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Tabernacle
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Tabernacle (1)

En latin tabernaculum ; en grec scéné ; en hébreu ohel. Ce terme signifie proprement une tente. Les anciens patriarches ont habité dans des tabernacles, c’est-à-dire dans des tentes. Il y avait dans le camp d’Israël, du temps de Moïse, deux tabernacles ou tentes, dont il est souvent fait mention dans l’Écriture : le premier, nommé tabernaculum conventus la tente de l’assemblée, où le peuple s’assemblait pour ses affaires ordinaires ; le second, tabernaculum Testimonii, la tente du Témoignage ou le tabernacle du Seigneur ou simplement le Tabernacle, qui était le lieu où les Israélites, durant leur voyage du désert, faisaient leurs principaux actes de religion, offraient leurs sacrifices et adoraient le Seigneur.

Voici la description de ce tabernacle (Exode 26 Exode 27) : c’était un carré oblong, de trente coudées de longueur et de dix de largeur et de hauteur. Il était partagé en deux parties. La première s’appelait le saint, qui avait vingt coudées de long et dix de large. C’est là où étaient placés la table des pains de proposition, le chandelier d’or à sept branches, et l’autel d’or, où l’un servait le parfum. La seconde partie était le sanctuaire ou le saint des saints, long de dix coudées et large aussi de dix coudées. C’est là où était l’arche d’alliance. Le sanctuaire était séparé du saint par un voile précieux qui pendait à quatre colonnes de bois de séthim couvertes de lames d’or ; et le saint était aussi fermé par devant par un autre voile suspendu à cinq colonnes de bois de séthim couvertes de lames d’or, ayant les bases d’airain.

Le tabernacle était fermé du côté de l’occident, du septentrion et du midi, par des ais de bois de séthim couverts de lames d’or, ayant leurs bases d’airain. Ces ais étaient au nombre de huit du côté de l’occident, et il y en avait vingt, tant du côté du septentrion que du côté du midi. Ils étaient tous d’une égale hauteur, cest-à-dire de dix coudées et d’une coudée et demie de large, et emboîtés l’un dans l’autre par deux tenons, l’un en haut et l’autre en bas. Et comme toute la machine du tabernacle était amovible et devait se démonter souvent, ces ais étaient portés par deux bases, où il y avait deux mortaises dans lesquelles ils s’emboitaient ; et pour les soutenir, il y avait à chacun cinq anneaux d’or à différente distance, dans lesquels on passait cinq bâtons de buis de séthim couverts de lames d’or, qui soutenaient toute la machine.

Le tabernacle n’avait aucun jour. Il était couvert de divers rideaux (Exode 26.1-3), dont les premiers de dedans étaient de couleur d’hyacinthe, rayés de pourpre, d’écarlate ou de cramoisi. Au-dessus de ces voiles il y en avait d’autres de poil de chèvre qui empêchaient que la pluie ne pénétrât et ne mouillât les voiles précieux qui étaient au-dessous. Ceux-ci ne pendaient pas par devant, mais seulement par les côtés et par derrière ; en sorte qu’on voyait à l’entrée du tabernacle le premier voile précieux dont nous avons parlé et qui en fermait l’entrée. Au-dessus de ces voiles de poil de chèvre il y en avait deux autres : l’un composé de peaux de moutons teintes en rouge ; et l’autre de peaux de moutons teintes de couleur d’hyacinthe ou bleu céleste. Ainsi le tabernacle était couvert de quatre rideaux : le premier et le plus précieux était de couleur de pourpre d’hyacinthe et de cramoisi ; le second était de poil de chèvre ; le troisième, de peaux de moutons avec leurs toisons teintes en rouge ; le quatrième, aussi de peaux de moutons teintes en couleur d’hyacinthe ou bleu fort foncé.

Tabernacle

Autour du tabernacle régnait un grand parvis carré oblong, de la longueur de cent coudées, et de la largeur de cinquante (Exode 27.9-12). Tout cet espace était environné de colonnes revétues de lames d’argent avec leurs chapiteaux de même matière ; mais leurs bases étaient d’airain. Il y avait dix colonnes du côté de l’occident, six du côté de l’orient, vingt du côté du septentrion et vingt du côté du midi. À ces colonnes pendaient des rideaux faits de fil de lin retors en manière de réseau, qui environnaient le tabernacle de tous côtés, à l’exception de l’entrée du parvis, qui était fermée par un autre rideau plus précieux, d’hyacinthe, de pourpre et d’écarlate, eu ouvrage de broderie. Cette entrée avait vingt coudées de large, et le voile dont nous avons parlé avait la même longueur et était soutenu par quatre colonnes revêtues de lames d’argent avec leurs chapiteaux et leurs bases d’airain.

