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L’Arabie, une des plus considérables parties de l’Asie ; elle est au midi et à l’orient de la Judée ou du pays des Hébreux. On distingue trois parties de l’Arabie : l’Arabie Déserte, l’Arabie Pétrée et l’Arabie Heureuse.
L’Arabie Déserte est à l’orient des montagnes de Galaad, entre l’Euphrate à l’orient et les montagnes de Galaad au couchant. Ce pays comprend les Ituréens, les Iduméens orientaux, les Nabathéens, les peuples de Cédar, et autres qui mènent une vie errante, sans villes, sans maisons et sans demeures fixes. Il semble que ce pays est plus souvent désigné, dans l’Écriture, sous le nom d’Arab, qui signifie proprement en hébreu, l’occident, ou des peuples ramassés. Ils peuvent avoir tiré le nom d’Occidentaux, Arabim, à cause qu’ils sont à l’occident de l’Euphrate. Dans Eusèbe et les auteurs de ce temps-là et des siècles suivants’ on attribue à l’Arabie le pays et la plupart des villes de delà le Jourdain, et de ce qu’ils appelaient la troisième Palestine.
L’Arabie Pétrée s’étend au midi de la Terre-Sainte. Pétra en est la capitale. Ce pays comprend les Iduméens méridionaux, les Amalécites, les Chuschim, nominés Éthiopiens dans les interprètes de l’Écriture ; et quelques autres peuples, comme les Hévéens, les Méoniens ou Maonim. Ces peuples ne sont plus connus aujourd’hui que sous le nom général d’Arabes. Mais il est important de marquer les anciens habitants de ces cantons, par rapport au texte des livres saints. Dans ce pays étaient Cadès Barné, Gérare, Beésabée, Lachis, Lebna, Pharan, Arad, Asmona, Oboda, Phunon, Dédan, Ségor, etc. Enfin là est la montagne de Sinaï, où la loi fut donnée à Moïse.
L’Arabie heureuse était plus étendue vers le midi. Elle était bornée à l’orient par le golfe persique ; au midi, par l’Océan ; et au couchant, par la mer Rouge. Comme cette partie de l’Arabie ne touchait pas immédiatement la Terre-Sainte et le pays des Hébreux, il en est parlé plus rarement dans l’Écriture. Nous croyons que la reine de Saba, qui vint visiter Salomon (1 Rois 10.1), était reine d’une partie de l’Arabie Heureuse. Ce pays abonde en richesses, et surtout en aromates.
L’Écriture parle assez souvent des Arabes comme d’un peuple puissant et se piquant de sagesse. Leurs principales richesses consistaient en bétail et en troupeaux. Les Arabes payaient au roi Josaphat pour tribut sept mille sept cents moutons et autant de chevreaux chaque année (2 Chroniques 17.1). Les reis d’Arabie fournissaient à Salomon une grande quantité d’or et d’argent (2 Chroniques 9.14). Ils aimaient la guerre, mais ils la faisaient plutôt en coureurs et en pillards (2 Chroniques 22.1), qu’en soldats disciplinés et accoutumés aux exercices mililaires. Leur demeure était d’ordinaire sous des tentes, vivant en liberté à lacampagne, peu soigneux de cultiver la terre, et obéissant à des rois. C’est là l’idée que nous en donne l’Écriture (Isaïe 13.20).
Les anciens peuples de l’Arabie, avant l’arrivée d’Abraham dans la terre promise, étaient de la race de Cham : nous y connaissons des Madianites de la race de Chus, chez qui se retira Moïse. Abimélech, roi de Gérare, est connu du temps d’Abraham ; les Amalécites, du temps de Moïse ; les Hévéens et les Amorrhéens, les Cinéens, les Méoniens, ou Mahoniens (1 Chroniques 4.40-41 ; 2 Chroniques 20.1), s’étendaient assez avant dans l’Arabie Pétrée ; les Horréens, dans les montagnes qui sont au midi de la terre de Chanaan, et à l’orient de la mer Morte. Les Réphaïm, les Emim, les Zuzim (Genèse 14.5 Deutéronome 2.8-10), et les Zomzomim habitaient dans le pays que l’on a depuis nommé Arabie Déserte, et qui a été peuplée par les Ammonites, les Moabites et les Iduméens.
