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Ou Thécua, ville de la tribu de Juda (2 Chroniques 11.6). Elle est aussi dans le Grec (Josué 15.60). Mais on ne la voit pas dans l’Hébreu. Eusèbe et saint Jérôme mettent Thécué à douze milles de Jérusalem, vers le midi. Ailleurs saint Jérôme dit qu’elle est à six milles de Bethléem, du côté du midi. Voyez son Prologue sur Amos. Elle était située sur une montagne, et c’était le dernier lieu qu’on rencontrât de ce côté-là jusqu’à la mer Rouge. Josèphe dit que Thécué était assez voisine du château Hérodium. Il est parlé du désert de Thécué (2 Chroniques 20.20), et ce désert n’est pas loin de la mer Morte (1 Machabées 9.4).
M. Poujoulat (Correspondances d’Orient, lettr. 121, tome 5 pages 196-198, 205-209) parle en ces termes du lieu où fut la ville de Thécua, et du désert de ce même nom, portant aujourd’hui celui de Saint-Sabba :
« La montagne où fut Thécua, dit-il, se trouve à deux heures de Bethléem, au midi. Les terres environnantes sont pierreuses, incultes et inhabitées. La seule verdure, le seul spectacle qui ait un peu charmé mes yeux dans le voisinage de Thécua, c’est un assez grand espace de terrain tout entier couvert de beaux coquelicots ; on eût dit un immense tapis de pourpre jeté sur la colline. Une étroite et longue vallée, appelée la vallée Perdue, mène à l’emplacement de la cité, patrie du prophète Amos. Quelques débris de murs, une trentaine de citernes vides, voilà ce qui reste de la cité.Une fontaine baptismale en porphyre, revêtue de nos fleurs de lis, indique la place de l’ancienne église de Saint-Nicolas. Ces fleurs de lis m’ont rappelé que Thécua avait été ville française, alors que l’épée de notre nation était reine sur cette terre maintenant abandonnée.
Thécua, comme j’ai eu déjà occasion de le dire, fut donné aux chanoines du Saint-Sépulcre, en échange de Béthanie, qu’ils avaient cédé à la reine Mélisende pour y fonder un monastère. Guillaume de Tyr raconte, sous la date de 1138, que le roi Foulque et ses chevaliers s’étant portés au delà du Jourdain pour assièger une caverne de brigands, des guerriers musulmans, profitant de l’absence de l’armée chrétienne, attaquèrent Thécua et s’en emparèrent sans peine. Au bruit de leur arrivée, les habitants avaient pris la fuite, emmenant avec eux leurs femmes, leurs enfants, leur gros et leur menu bétail, et s’étaient réfugiés dans la caverne d’Odolla, dont je vous parlerai plus tard. L’ennemi, devenu maître de la ville, égorgea le peu de monde qui y était resté. Dans le même temps, des affaires avaient amené d’Antioche à Jérusalem le seigneur Robert Bourguignon, né dans la province d’Aquitaine, maître des chevaliers du Temple. Robert courut en toute hâte vers Thécua, suivi de plusieurs de ses frères et de quelques chevaliers restés à Jérusalem ; à leur approche, l’ennemi abandonna la ville et s’en alla du côté d’Hébron. Les chevaliers, sachant que les infidèles avaient pris la fuite, et se croyant déjà victorieux, se répandirent imprudemment de divers côtés ; les musulmans fugitifs, informés que les guerriers chrétiens étaient épars dans les collines, se rallièrent, fondirent sur eux et les taillèrent en pièces. L’archevêque de Tyr nous dit que, depuis Hébron jusqu’à Thécua, le pays était jonché de cadavres ; entre autres nobles seigneurs qui périrent, l’histoire cite Odon de Montfaucon, frère du Temple, dont le trépas fut pleuré de tous les chevaliers. Cette page d’histoire, très-peu connue, animait pour moi la solitude de ces montagnes. Je me rappelais aussi que le roi Josaphat, marchant à la tête d’une armée contre les Moabites, les Ammonites et les habitants de Seïr, avait fait halte dans le désert de Thécua. [Voyez Amos].
Maintenant venez avec moi dans le désert le plus sombre que l’œil du pèlerin ait jamais rencontré, le désert de Saint-Sabba, situé au sud-est de Bethléem, à une distance d’environ quatre lieues. Pour arriver au monastère grec de Saint-Sabba, il faut traverser des montagnes jaunes et pelées qu’on croirait être des monts de sable, un sol aride qui n’enfante que des pierres, sol maudit où la vie n’est plus, où les oiseaux du ciel ne peuvent découvrir un peu d’herbe, region oubliée des hommes, et dont Dieu lui-même semble ne plus se souvenir. Les lentes noires des Bédouins, semblables de loin à des vêtements de deuil jetés sur une terre désolée, ajoutent à la tristesse de ces lieux. Dans une telle solitude, solitude sans fleur, sans verdure et sans eau, l’esprit se sent accablé ; il semble que la mort vous frappe de ses froides ailes.