C’est dans ce parvis, et vis-à-vis l’entrée du tabernacle ou du saint, qu’était placé l’autel des holocaustes, sur lequel on brûlait toutes les victimes qui étaient offertes au Seigneur. Il y avait aussi une piscine et une fontaine pour l’usage des prêtres. Il était, permis aux laïques d’amener leurs hosties jusqu’à l’autel. Là on les égorgeait, on les dépouillait et on les offrait au Seigneur, suivant les diverses cérémonies marquées dans le Lévitique. Voyez ci-devant les articles Autel des Holocaustes, Prêtres, Sacrifices, etc.

Le tabernacle était posé de manière que l’entrée regardait l’orient, le sanctuaire le couchant, et les deux côtés le septentrion et le midi. Cette tente était comme le palais du Très-Haut, la demeure du Dieu d’Israël, qui était considéré comme au milieu du camp de son peuple. Autour de lui étaient campées toutes les tribus, selon leur rang. Juda, Zabulon et Issachar étaient â l’orient ; Eptiraïm, Benjamin et Manassé étaient à l’occident ; Dan, Aser et Nephtali étaient au septentrion ; Ruben, Siméon et Gail étaient au midi. La tribu de Lévi comme étant tout entière occupée au sqrvice du Seigneur était répandue tout autour du tabernacle ; en sorte que Moïse et Aaron étaient à l’orient, la famille de Gerson à l’occident, celle de Mérari au septentrion et celle de Caalh au midi.

Les prêtres entraient tous les jours au matin dans le saint pour y présenter le parfum et pour y éteindre les lampes ; et le soir ils y entraient pour les allumer. Tous les matins ils offraient un agneau en holocauste, sur l’autel d’airain, et tous les soirs ils en offraient un autre sur le même autel.

Le tabernacle de l’alliance fut érigé et consacré au pied du mont Sinaï, le premier jour du premier mois de la seconde année après la sortie d’Égypte, l’an du monde 2514, avant Jésus-Christ 1486, avant l’ère vulgaire 1190.

Spencer a prétendu montrer que le tabernacle de l’alliance dans lequel Moïse avait enfermé l’arche, le chandelier d’or, les autels des pains de proposition, des holocaustes et du parfum, et où il voulait que les Israélites rendissent au Seigneur leurs adorations et leur culte public et solennel ; que ce tabernacle, dis-je, que l’arche, les chérubins et tout le reste, n’étaient qu’une imitation du culte que les Égyptiçns et d’autres peuples idolâtres rendaient à leurs dieux, et que le Seigneur ne les ordonna à son peuple que par pure condescendance et dans la vue de mettre une barrière au penchant qu’ils avaient à l’idolâtrie, en sanctiliant ces usages et en les rectifiant par le retranchement des pratiques impies, superstitieuses et idolâtres, dont les païens les accompa gnaient.

Il tâche de prouver ce sentiment par le parallèle qu’il fait des temples portatifs des païens ; des tentes dans lesquelles ils enfermaient ce qu’ils avaient de plus saint et de plus inviolable dans leur religion. Il lui est aisé de montrer que les gentils portaient leurs dieux dans leurs voyages, dans des processions, sur les épaules des prêtres. Apulée décrit la pompe ou la procession de la déesse Isis ; Virgile parle des divinités troyennes qu’Enée porta dans tous ses voyages.

Il se fonde sur le fameux passage d’Amos (Amos 5.26) : Maison d’Israël, m’avez-vous offert des sacrifices et des oblations pendant quarante ans dans le désert ? Mais vous avez porté le tabernacle de Moloch, et l’autel de votre Dieu Rempham, ces figures que, vous avez faites pour les adorer. Voilà, dit-il, le tabernacle de Moloch et de Rempham que les Israélites portent dans le désert aux yeux même de Moïse. Pour guérir donc cet entêtement prodigieux qu’ils avaient pour les divinités sensibles et pour leur culte, Moïse leur accorde un tabernacle, une arche, des sacrifices et des pratiques semblables à celles des idolâtres, mais épurées de supertition et d’idolâtrie. C’est le sentiment de ce savant. [Il est bien permis de ne pas l’adopter].

Tabernacle de Moloch. (2)

Voyez ci-devant les articles Niches et Moloch, et Socothbénoth.

Tabernacle (3)

Dans le sens d’une demeure ou d’une maison.