Pour l’Arabie pierreuse et l’Arabie heureuse, elle a été possédée par les descendants d’Ismaël, qu’on connaissait plus particulièrement sous le nom d’Arabes. On peut voir l’article des Ismaélites ; et voici comme les Arabes eux-mêmes racontent l’histoire des premiers habitants de leur pays, et de quelle manière ils disent qu’ils y sont venus eux-mêmes :
Les premiers peuples d’Arabie, qu’ils appellent Arabes purs et sans mélange, descendaient de Cahtan, ou Jectan, fils d’Héber, et frère de Phaleg, lequel, après la division des langues, vint habiter cette péninsule d’Asie, qui peut avoir tiré son nom de Jarab, fils de Joctan, ou d’une grande campagne qui est dans la province de Tahamah, et qui porte le nom d’Arabar.
Les seconds Arabes qui ont succédé à ces premiers sont les descendants d’Ismaël, fils d’Abraham et d’Agar, qui vint s’établir parmi les Arabes purs et anciens, et fut père des Arabes mêlés, ou Mota-Arabes, ou Mosta-Arabes, ou Ismaélites, fort différents des Mosarabes, ou Mostarabes modernes ; ainsi nommés par les Espagnols, parce qu’ils sont des Arabes mêlés avec les nations qui sont hors de l’Arabie.
Les Arabes purs et anciens étaient divisés par tribus, aussi bien que les fils d’Ismaël ; et de ces tribus, les unes subsistent encore dans l’Arabie, les autres sont éteintes et perdues ; soit qu’elles aient été exterminées pour leurs crimes par la colère de Dieu, ou qu’elles aient été consumées par les guerres intestines qni ont été assez communes dans ce pays.
Quant aux Ismaélites, ils formèrent douze tribus, selon le nombre des douze fils d’Ismaël (Genèse 25.13-15), savoir Nabujolh, Céder, Alidéel, Ma bsam, Mauna, Duma, Massa, Hadar, Thema, Jéthur, Naphis, Cedma ; mais quoique ces peuples soient fort soigneux de rechercher et de conserver leur généalogie, ils ne peuvent la faire remonter jusqu’à Ismaël ; ils sont obligés de s’arrêter à Adnan, un de ses descendants, et la généalogie même de Mahomet ne remonte pas plus haut. Voyez Bédouins.
Outre les descendants d’Ismaël qui ont peuplé la plus grande partie de l’Arabie, on doit aussi reconnaître que les enfants d’Abraham et de Céthura (Genèse 25.1-3), ceux de Loth, ceux d’Ésaü, et une partie de ceux de Nachor (Genèse 22.20-21) ont demeuré dans le même pays, et en ont exterminé une partie des anciens habitants.
On divise ces peuples en Arabes qui habitent les villes, et en ceux qui tiennent la campagne : ceux-ci demeurent continuellement sous des tentes, et dans les lieux déserts ; on les nomme Bédoui et Arabi : ils sont beaucoup meilleurs et plus subtils que les Arabes des villes. On divise encore les Arabes en gentils et en musulmans ; les premiers ont précédé Mahomet, et sont nommés, parmi eux, Arabes du temps d’ignorance ; les autres sont ceux qui ont reçu le dogme de l’unité d’un Dieu prêché par Mahomet. Ceux-ci sont nommés Mos-Lémoun ou Musulmans, c’est-à-dire fidèles ce sont eux qui ont conquis la plus grande partie de l’Asie et de l’Afrique, et même plusieurs grandes provinces de l’Europe, et qui ont fondé les quatre grandes monarchies des Turcs, des Persans, de Maroc, et du Mogol, sans parler de plusieurs provinces qu’ils tiennent dans les Indes.
