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Ce terme est célèbre parmi les interprètes et les commentateurs de l’Écriture ; il se trouve (Genèse 49.10), pour marquer le Messie. Le patriarche Jacob en prédit la venue en ces termes : Le sceptre ne sera pas ôté de Juda ; et le Prince ne sortira point de sa race jusqu’à la venue de Celui qui doit étre envoyé, et il sera l’attente des nations. Au lieu de Celui qui doit étre envoyé, le texte hébreu lit (Genèse 49.10) : Schilo ; donec veniat Schilo. Tous les commentateurs chrétiens conviennent que ce terme doit s’entendre du Messie, de Jésus-Christ ; mais tous ne conviennent pas de la signification littérale et grammaticale. Saint Jérôme, qui l’a traduit par qui mittendus est, lisait apparemment schiloach, envoyé, au lieu de schilo. Les Septante traduisent : Jusqu’à la venue de Celui à qui il est réservé, ou jusqu’à ce qu’on voie arriver ce qui lui est réservé.
Il faut convenir que la signification de l’Hébreu schiloh n’est pas bien connue. Les uns traduisent : Le sceptre ne sortira point de Juda jusqu’à la venue de Celui à qui il appartient (ce sceptre). D’autres : Jusqu’à la venue du Pacificateur, ou du Pacifique, ou de la prospérité. Schahah signifie être dans la paix, dans la prospérité. D’autres : Jusqu’à la naissance de Celui qui naîtra d’une femme qui concevra sans le commerce de l’homme. Autrement : Le sceptre ne sortira pas de Juda jusqu’à sa fin, jusqu’à sa ruine, jusqu’à la ruine du royaume des Juifs. Quelques rabbins ont pris le nom de siloh ou schilo, comme s’il signifiait la ville de ce nom dans la Palestine. Le sceptre ne sera point ôté à Juda jusqu’à ce qu’il vienne à Silo jusqu’à ce qu’il lui soit ôté, pour être donné à Saül à Silo. Mais en quel endroit de l’Écriture est-il dit que Saül fut reconnu roi ou sacré à Silo ? Si on veut l’entendre de Jéroboam, fils de Nabath, la chose est tout aussi incertaine. L’Écriture ne marque aucune assemblée pour le reconnaître roi à Silo. Un auteur plus nouveau (Gousset, Comment ling. Heb page 415. fatigare) dérive siloh de schalah, qui signifie quelquefois se fatiguer, souffrir jusqu’à ce que ses travaux, ses souffrances, sa passion arrive.
Mais sans se fatiguer à chercher la signification grammaticale de siloh, ou schilo, il nous suffit de montrer que les anciens Juifs sont d’accord en ce point avec les chrétiens ; ils conviennent que ce mot signifie le Messie Roi. C’est ainsi que le paraphraste Onkélos et Jonathan, que les anciens commentaires hébreux de la Genèse, que les Thalmudistes eux-mêmes l’expliquent. Si Jésus-Christ et les apôtres ne se sont pas servis de ce passage pour prouver la venue du Messie, c’est qu’alors l’accomplissement de cette prophétie n’était pas encore assez sensible. Le sceptre subsistait encore parmi les Juifs. Ils avaient encore des rois de leur nation, dans la personne des Hérodes. Mais bientôt après le sceptre leur fut entièrement ôté, et ne leur a jamais été rendu.
En vain les Juifs entêtés cherchent des sens forcés à la prophétie de Jacob, en disant, par exemple, que le sceptre marque la domination des étrangers, à laquelle ils sont soumis, ou l’espérance de voir un jour le sceptre, ou la souveraine puissance rétablie parmi eux ; on voit bien que tout cela n’est inventé que pour se tirer d’embarras. En vain ont-ils recours à certains princes de la captivité, qu’ils prétendent avoir subsisté au delà de l’Euphrate, exerçant sur leur nation une autorité peu différente de la souveraine, et tirés de la race de David. Cette prétendue succession de princes est absolument chimérique, et quand on pourrait, en certains temps, en montrer une suite, elle a duré trop peu, et son autorité a été très-obscure et trop bornée, pour être l’objet d’une prophétie aussi magnifique que celle-ci. On peut voir ces matières traitées plus au long dans les commentaires sur la Genèse, et dans les auteurs qui l’ont traitée exprès. [Voyez Liber, addition, paragraphe 16]