords de la conscience ; mais en même temps il parle de sa morsure et de sa nourriture comme d’une chose réelle et sensible.
On convient qu’il est difficile de comprendre comment un ver peut agir sur une âme séparée du corps, mais est-il impossible à Dieu de faire qu’en la présence d’un ver immortel et insatiable l’âme soit affligée et tourmentée comme elle le serait si ce ver agissait sur un corps auquel elle serait unie par la volonté du Créateur ? L’action du corps sur l’âme qu’elle anime n’est pas plus immédiate que le peut être par la volonté de Dieu celle d’un ver sur une âme qui mérite que Dieu lui fasse souffrir le supplice d’un ver toujours rongeant, toujours vivant, toujours avide et jamais rempli.
Vermiculus, se prend pour l’écarlate. Moïse se sert souvent de ce terme dans le dénombrement qu’il fait des étoffes et des couleurs qui entraient dans les voiles du tabernacle de l’alliance. L’Hébreu, tolahat schani, que la Vulgate a traduit par coccum bis tinctum ou vermiculum, et que les Septante ont rendu par une couleur rouge comme l’écarlate, signifie proprement le vermisseau du coccus. Tolahat signifie certainement un vermisseau, et schani un ver particulier, comme qui dirait le ver nommé schani. Tolahat seul ne signifie précisément qu’un ver en général ; mais schani, même seul, signifie une couleur fort rouge. Quand vos péchés seraient comme les schanim, ils deviendraient blancs comme la neige, dit Isaïe (Isaïe 1.18). Et l’Époux dit à l’Épouse du Cantique (Cantique 4.3) : Vos lèvres sont comme un ruban de schani.
Comme ce terme schani peut signifier deux ou double, saint Jérôme l’a pris en quelques endroits pour une laine teinte deux fois, caecum bis tinclum, et les Septante pour une étoffe à doubles fils ; mais il vaut mieux l’entendre du vermisseau nommé en latin coccus, et en arabe kermès ou karmès, d’où vient le nom de cramoisi, parce qu’on se sert de ces petits vers pour teindre en cette couleur. Le kermès ou coccus est une petite coque ronde, membraneuse, fort fine, lissée et luisante, de couleur d’un rouge brun mêlé de blanc cendré, d’environ trois lignes de diamètre, divisée ordinairement en deux cavités inégales dont la plus grande est remplie d’un nombre presque infini de petits œufs ovales fort rouges et fort vermeils, et la la plus petite cavité est remplie d’une espèce de liqueur pareillement rouge, qui ne ressemble pas mal à du sang. Cette coque naît après une espèce de chêne vert qui ne monte qu’à la hauteur d’un arbrisseau.
On trouve de ces arbrisseaux dans la Palestine, en Provence, en Languedoc, en Espagne, dans l’île de Crète et ailleurs. On détache ces coques ou ces grains des feuilles auxquelles elles sont attachées, et les vers dont ils sont pleins en sortent par le trou qui s’y trouve du côté qu’ils étaient attachés à la feuille ; on sépare ces petits animaux des grains par le moyen d’un crible, et on les met ensemble en les pressant légèrement ; on en fait des boules de la grosseur d’un œuf de poule : on s’en servait autrefois beaucoup pour la teinture du cramoisi, on s’en sert moins aujourd’hui depuis l’invention de la cochenille. L’origine du kermès vient de ce qu’une espèce de cousin ou de vermisseau piquant le chêne vert pour en tirer sa nourriture, y fait naître comme une vessie dans laquelle il pond ses œufs qui deviennent rouges comme nous les avons décrits, et de-là, si on leur en laisse le temps, ils éclosent et forment une quantité prodigieuse de petits cousins de couleur rouge qui, roulant çà et là sur cet arbrisseau qui leur a servi de matrice, y laissent pour l’année suivante le germe d’un de ces grains dont nous avons parlé.
Vermiculatus, se trouve dans le Cantique des Cantiques (Cantique 1.10) : Murenulas aureas faciemus tibi vermiculatas argento. Nous vous ferons des bracelets d’or marquetés d’argent. À la lettre, vermoulu d’argent, car vermiculai signifie être vermoulu, et, dans un sens figuré, être fait de pièces de rapports, de marquetreir. L’Hébreu porte (Des colliers d’or avec trous d’argent. Les Septante : Nous vous ferons des figures avec des points d’argent. Saint Jérôme décrit ces colliers appelés murenulœ dans sa lettre à Marcelle dame romaine. Il dit qu’on les fait de fils ou d’anneaux d’argent entrelacés l’un dans l’autre. On leur donna apparemment le nom de murène ou de lamproie, à cause de la variété des couleurs et des trous qu’on y marquait, comme on en voit sur le dos de la lamproie.