L’Arabie est divisée, comme nous l’avons déjà remarqué, en trois parties principales ; savoir l’Iemen que nous appelons Arabie Heureuse ; les provinces de Tahamah et d’Iémamah, sont comme au centre du pays. L’Arabie Déserte est nommée Hégiaz, et est devenue la plus célèbre de toutes, à cause des villes de la Mecque et de Médine qui y sont situées. L’Arabie Pétrée porte aujourd’hui le nom d’Hagr ou Hagiar, qui signifie pierre, et c’est le nom de la capitale de ce pays. Toutefois les anciens donnaient une bien plus grande étendue à l’Arabie Déserte vers la Syrie et l’Euphrate.
Jectan ou Jocthan, fils d’Heber, s’étant habitué dans l’lémen, y établit un royaume, dont il fut le premier roi. Son fils Jarab lui succéda, et donna cours la langue arabique qui a tiré de lui son nom, de même que tout le pays d’Arabie. Le troisième roi de l’Arabie Heureuse ou de l’Iémen fut Jaschab, et le quatrième fut Abdalscham ; il fut surnommé Sabas, et c’est lui qui donna le nom aux anciens Sabéens. Les descendants de celui-ci ont régné dans l’lémen plus de deux mille ans avant l’origine du musulmanisme.
Les Arabes en général sont spirituels, subtils, ingénieux, généreux, aimant jusqu’à l’excès l’éloquence et la poésie : mais aussi ils sont superstitieux, vindicatifs, sanguinaires, et ne se faisant nul scrupule du vol, qu’ils se croient permis, parce qu’Abraham, père d’Ismaël, ne donna rien à son fils (Genèse 25.5-6).
Les anciens Arabes étaient tous idolâtres ; ils adoraient une pierre, dit saint Clément d’Alexandrie. Maxime de Tyr et les nouveaux Arabes les accusent de la même superstition. On voit encore dans le portique du temple de la Mecque la pierre noire qui était l’objet de leur culte. Hérodote dit qu’ils ne connaissaient que deux divinités, savoir : Bacchus et Vénus la Céleste. Ils appelaient Bacchus ou Dionysius, Urostalt, et Vénus Alitai, ou Alilatta. Strabon dit qu’ils n’adoraient que Jupiter et Bacchus. Alexandre le Grand l’ayant appris, résolut de les subjuguer pour se faire adorer parmi eux comme une troisième divinité.
Les Arabes modernes, descendus d’Ismaël, nous apprennent quelques noms des anciennes divinités des anciens peuples d’Arabie par exemple, Sakiah, qu’ils invoquaient pour avoir de la plaie ; Hafedah, à qui ils recouraient pourêtre préservés de mauvaises rencontres dans leurs voyages ; et Razoca, à qui ils demandaient les choses nécessaires à la vie. Ils adoraient aussi. Lath ou Al-lut qui est un diminutif d’Alla qui est le vrai nom de Dieu ; Aza ou Uza, dérivé d’Aziz qui signifie le Dieu fort ; Menai qui dérive de Menin, distributeur des grâces. Il y a beaucoup d’apparence qu’ils adoraient aussi les deux gazelles d’or dont ils parlent si souvent dans leurs histoires, et qui avaient été offertes au temple de la Mecque. Les anciens Madianites où Moïse s’était retiré chez Jéthro, adoraient Abda et Hinda. Au reste, Urotalt d’Hérodote marque apparemment le soleil, et Alitai, la lune. Le premier terme peut signifier le dieu des lumières ; le second, le dieu ou la déesse, sans addition, la déesse par excellence. Voyez encore ce que nous avons dit ci-devant dans l’article d’Abraham.
