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Prêtrise, sacerdotium.
On peut distinguer quatre sortes de sacerdoces :
1° Celui qui convenait aux rois, aux princes, aux chefs de famille, aux premiers-nés ; il peut être appelé sacerdoce naturel, parce que la nature et la raison veulent qu’on défère au plus digne l’honneur d’offrir des sacrifices à Dieu ;
2° Le sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech, qui ne diffère de celui dont nous venons de parler que par sa dignité, puisque Melchisédech était suscité de Dieu pour représenter le sacerdoce de Jésus-Christ ;
3° Le sacerdoce d’Aaron et de sa famille, qui a subsisté aussi longtemps que la religion des Juifs a été la vraie religion ;
4° Enfin le sacerdoce de Jésus-Christ et de la nouvelle loi. Nous avons parlé de Melchisédech dans un article particulier. Pour le sacerdoce d’Aaron, voyez ci-devant Aaron et Prêtres.
Le sacerdoce passa de la race d’Ithamar dans celle d’Eléazar, selon la prédiction que le Seigneur en avait faite au grand prêtre Héli (1 Samuel 2.30-32). Mais cela ne se fit pas aussitôt ; la famille d’Héli posséda encore le sacerdoce assez longtemps. Ce grand prêtre eut pour successeur Achitob, son troisième fils, ou, selon d’autres, Achia ; à Achia succéda Achimelech, et ce dernier ayant été mis à mort par Saül, avec tous les prêtres qui étaient à Nohé (1 Samuel 22.16 1 Chroniques 6.53), ce prince donna la grande sacrificature à Sad. Mais Abiathar, fils d’Achimélech, s’étantattaché à David, il futcontinué dans l’exercice de la grande sacrificature dans le royaume de Juda ; de manière que l’ou vit pendant une grande partie du regne de David le sacerdoce exercé par deux grands prêtres, Sadoc et Abiathar, le premier de la famille d’Eléazar, et le second de celle d’Ithamar. Enfin, sur la fin du règne de David, Abiathar, ayant suivi le parti d’Adonias contre Salomon, fut disgracié et Sadoc seul reconnu pour grand prêtre. Il commença alors à exercer son pontificat à Jérusalem, au lieu qu’auparavant il ne l’exerçait que sur l’autel de Gabaon (1 Rois 2.26-27 1 Chroniques 16.39).
Quelques-uns ont prétendu que le sacerdoce avait été exercé, même depuis la loi, par d’autres que par la famille d’Aaron : On cite pour cela les exemples de Moïse, de Josué, de Samuel et de Saül, qui ont sacrifié en quelques occasions ; mais quand ces faits seraient incontestables, personne ne nie,
1° Qu’un prophète ne puisse extraordinairement et par une révélation particulière offrir des sacrifices ;
2° Que cette liberté n’ait été beaucoup plus grande avant la construction du temple qu’après que le culte public du Seigneur fut fixé à Jérusalem ;
3° Qu’il n’est pas certain si Josué, Samuel et Saül n’ont pas fait offrir leurs sacrifices par des prêtres, car souvent l’Écriture dit que l’on fait soi-même ce que l’on fait faire par d’autres. Voyez l’article Prêtres.
Le terme hébreu Cohen, qui signifie prétre, se met quelquefois pour un prince. Par exemple, on dit que Jéthro, beau-père de Moïse (Exode 2.16), était prêtre de Madian, c’est-à-dire, selon quelques interprètes, qu’il était prince ou gouverneur de sa ville dans les livres des Rois (2 Samuel 8.18) il est dit que les fils de David étaient prêtres, c’est-à edire princes et considérés dans le pays comme des prêtres : Filii autem David sacerdotes erant. Les Septante : Ils étaient maîtres à la cour, les premiers de la cour. L’auteur du premier livre des Paralipomènes (1 Chroniques 18.17) explique cela en disant qu’ils étaient les premiers à la main du roi : ils avaient les premiers emplois de la cour.