À une demi-heure du couvent de Saint Sabba, on laisse à gauche un chemin qui conduit à la mer Morte. Là s’ouvre un vallon qui va du nord au midi, et se prolonge au delà du monastère. Le vallon est étroit et profond ; ce sont deux lignes de rochers taillés par la nature en forme de hautes murailles, et présentant d’imposantes horreurs. Le torrent de Cédron passe au fond de la vallée, et s’en va au lac de Sodome. Le monastère, bâti au bord de ce grand ravin, sur des rocs et dans des précipices, est environné de murs et surmonté de tours. Lés portes, étroites et basses comme celles de tous les couvents de ce pays, sont les unes en fer, les autres d’un bois très-solide. Les cénobites de Saint-Sabba ont ainsi fortifié leur demeure pour se mettre à l’abri des Bédouins. Quelques Arabes, nourris par le monastère, gardent la principale porte. Dans l’une des tours du couvent veille un caloyer chargé d’annoncer l’approche des Arabes et des voyageurs ; à l’aide d’une corde, qui descend de la tour au monastère, le caloyer ébranle une cloche, et la famille religieuse est avertie l’est quelquefois arrivé que des Bédouins, poussés par la faim, ont pu s’introduire dans le cloître et enlever les provisions des cénobites grecs.
L’église du couvent, ornée avec assez d’éclat, offre sur les murs des tableaux ou des peintures à la manière des Grecs modernes ; le pinceau Roumiote y a retracé l’image des principaux anachorètes qui ont passé dans cette retraite, et différentes scènes tirées des livres saints. Au milieu d’une cour, tenue avec une propreté extrême, s’élève une petite chapelle renfermant le tombeau de saint Sabba ; ce n’est qu’un sépulcre vide, car Venise reçut ses dépouilles sacrées. La petite chapelle, de construction récente, est richement décorée ; une lampe y veille nuit et jour ; la face du Sauveur, peinte en traits éblouissants, occupe tout le plafond de cet oratoire. À côté de la chapelle, les pauvres frères ont leur caveau sépulcral ; les autres principales chapelles du couvent sont celles de Saint-Georges et de Saint-Jean-Damascène, qui mérita par son éloquence le surnom de Fleuve d’or. J’ai vu, dans une de ces chapelles, à travers une grille de fer et aux clartés d’une lampe, un amas de têtes que les chrétiens révèrent comme étant les têtes des quarante-quatre solitaires égorgés par les soldats de Cosras, peu de jours avant la prise de Jérusalem par ces barbares.
Vous avez lu dans les annales de l’Église que des milliers d’anachorètes peuplèrent autrefois le désert de Saint-Sabba ; la partie de la vallée que domine le monastère est remplie de grottes et de cellules. Le renard habite aujourd’hui ces étroites demeures, où le repentir pleura, où retentirent les accents de la prière. J’ai vu dans la vallée etsur les tours du monastère des colombes bleues, douces compagnes des cénobites chrétiens. Les pèlerins visitent au bas du couvent la grotte où saint Sabba demeura pendant cinq ans, et la source qu’il obtint, dit-on, de la bonté divine en un temps de sécheresse et de malheur. Le couvent suit la règle de saint Basile : de l’eau et du pain noir, quelques légumes grossiers et des olives, telle est, durant toute l’année, la nourriture des caloyers. Les pâles hôtes de ce monastère ont dans leur réfectoire une longue table de belle pierre, plutôt faite pour des rois que pour de pauvres caloyers vivant d’herbe et de pain noir. Les solitaires sont au nombre de dix-sept, dont cinq Russes. Un de ces derniers m’a demandé des nouvelles de sa nation, et m’a adressé quelques questions sur les affaires politiques de l’Europe. J’aurais pu répéter au caloyer moscovite ce que M. de Châteaubriand disait dans une occasion semblable à un religieux du même monastère : « Hélas ! mon père, où chercherez-vous la paix si vous ne la trouvez pas ici ? » Le palmier que l’auteur de l’Itinéraire avait remarqué dans un mur, sur une des terrasses du couvent, se voit encore ; ce petit palmier est en effet le seul arbre qui croisse dans ce désert. J’ai entendu dire que le couvent de Saint-Sabba jouit de quelques privilèges ; un musulman qui s’introduirait dans cette demeure chrétienne serait condamné à payer cinq cents dollars à la grande mosquée de Jérusalem. Je ne pense pas qu’une semblable peine ait été souvent appliquée.
Vous pouvez voir dans la Relation du P. Roger un assez fidèle dessin du monastère de Saint-Sabba. Qu’il me suffise de vous redire que jamais demeure de cénobites n’a été placée dans un lieu plus sauvage et plus affreux ; pour qui habite ce cloître, le monde et la nature elle-même ne sont plus rien ; là toute verdure cesse, toute joie expire, tout souvenir de la terre s’efface ; ce n’est plus la vie, et ce n’est point encore la mort ; c’est un passage effrayant de ce monde à l’autre, un pont lugubre jeté entre le temps et l’éternité. »
Père de Sellum (2 Chroniques 34.22). Peut-être que cela veut dire simplement que Sellum était natif de Thécué [Il y a dans le texte : La prophétesse Olda (ou Holda), femme de Sellum, fils de Thécuath, fils de Basra (ou Araas) ; et de même dans le texte parallèle de (2 Rois 22.14). Cela veut dire que Hasra était père de Thécuath, et Thécuath père de Sellum].
Père de Jaasia (Esdras 10.15).