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L’année sabbatique se célébrait, parmi les Juifs, de sept en sept ans (Exode 23.10 Lévitique 25.2-3), et on y laissait reposer la terre sans la cultiver. Ils rendaient la liberté aux esclaves, et chacun rentrait dans ses héritages aliénés. Voyez ci-devant l’article année sabbatique.
Fleuve sabbatique. Josèphe dit que Tite, allant en Syrie, vit en passant entre la ville d’Arcès ou Arques, qui était du royaume d’Agrippa, et la ville de Raphanée en.Syrie, le fleuve nommé Sabbatique qui tombe du Liban dans la mer Méditerranée. Ce fleuve ne coule que le jour du sabbat, ou plutôt au bout de sept jours : tout le reste du temps son lit demeure à sec ; mais le septième jour il coule avec abondance, et même avec assez d’impétuosité dans la mer. De là vient que les habitants du pays lui ont donné le nom de fleuve Sabbatique. Pline a voulu parler apparemment du même fleuve, lorsqu’il dit qu’il y a un ruisseau dans la Judée qui demeure à sec pendant tous les septièmes jours. Un peu auparavant, il parle d’une fontaine de l’île d’Andros qui, tous les sept jours, donne une liqueur qui a le goût du vin ; mais cette liqueur reprend la qualité d’eau dès qu’on l’éloigne du temple de Bacchus qui est dans cette île.
Le texte grec de Josèphe porte, comme nous avons dit, que ce fleuve ne coule que le samedi ; mais pour le concilier avec Pline, qui dit au contraire qu’il ne tarissait que le samedi, et avec d’autres monuments peu assurés e qui parlent d’un certain fleuve Sabbatique, qui demeure à sec tout le jour du sabbat, Fuller, et quelques autres font une transposition dans le texte grec de Josèphe, pour lui faire dire tout le contraire de ce qu’il dit. Il semble en effet que la rivière Sabbatique ne marquerait pas bien le repos du sabbat, si elle ne coulait que ce jour-là. Pour bien faire, elle devrait cesser de couler, pour imiter le repos des Juifs.
Les rabbins font mention d’un autre fleuve Sabbatique, ou Sambation, mais bien différent de celui dont nous venons de parler. Ils le mettent au delà de l’Euphrate, dans un pays fort éloigné, où ils prétendent que les dix tribus sont encore tout entières et subsistantes. Elles y possèdent de très-grands États et de grandes richesses. Le fleuve dont ils parlent coule toute la semaine avec une si grande rapidité, et fait un si grand bruit, qu’on l’entend pendant la nuit à la longueur d’une journée de chemin, et pendant le jour à une demi-journée. Il est si large, si profond et si rapide, qu’il est impossible de le passer ; et le jour du sabbat, auquel il ne coule point, on met des gardes sur ce fleuve, afin que les Israélites ne le passent point. Jonathan, fils d’Uziel, à qui l’on attribue une paraphrase chaldaïque, a parlé du fleuve Sabbation. Cet auteur est, dit-on, plus ancien que Josèphe. Mais on croit que la paraphrase que l’on a sous son nom n’est pas de lui, et que Josèphe.est le seul et le premier auteur du fleuve Sabbatique, qui apparemment n’a jamais existé : du moins on n’en connaît point aujourd’hui, et aucun voyageur ni géographe n’en a fait mention ;, car pour ce qu’en dit Pline, il l’avait apparemment tiré de Josèphe.
Il est vrai que Dominique Magri, dans son voyage qu’il fit en Syrie, âgé de dix-neuf ans, assure, qu’étant arrivé au bord du fleuve Sabbatique avec sa caravane un jour de vendredi, 21 juin, au soir, il vit le fleuve se tarir vers le coucher du soleil du vendredi, et demeurer à sec jusqu’au lendemain, que la caravanne étant partie, il n’eut pas le loisir de voir si le samedi au soir, lorsque le repos du sabbat serait passé, le fleuve recommencerait à couler. Ce voyageur cite les marchands de sa caravane et les paysans des environs du lieu pour témoins de ce qu’il avance ; et il en infère que Josèphe s’est trompé, lorsqu’il a dit que ce fleuve ne coulait que le samedi, puisqu’au contraire il coule toute la semaine, excepté le samedi. Mais on voudrait que Magri eût observé non-seulement une nuit, mais une ou plusieurs semaines entières, pour pouvoir attester un fait aussi extraordinaire que celui-là. Il y a plusieurs causés qui peuvent faire tarir un torrent qui descend des montagnes, et il est fort possible que dans cette occasion le seul hasard ait causé cet effet le vendredi au soir. Voyez Bartolocci, Bibliothèque rabbinique, t. I page 117 et 118.