Les livres de l’Ancien Testament sont pleins de cette expression :

Israël demeura en paix dans ses tabernacles. Israël, retournez clans vos tabernacles. Japhet demeurera dans les tabernacles de Sem. Chacun s’en retourna dans ses tabernacles. Ces manières de parler doivent s’entendre à la lettre dans certains cas : par exemple, lorsqu’on parle des patriarches qui ont vécu dans la terre de Chanaan avant leur entrée en Égypte. Leur demeure ne fut que sous des tentes ; ils ne bâtirent point de maisons et ne demeurèrent point dans les villes. On doit l’expliquer de même quand il est question d’une armée en campagne, qui s’enfuit dans ses tabernacles ou dans ses tentes ; mais dans une infinité d’autres endroits le mot tabernacle ou tente doit s’entendre d’une maison. Le long temps que les Hébreux avaient demeuré sous des tentes avant leur venue en Égypte et depuis leur sortie de ce pays dans leur voyage du désert mit ces expressions en usage dans le langage populaire.

On donne aussi ce nom au temple de Salomon, quoique bâti d’une manière très-solide, parce qu’il avait dans sa construction beaucoup de rapport au tabernacle dressé par Moïse. Par exemple (Psaumes 131.3), David dit qu’il ne se donnera aucun repos qu’il n’ait bâti un tabernacle au Seigneur. Ailleurs (Psaumes 73.7) l’auteur du psaume soixante-treize dit que les Chaldéens ou les Syriens ont souillé le tabernacle du Seigneur.

Tabernacle (4)

Se met quelquefois pour le ciel, pour la demeure des bienheureux (Psaumes 14.6). Seigneur, qui habitera dans votre tabernacle… Celii qui a les mains innocentes et le cœur pur. Et ailleurs (Psaumes 9.5) : Seigneur, j’habiterai éternellement dans vos tabernacles. Et encore : Que vos tabernacles sont aimables ! mon âme tombe : en défaillance dans l’ardent désir qui la transporte de se rendre dans vos parvis (Psaumes 83.2). J’avoue que ces passages peuvent aussi s’expliquer à la lettre du temple de Jérusalem. Mais il paraît par les auteurs du Nouveau Testament, que les Juifs entendaient souvent le ciel sous ces manières de parler : par exemple, le Sauveur nous conseille de nous faire des amis des richesses d’iniquités, afin qu’ils nous reçoivent dans les tabernacles éternels (Luc 16.9). Et saint Paul aux Hébreux (Hébreux 8.2) dit que Jésus-Christ est le grand prêtre du vrai tabernacle bâti, non de la main des hommes, mais de celle de Dieu. Et encore (Hébreux 9.11) : Amplius et perfectius tabernaculum non manu factum, etc. Voyez aussi (Apocalypse 13.6 ; 21.3). Le même saint Paul parle de son corps comme d’une tente ou d’un tabernacle : Nous autres qui sommes dans cette tente, nous gémissons, etc. (2 Corinthiens 5.4) ; et saint Pierre (2 Pierre 1.13) Tandis que je suis dans cette tente, je crois qu’il est juste de vous avertir, etc. Et encore (2 Pierre 1.14) : cette tente doit être bientôt renversée.

Le Tabernacle de David (5)

Que Dieu doit relever (Amos 9.11 ; Actes 15.16), n’est autre que l’Église de Jésus-Christ, qui est la maison de Jésus-Christ, rejeton de David et héritier des promesses qui ont été faites à ce patriarche.

La fête des Tabernacles (6), nommée dans l’Évangile (Jean 7.2) la Scénopégie, qui signifie en grec, la tête où l’on dresse des tentes. Le nom Scenopegia se trouve aussi dans les Machabées (1 Machabées 10.21 2 Machabées 1.8-18). Les Hébreux l’appellent Chaghassuchoth, la féte des Tentes, parce qu’elle se célébrait sous des tentes de verdure, en mémoire de la demeure que les Israélites avaient faite sous des tentes dans le désert (Lévitique 23.42-44). C’était une des trois grandes solennités des Hébreux, où tous les mâles étaient obligés de se présenter devant le Seigneur. Elle se célébrait après les moissons, le quinzième jour du mois tizri, qui était le premier de l’année civile, et qui répond à la lune de septembre. On y rendait grâces à Dieu de toute la récolte qu’on avait faite (Exode 23.16). La fête durait huit jours ; mais le premier et le dernier jour étaient les plus solennels (Lévitique 23.34-35), etc. Il n’était pas permis d’y travailler, et on y offrait des sacrifices particuliers, dont nous donnerons le détail ci-après. [Voyez le Calendrier des Juifs, au 15, 21, 22 : de tizri, et au 19 de marschevan].

