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Soufre
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Sulfur, minéral gras, inflammable et vitriolique. On distingue deux sortes de soufre, le soufre jaune ou commun, qui est dur, luisant, cassant, facile à fondre et à s’enflammer. On le tire du mont Vésuve, on le liquéfie sur le feu, et on le verse en des moules pour les former en bâtons. Les mines de soufre qui sont au fond du mont Vésuve et des autres montagnes de même nature, je veux dire, qui jettent des flammes, sont la cause de l’inflammation de la terre de ces montagnes. L’autre espèce de soufre est celui qu’on appelle soufre vif, qui est une matière grise, grasse, argileuse, inflammable, qu’on trouve en plusieurs lieux, et qui sert à faire le soufre jaune.

L’Écriture parle d’un soufre en plus d’un endroit. Les Hébreux l’appellent gofrith, d’un nom qui a beaucoup de rapport à l’hébreu gopher, qui signifie le bois dont Noé se servit pour faire l’arche. Moïse dit que le Seigneur fit pleuvoir le feu et le soufre sur Sodome et Gomorrhe (Genèse 19.24), c’est-à-dire par des exhalaisons sulfureuses et enflammées ; et dans le Deutéronome (Deutéronome 29.23), il dit que Dieu consuma ces villes par le soufre et par l’ardeur du sel. Les Hébreux donnent le nom de sel au nitre, au bitume, au soufre, qui sont des matières inflammables. Il est certain que le feu du ciel tomba sur ces villes criminelles. On sait encore que le terrain où elles étaient situées était tout rempli de nitre et de bitume. Encore aujourd’hui le fond de la mer Morte et les environs en sont pleins. Il est donc très-croyable que le feu du ciel ayant mis le feu à ces bitumes, à ce soufre, à ce nitre, réduisit en cendres non-seulement les quatre villes, mais aussi tout le terrain qui occupe aujourd’hui le lac Asphaltite, ou la mer Morte.

Job (Job 18.15), ou plutôt Baldad, un de ses amis, dit, par une manière d’imprécation, que la téte du méchant soit arrosée de soufre, que la foudre tombe sur sa maison, et qu’il y laisse une odeur de soufre. Autrement : que le méchant soit chassé de sa maison, et que ceux qui s’en saisiront la purifieront par l’odeur du soufre. C’était une fumigation ordinaire pour chasser le mauvais air, et pour purifier les demeures infectées. Le Psalmiste (Psaumes 10.7) donne pour partage aux Méchants le feu, le soufre, les vents impétueux, en un mot la foudre et la tempête, car voilà ce que veut dire, Ignis et sulfur, spiritus procellarum. Isaïe (Isaïe 30.33), décrivant l’incendie de la vallée de Topheth, souillée par l’idolâtrie, dit qu’on y a préparé un grand bûcher pour la purifier par le feu ; et que le souffle du Seigneur, comme un torrent de soufre, l’enflammera.

Le même prophète (Isaïe 34.9), pour donner une vive idée de la vengeance que Dieu devait exercer contre les nations criminelles, dit qu’en sa présence les torrents seront convertis en poix, la terre en soufre et en poix ardente, qu’ils brûleront nuit et jour sans qu’on les puisse éteindre, et que leur fumée s’élèvera éternellement jusqu’au ciel. Quelle force dans cette peinture ! Ézéchiel (Ézéchiel 38.22) menace l’armée de Gog des derniers effets de sa colère : la peste, le sang, les pluies impétueuses, les pierres de foudre, le feu, le soufre tomberont sur lui. Ou a déjà vu une pluie de soufre sur Sodome, et on la voit encore souvent dans l’Apocalypse. La foudre et le feu du ciel laissent d’ordinaire après eux une odeur de soufre.

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