Depuis la prédication de l’Évangile, plusieurs Arabes embrassèrent le christianisme on connaît des évêques et des martyrs d’Arabie ; et du temps d’Origènes on y tint un concile contre certains hérétiques. Les mahométans reconnaissent eux-mêmes qu’avant Mahomet il y avait dans le pays trois tribus qui professaient le christianisme savoir : celles de Thanouk, de Bahera et de Naclab. Celle de Thanouk ayant eu quelque différend avec ses voisins, au sujet de la religion, se retira dans la province de Itaharaïn sur le golfe Persique, et s’y établit [La division de l’Arabie en trois parties, de chacune desquelles il a été parlé ci-dessus, ne paraît pas remonter au delà de Ptolémée. Ainsi, les écrivains sacrés ne distinguent pas entre elles, quand ils parlent de l’Arabie on des Arabes. Hure a classé, suivant cette division, tous les textes de la Bible où se trouvent les mots Arabia et Arabs. Dans l’Écriture, dit-il, le nom d’Arabie signifie :
1° L’Arabie en général, ce grand et vaste pays (1 Rois 10.15) : Tous les rois d’Arabie (2 Chroniques 9.14 ; Isaïe 21.13 Ézéchiel 27.21 Galates 1.17).
2° Partie d’Arabie, savoir : les Sabéens dans l’Arabie Heureuse (Hebr. Scheba), pays fertile en or (Psaumes 71.15) : Dabitur illi de auro Arabioe, on lui donnera de l’or de l’Arabie, et tout ce qu’il y aura de plus précieux lui sera offert. Voyez la quatrième signification du mot arabe ci-après.
3° L’Arabie Pétrée ou Pierreuse (Galates 4.25) : Sina enim mons est in Arabia : Car Sina est une montagne de l’Arabie (appelée Pierreuse).
4° L’Arabie Déserte (Jérémie 25.24) : Cunctis regibus Arabioe qui habitant in deserto : À tous les rois d’Arabie qui habitent dans le désert.
Le nom d’Arabe veut dire qui est du pays d’Arabie ; mais parce qu’il y a plusieurs provinces ou contrees dans l’Arabie, il y a aussi plusieurs sortes d’Arabes.
1° Les Arabes voisins de la Judée (2 Chroniques 17.11) : Arabes quoque adducebant pecora : les Arabes amenaient aussi à Josaphat des troupeaux de sept mille sept cents moutons et autant de boucs. Ce prince s’était rendu maître de quelqu’un de ces peuples qui lui payait ce tribut (Néhémie 2.19 ; 4.7 ; 6.1 ; 1 Machabées 5.39 ; 11.17-39 ; 1 Machabées 22.10-11).
2° Les Arabes qui habitaient le pays voisin de l’Éthiopie (2 Chroniques 21.16) : le Seigneur excita contre Joram l’esprit des Philistins et des Arabes, voisins des Éthiopiens ; ce sont les habitants des deux Arabies, Pétrée et Heureuse chapitre 22.1.
3° Les Arabes qui demeuraient dans Gurbaal (2 Chroniques 26.7) : Adjuvit eum Deus contra Philisthim et contra Arabes qui habitabant in Gurbaal. C’était un quartier qui était au midi de la Judée et avait les Philistins vers l’occident. Saint Jérôme croit que c’est Gerara où demeura Abraham. On croit que c’est Petra, et non Gerara. Lubin.
4° Les Arabes qui habitent l’Arabie Heureuse (Heb. Scheba, Psaumes 71.10) : Les rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons.
5° Les Arabes de l’Arabie déserte appelés Scénites, parce qu’ils n’ont point de maisons et n’habitent que sous des tentes (Isaïe 13.20) : Les Arabes ne dresseront pas même leurs tentes à Babylone : elle demeurera si déserte, qu’iln’y aura point de pâturages pour les troupeaux des Arabes.
6° Les Arabes de l’Arabie Pétrée (2 Machabées 5.8) : : Jason fut mis en prison par Arétas, roi des Arabes ; c’était apparemment un des ancêtres de celui qui fut beau-père d’Hérode le Tétrarque. Voyez (2 Corinthiens 11.32).
7° Les Juifs dispersés par l’Arabie (Actes 2.11). Cretes et Arabes : Les Crétois et les Arabes étaient étonnés d’entendre les apôtres parler-en leur langue. Hu ré, Dictionnaire de l’Écriture Sainte, tome 1 pages 146.