Le premier jour de la fête (Lévitique 23.40 ; Néhémie 8.16) on prenait des branches des plus beaux arbres, avec leur fruit, des branches de palmier, des rameaux des arbres les plus touffus et des saules qui croissent le long des torrents ; on choisissait les plus belles de ces branches, on les portait en cérémonie à la synagog.ue, et on faisait ce qu’ils appelaient Lulab ; c’est-à-dire en tenant de la main droite une branche de palmier, trois branches de myrte et deux de saule liées ensemble, et ayant dans leur main gauche une branche de citronnier avec son fruit ; ils les approchaient les unes des autres, en les agitant vers les quatre parties du monde et en chantant quelques cantiques. On appelait aussi ces rameaux Hosanna, parce qu’en les portant et les agitant, ils criaient Hosanna ; à-peu-près comme firent les Juifs à l’entrée de Notre-Seigneur à Jérusalem (Marc 21.8-9). Le huitième jour on faisait cette cérémonie plus souvent et avec plus de solennité que les autres jours de la fête. C’est pourquoi ils appelaient ce jour-là, Hosanna Babba, la grande Hosanna.

Les Juifs enseignent que chaque Israélite était obligé d’apporter dès le matin du jour de la fête, ces branches d’arbres dont nous avons parlé, sous peine de ne pas manger ce jour-là ; alors on faisait une procession autour de l’autel des holocaustes, en remuant ces branches et en chantant. À présent ils portent ces branches dans leur synagogue, el font provision d’oranges et de citrons dans les pays où il n’en croît point, afin qu’il ne manque rien à cette fête. Ils font en cérémonie le tour du pupitre, qui est au milieu de la synagogue, au moins une (ois par jour, et ils ne mangent point qu’ils ne l’aient fait.

Le psaume (Psaumes 117), paraît avoir été chanté à la fête des Tabernacles. Le Psalmiste y fait une allusion visible dans les versets 23, 24, 25, 26 : Ô Seigneur, sauvez-moi ; Ô Seigneur, donnez-moi un heureux succès : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. L’Hébreu : Ana Jehovah, hosiana ; ana, Jehovah, hat chila na, etc., qui sont les paroles que les Juifs chantent encore aujourd’hui, en faisant la procession autour de la tribune, à la fête des Tabernacles, et que l’on chanta au jour de l’entrée triomphante de Jésus-Christ à Jérusalem. Le Psalmiste continue : Nous vous bénissons de la maison du Seigneur, où nous sommes : le Seigneur est le vrai Dieu, et il a fait briller sa lumière sur nous. Faites des tentes de branches touffues au jour de votre solennité, faites-en jusqu’aux cornes de l’autel.

C’est apparemment de ces cérémonies que Plutarque a pris occasion de dire que les Hébreux faisaient cette fête en l’honneur de Bacchus. Ils entrent, dit-il, dans leur temple, ayant en main des branches de vigne et des thyrses ; mais je ne sais ce qu’ils y font. Il nomme cette fête Cladophoria, et Thyrsophoria et comme dans les fêtes de Bacchus on portait des branches de verdure qui enveloppaient des lances, ce que les Grecs appelaient thyrsus, il en a conclu qu’apparemment les Juifs voulaient honorer Bacchus dans cette solennité. Josèphe (Antiquités judaïques t. III chapitre 10, pages 92, g) en parlant de cette fête s’exprime en des termes particuliers. Il se sert du mot eirésiônen, qui signifie un bouquet composé d’une branche d’olivier, enveloppé de laine, duquel pendaient toutes sortes de fruits, qu’un enfant qui avait encore son père et sa mère allait mettre à la porte du temple d’Apollon. C’est là ce que voulait dire eirésônen chez les Grecs. Mais Josèphe s’explique en disant que, chez les Hébreux, c’était un bouquet de myrte, de saule et de palmier, d’où pendaient des citrons. Il est à remarquer qu’encore que Moïse ne parle point expressément de myrte, cependant Néhémie (Néhémie 8.16) et Josèphe, et après eux, les rabbins et le Syriaque, le marquent comme nécessaire dans cette cérémonie ; et les Juifs entendent de cet arbre ce que dit Moïse, des branches d’un arbre touffu (Lévitique 23.40).