Quant au sacerdoce de Jésus-Christ, il est infiniment’supérieur à tous les autres par sa durée, par sa dignité, par ses prérogatives, par son objet et par la puissance qui lui est attachée. Les prêtres de la loi nouvelle participent au sacerdoce royal de Jésus-Christ ; ils exercent son sacerdoce et sa puissance. C’est Jésus-Christ proprement qui baptise, qui donne le Saint-Esprit dans la confirmation, qui lie et qui délie dans le sacrement de pénitence, qui offre son propre corps et son propre sang sur l’autel ; en un mol, qui tait toutes les fonctions du sacré ministère par les mains des prêtres, ses ministres. Le sacerdoce d’Aaron devait prendre fin ; celui de Jésus-Christ est éternel ; celui d’Aaron était borné à une seule famille, il ne s’exerçait que dans un seul temple et parmi un seul peuple ; son objet n’était que des sacrifices sanglants et des purifications qui ne touchaient point l’intérieur et qui ne remettaient point les péchés ; mais le sacerdoce de Jésus-Christ réside dans l’Église chrétienne répandue dans tout l’univers et parmi tous les peuples du monde ; il exerce le pouvoir de Jésus-Christ même sur les âmes, en remettant et en retenant les péchés ; il ouvre les canaux des grâces surnaturelles, il offre l’hostie d’expiation pour tous les péchés du monde. Il faut voir l’Épître de saint Paul aux Hébreux pour comprendre l’excellence du sacerdoce de la loi nouvelle par-dessus celui de la loi de Moïse (Hébreux 4.14,15, Hébreux 5.6-7. 8.9). Voyez aussi (1 Pierre 2.5-9).
Le sacerdoce, parmi toutes les nations, était une condition si honorable et si relevée et en même temps si commode, qu’elle était considérée avec que : que sorte de jalousie par les peuples ; aussi le Seigneur, pour faire connaftre aux Hébreux jusqu’à quel point il voulait les combler de ses faveurs, leur dit qu’il veut les faire rois et prêtres (Exode 19.6). Et saint Pierre fait la même-promesse aux chrétiens, ou plutôt il leur dit qu’ils sont véritablement ce que Moïse a promis aux Israélites (1 Pierre 2.9). Et saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 1.6), dit que le Fils de Dieu nous a fait prêtres et rois à Dieu son Père. Le sacerdoce des chrétiens ne leur donne pas la liberté d’offrir indifféremment le sacrifice de la loi nouvelle ; mais il consiste dans la participation dti sacerdoce de Jésus-Christ, qui est exercé dans l’Église par les prêtres légitimement ordonnés et consacrés : chaque fidèle peut immoler au Seigneur, en union du sacrifice de Jésus-Christ, son propre corps, ses inclinations, ses plaisirs, ses biens temporels ; il peut offrir le divin sacrifice de l’autel en union de cœur et de sentiment avec le prêtre ; enfin il peut à chaque moment offrir au Père les mérites du sacrifice que Jésus-Christ a offert sur la croix. Voilà en quoi consiste l’exercice du sacerdoce des simples fidèles. De plus, comme le sacerdoce de la nouvelle loi n’est plus successif, ni attaché à une seule famille, tous les chrétiens peuvent aspirer à la gloire du sacerdoce et travailler, par leur bonne vie, leur innocence et leur capacité, à s’en rendre dignes.
Nous avons parlé avec assez d’étendue des droits, prérogatives, fonctions, ornements et revenus des prêtres de l’ancienne loi sous l’article Prêtres nous ne pouvons faire ici la même chose à l’égard des prêtres de la loi nouvelle, parce que ni Jésus-Christ dans l’Évangile, ni les apôtres dans les écrits qu’ils nous ont laissés, n’ont point marqué toutes les cérémonies dont on devait se servir dans l’administration des sacrements, ni toutes les circonstances qui les devaient accompagner. Les apôtres ont laissé quelques-unes de ces choses à régler à la sagesse des chefs de l’Église, quoiqu’ils en aient enseigné la plus grande partie de vive voix aux fidèles de leur temps, de qui nous les avons reçues par le canal de la tradition.