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Science qui tient à une autre science qu’on appelle économie politique. Beaucoup de gens, même de savants, croient que cette science est toute moderne ; mais la Bible est pleine de monuments qui appartiennent à la statistique, et l’histoire n’en fournit pas de plus anciens. Les Hébreux ont donc connu la statistique, et il est telles pages de leurs livres qui donnent plus de renseignements sur ce sujet que les tombeaux des’ Pharaons, où l’on a cependant trouvé des journaux de dépenses et peut-être des mémoires d’apothicaires.
Suivant les statisticiens vénitiens, le gouvernement de Venise a été, dans les temps modernes, le premier à reconnaître l’utilité de la statistique dans les affaires administratives. « Auparavant, dit le rédacteur de la Biblioteca, n° 143, novembre 1827, on avait une idée étroite de cette science : nous voyons que depuis Moïse jusqu’au sénat vénitien, en 1768, c’est-à-dire, dans l’espace de trente-trois siècles environ, l’esprit humain n’avait pas fait beaucoup de progrès dans cette branche des connaissances. En effet, avant de marcher à la conquête de la Palestine, Moïse voulut connaître le nombre d’hommes propres au service des armes, et aussi le nombre de ceux qui avaient plus de vingt ans, en omettant les classes d’un âge inférieur et les femmes (Exode 37.25) et suivants. L’autre objet de ce dénombrement fut d’imposer à chacun le tribut d’un demi-sicle pour la construction du tabernacle, et voilà la première origine certaine de la formation des armées et des tribus. Le sénat vénitien perfectionna dans l’exécution l’idée de-Moïse… »
En 1828 il parut à Louvain une histoire intéressante de la statistique par M. Mone, qui distingue deux périodes : l’une où la statistique ne consistait qu’en une énumération aride de notices ; où elle a été traitée dans une forme systématique. La première remonte jusqu’à l’antiquité ; c’est pourquoi la première section de l’ouvrage contient l’histoire de la statistique des peuples anciens, notamment des Juifs, des Persans, des Grecs et des Romains. L’auteur cite les principaux passages des historiens anciens qui contiennent des renseignements statistiques sur ces nations, les explique et en tire des conséquences relatives à leur population, aux richesses, etc. La statistique, chez les Hébreux, est traitée avec le plus de développements, dans le siècle de Moïse et de David. La statistique persane est présentée d’après Hérodote, celle de la Grèce d’après Thucydide, celle de Rome d’après César et Tacite surtout. De toutes les notions puisées dans les anciens auteurs, M. Mone conclut que,.dans l’antiquité, la statistique était fille du besoin, qu’il n’en existait point de théorie, et que par conséquent elle ne méritait point le nom de science.
Cette conclusion est vraie pour les Romains, les Grecs et les Persans ; mais quant aux Hébreux, je pense qu’il faut faire des réserves : car il me semble que sous David et Salomon la statistique était appliquée à-peu-près à toutes les parties de l’administration religieuse, civile et militaire. Les documents qui nous restent de la statistique chez les Hébreux sont abrégés et supposent des travaux plus étendus. Si, dans les temps antiques, la statistique a été une science quelque part, on peut dire que ce fut chez les Hébreux ; d’u moins elle y reçut plus de développement que chez aucun autre peuple. On voit aussi qu’elle y était inspirée et dirigée par l’esprit d’ordre, et non pas nécessitée par le besoin.
Il serait possible de faire un traité raisonné de la statistique des Hébreux ; on trouverait dans ce travail la solution de nombreuses difficultés. On y verrait, par surcroît, une nouvelle preuve que ce petit peuple fut le plus sage et le plus grand des anciens peuples.
Voici une partie des documents statistiques que nous fournit son histoire depuis l’arrivée en Égypte.
État ou dénombrement de la famille de Jacob ou Israël lorsqu’elle alla s’établir en Égypte, jusqu’à la sortie (Genèse 46.8 ; Exode 1.1-7).
Arrêtons-nous. Qu’il nous suffise de dire que nous avons fait des omissions dans les livres indiqués, et que ceux des Paralipomènes, celui d’Esdras et celui de Néhémie contiennent beaucoup de documents statistiques de plusieurs sortes.