Le premier jour de la fête, outre les sacrifices ordinaires, on offrait en holocauste (Nombres 29.12-14) treize veaux, deux béliers et quatorze agneaux, avec les offrandes de farine et les libations de vin, qui les devaient accompagner. On offrait aussi un bouc pour le péché.

Le second jour, on offrait douze veaux, deux béliers et quatorze agneaux, en holocauste, avec leurs offrandes de farine, d’huile et de vin, qui devaient toujours être joints à ces sacrifices. Outre cela, on offrait un bouc pour le péché, sans compter les sacrifices ordinaires du soir et du matin, qu’on n’interrompait jamais, ni ceux que les Israélites pouvaient offrir par dévotion, ou pour l’expiation de leurs fautes. Ceux dont nous parlons étaient immolés au nom de tout Israël. Les troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième jours de la fête, on offrait les mêmes sacrifices que le second jour, avec cette différence que tous les jours ou diminuait d’un veau ; en sorte que le troisième jour, on en immolait onze ; le quatrième, dix ; le cinquième, neuf ; le sixième, huit ; et le septième, seulement sept veaux. Pour les autres victimes on en offrait le même nombre tous les jours. Mais le huitième jour, qui était plus solennel que les précédents, on n’offrait qu’un veau, un bélier et sept agneaux en holocauste, et un bouc pour le péché, avec les offrandes et les libations ordinaires.

On assure que le huitième jour de la fête les Juifs présentaient au temple les prémices des fruits tardifs, qu’on allait puiser de l’eau dans la fontaine de Siloé, qu’on l’apportait au temple, et que les prêtres la répandaient mêlée avec du vin, au pied de l’autel des holocaustes. Le peuple chantait cependant ces paroles du prophète Isaïe (Isaïe 12.3) : Vous puiserez des eaux des fontaines du Sauveur, etc. On prétend que cette cérémonie avait été instituée par Aggée et Zacharie, au retour de la captivité ; et quelques-uns ont cru que Jésus-Christ y faisait allusion, lorsqu’il criait dans le temple (Jean 7.37-38) le dernier jour de la solennité des Tabernacles : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, qu’il boive. Si quelqu’un croit en moi, comme dit l’Écriture, il sortira de son ventre.des fleuves d’eau vive. Ce qui marquait, selon la réflexion de saint Jean, le Saint-Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. Quelques commentateurs croient qu’on récitait pendant cette fête les psaumes intitulés : Proverbes torcularibus, pour les pressoirs ; qui sont le 20, le 80, et le 83, selon notre Vulgate. Mais Léon de Modène dit qu’on y récite les psaumes qui ont pour titre Alleluia, ou, Louez Dieu, qui sont, selon notre manière de compter, les 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, ou, selon les Hébreux, les 113, 114, 115, 116, 117, 119.

Le même auteur dit que les Juifs d’à présent, n’ayant plus la commodité d’aller au temple, ni de faire toutes les cérémonies ordonnées par Moïse, font chacun chez soi, en un lieu découvert, une cabane couverte de feuillages, tapissée à l’entour et ornée autant qu’on le peut. Ils y boivent et mangent ; quelques-uns même y couchent ; mais du moins on y passe tout le temps qu’on a accoutumé d’être à la maison, et cela, pendant les huit jours de la fête. On dispense de cette observance ceux qui sont malades ou qui sont accablés de vieillesse ; et lorsqu’il pleut bien fort, on peut se retirer dans la maison ; car ces cabanes ne sont pas tellement fermées, qu’il n’y pleuve point. Léon de Modène ajoute qu’encore que Moïse n’ait ordonné que huit jours pour cette fête, toutefois la coutume et la dévotion des peuples y en ont ajouté un neuvième. Les deux premiers et les deux derniers jours sont fort solennels ; mais les cinq d’entre deux ne le sont pas tant. Le septième jour de la fête, qu’ils appellent Hosanna Rabba, ils quittent les branches de myrte et de palmier, pour en prendre seulement de saules, avec lesquelles ils font sept fois le tour de la tribune, qui est au milieu de la synagogue, en chantant le psaume 28. Et ce jour de la fête est plus solennel de moitié que les autres. Le neuvième et dernier jour, qui est de l’institution des rabbins, est appelé la joie de la loi, parce qu’on y achève la lecture du Pentateuque. On peut voir sur cette matière les auteurs qui ont traité exprès des fêtes des Juifs ; la Misne, au titre Suca, avec ses commentateurs ; les écrivains qui ont fait des traités de la république des Hébreux, comme Sigonius, Bertrand, Cunteus et Godvin ; de Ritibus Hebroeorum, t. 5. chapitre 6 etc.

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