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Antoine
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Marc-Antoine, de l’illustre famille des Antoines de Rome. Son nom est très-célèbre dans l’histoire romaine et dans la grecque : mais ce qui nous intéresse dans cet ouvrage, c’est la part qu’il a eue aux affaires des Juifs. Après la bataille de Philippe, où Brutus et Cassius furent vaincus, Marc-Antoine vint en Asie. Et lorsqu’il fut arrivé en Bithynie, il s’y trouva des envoyés de toutes les nations d’Asie ; et entre autres des députés de la nation des Juifs, qui étaient venus pour accuser Hérode et Phasael, disant que ces deux frères s’attribuaient toute l’autorité du gouvernement, et ne laissaient à Hircan que le nom de roi. Mais Hérode sut si bien gagner Antoine par ses présents, qu’il ne voulut pas même donner audience à ses accusateurs, et qu’il confirma Hérode et Phasael dans les gouvernements qu’ils possédaient dans la Judée.

Quelque temps après, Hircan lui envoya une ambassade, pour lui demander qu’il lui plût ordonner que les Juifs que Cassius avait injustement emmenés captifs dans les provinces de l’Asie, fussent remis en liberté. Antoine leur accorda leur demande, et écrivit à Hircan, aux Tyriens, aux Sidoniens, à ceux d’Antioche et d’Arade, qu’ils eussent à remettre en liberté tous ceux qui avaient été vendus par Cassius. Sur la fin de la même année, lorsqu’Antoine était à Daphné, près d’Antioche de Syrie, il vint cent des principaux des Juifs pour accuser de nouveau Hérode et Phasael. Mais Antoine ayant demandé à Hircan qui étaient ceux qui gouvernaient mieux la province d’Hérode et de son frère, ou de leurs accusateurs, Hircan répondit que c’étaient Hérode et Phasael, et Antoine les confirma dans leurs gouvernements, et les établit tétrarques de toute la Judée. Il écrivit même des lettres en leur faveur, et fit mettre dans les liens quinze des plus ardents de leurs accusateurs.

Enfin Antoine étant arrivé à Tyr, les Juifs lui députèrent de nouveau mille des plus considérables d’entre eux, pour lui porter des plaintes contre les deux frères. Mais Antoine qui avait déjà été gagné par Hérode, ordonna aux magistrats de Tyr de punir ces brouillons, et de prêter main-forte aux tétrarques qu’il avait établis. Hérode avertit ces députés de se retirer : mais ne l’ayant pas voulu croire, les Juifs et les autres habitants de la ville sortirent sur eux, comme ils étaient sur le bord de la mer, en tuèrent une partie, et blessèrent les autres ; et quelques-uns d’entre eux s’étant sauvés, comme les Juifs faisaient grand bruit du traitement qu’on avait fait à leurs envoyés, Antoine fit mourir ceux qu’il tenait dans les liens. Ainsi Hérode et Phasael demeurèrent paisibles dans leurs gouvernements.

L’année suivante, les Parthes étant entrés dans la Syrie, et Antigone, fils d’Aristobule, leur ayant promis mille talents et cinq cents femmes s’ils le rétablissaient sur le trône de ses pères, ils vinrent en Judée, prirent Hircan et Phasael, et obligèrent Hérode à se sauver à Rome, où il trouva Marc-Antoine et Auguste très-disposés à lui accorder toute leur protection, tant en haine d’Antigone, qu’ils regardaient comme un esprit turbulent et ennemi des Romains, qu’à cause des services qu’Antoine et Auguste avaient autrefois reçus d’Antipater, père d’Hérode. Ainsi, ils firent déclarer Hérode roi des Juifs par le sénat, et Antigone ennemi du peuple romain. Antoine et Auguste conduisirent Hérode au milieu d’eux au Capitole ; et après y avoir offert les sacrifices ordinaires, et déposé l’acte de son élection par le sénat, ils le traitèrent magnifiquement.

Hérode revint en Judée avec des lettres de recommandation d’Antoine ; adressées aux officiers romains, afin qu’ils lui aidassent à se mettre en possession de son royaume ; et lorsque par le secours des siens et des troupes romaines, il se fut rendu maitre de Jérusalem et d’Antigone, il fit tant auprès d’Antoine, qu’il le porta à faire trancher la tête à Antigone, et à le délivrer du plus grand ennemi qu’il pût avoir. Après cela, Antoine alla faire la guerre aux Parthes, où il ne fit rien de mémorable ; et son retour fut plus semblable à une véritable fuite, qu’à une retraite honorable. S’étant abandonné à l’amour de Cléopâtre, il répudia Octavie, et se plongea dans toutes sortes d’excès ; enfin ayant été vaincu par Auguste à Actium, il revint en Égypte, où, après avoir essayé divers moyens d’accommodement, il fut obligé de se tuer lui-même, l’an du monde 3974, avant Jésus-Christ 27, et avant l’ère 31. Sur les particularités de sa mort, on peut voir Plutarque, Dion, Ussérius adann. 3964., p.483 et s.

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