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Trinité
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

C’est le nom dont se servent les théologiens et les fidèles pour exprimer le plus grand des mystères de la religion chrétienne, qui est celui d’un seul Dieu en trois personnes : le Père le Fils, et le Saint-Esprit.

Le nom de Trinité ne se trouve pas dans l’Écriture ; mais les trois personnes divines y sont très-bien marquées. Par exemple : Dieu créa le ciel et la terre. Voilà Dieu le Père. Le Fils est désigné, dans toutes les Écritures, sous le nom de Verbe de Sagesse, de Sauveur, de Libérateur. Le Saint-Esprit, qui anime les prophètes, est nommé dans l’Évangile l’Esprit consolateur. Le Père et le Fils sont marqués au premier verset du psaume 109 : Dixit Dominus Domino meo : Sede a dextris meis, etc.

Dans le Nouveau Testament, les trois personnes sont distinctement exprimées dans plusieurs endroits. Par exemple (Matthieu 28.19) : Allez, instruisez toutes les nations, en les baptisant au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. Et lorsque Jésus-Christ sortit de l’eau après son baptême, le ciel fut ouvert ; on vit l’Esprit de Dieu qui descendit sur lui en forme de colombe (Matthieu 3.16-17), et l’on entendit une voix du ciel qui dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, dans lequel j’ai mis ma complaisance. Voilà encore le Père, le Fils et le Saint-Esprit bien distingués. Tout l’Évangile de saint Jean, surtout son premier chapitre, marque distinctement le Père, le Verbe, qui est Dieu, et le Saint-Esprit, à qui saint Jean-Baptiste rend témoignage (Jean 1.33-34), disant qu’il a vu le Saint-Esprit descendant sur Jésus en forme de colombe. Il ajoute que le même Esprit, qui l’a envoyé baptiser, lui a dit : Celui sur qui vous verrez l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans le Saint-Esprit. Il est inutile d’entasser une foule de passages pour prouver la Trinité. Nous n’entreprenons pas d’écrire ici un traité de théologie ou de controverse.

On a cru que Platon et ses disciples avaient connu la distinction des trois personnes ; et quelques nouveaux ont osé assurer que c’était de leurs écrits que les Pères de l’Église avaient emprunté la plupart de leurs expressions sur la Trinité. On peut voir le livre intitulé le Platonisme dévoilé, et le père Battus, dans la Défense des Pères injustement accusés de platonisme. [M. l’abbé Morel, maintenant curé de Saint-Roch, à Paris, a publié une nouvelle édition de ce savant ouvrage sous un autre titre]. Voyez aussi M. Basnage, Histoire.des Juifs, tome 4 lib. VI chapitres 4, édition Paris.

On ne peut nier que quelques anciens Juifs qui vivaient avant Jésus-Christ, et ceux aussi qui vivaient de son temps, n’aient connu le mystère de la sainte Trinité. Ce mystère est trop bien marqué dans les livres de l’Ancien Testament, et fait une partie trop considérable de la créance des vrais fidèles, pour qu’il ait été ignoré par les patriarches, les prophètes et les plus éclairés des anciens Hébreux. Raymond Martin, Galatin et divers autres ont même prétendu que les paraphrastes chaldéens et d’anciens rabbins avaient fait mention expresse de la Trinité et des trois personnes. On trouve en effet dans leurs écrits les noms de Schalischith (Trinitas), qui signifie Trinité ; celui de Memra (Memra, Verbum), qui signifie le Verbe ; et celui de Ruah Hakadoscha (Sanctus Spiritus), qui signifie le Saint.Esprit. On y trouve Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

Enfin, un en trois et trois en un (tres in uno ; unus in tribus) ; et Jéhovah, pour marquer le Père ; Memera-Ja, pour le Verbe du Père ; et Séchinah, pour le Saint-Esprit.

Il est vrai que les nouveaux rabbins s’inscrivent en faux contre une partie des livres où se trouvent ces paroles, soutenant qu’ils n’ont jamais été écrits par des Juifs. Ils expliquent les autres dans un autre sens ; et non-seulement ils ne reconnaissent pas la Trinité, mais ils la combattent et la nient expressément, soit qu’ils aient varié en cela et qu’ils se soient éloignés du sentiment de leurs ancêtres, soit que leur antipathie et leur haine contre les chrétiens les aient portés à nous contester cette vérité, qui a été si clairement enseignée par Jésus-Christ et par ses apôtres, soit que ce mystère, dès le commencement, ait été inconnu au plus grand nombre des Juifs, et que le peuple n’en ait eu qu’une idée fort confuse : et certes la grossièreté des Juifs était telle, qu’ils auraient aisément passé de la créance de la Trinité à celle de la pluralité des dieux. C’est pourquoi Dieu, par un effet de sa sagesse, n’a pas jugé à propos de leur découvrir ce mystère d’une manière si distincte. On peut consulter sur cela M. Basnage et les auteurs qu’il cite, Histoire des Juifs, tome 4e livre 6 chapitres 4 et 5, édition Paris. ; et le Lexicon de Suicérus, sous le nom Trias ; et M. Cudwort, Thi true Intellectual. Systeme, of the universe. Boock. I chapitre 4 ; et Josué Arndi Diatriba, de mysterio Trinite Scriptis Rabb. Voyez ci-devant Menra. [Voyez aussi Harmonie de l’Église et de la Synagogue, par M. Drach].

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