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Saint Jérôme semble avoir cru que Cethim marquait l’Italie, puisqu’il traduit ce terme (Nombres 24.24 ; Ézéchiel 26.6) par Italia. Ils viendront de Cethim dans des vaisseaux, dit Balaam ; ils ruineront les Hébreux, et à la fin ils périront eux-mêmes. Saint Jérôme traduit : Ils viendront de l’Italie. Mais ce passage doit plutôt s’entendre des Grecs, qui, sous la conduite d’Alexandre le Grand, vinrent attaquer les Hébreux, c’est-à-dire, les Perses, qui régnaient au delà de l’Euphrate. Ils renversèrent leur empire ; mais à la fin ils furent ruinés eux-mêmes par les Romains. Le même saint dit dans Ézéchiel (Ézéchiel 27.6), que les ouvriers de Tyr ont employé ce qui vient des îles d’Italie, pour faire les logements des capitaines de vaisseau des Tyriens. Mais qu’y avait-il de rare dans ces îles d’Italie, que l’on ne trouvât point dans la Phénicie et dans les provinces voisines ?
L’Hébreu se traduit de deux manières : Ils ont fait vos bancs de rameurs avec de l’ivoire foulé aux pieds et amené des Fies de Cethim ou de Macédoine. L’ivoire foulé aux pieds est celui qui a été longtemps caché sous la terre, où les éléphants ont accoutumé d’enfouir leurs dents, lorsqu’ils s’en déchargent. On sait que la Macédoine n’est pas un pays où l’ivoire soit commun, non plus que l’Italie. C’est pourquoi Bochart et Glassius soutiennent qu’il faut traduire l’Hébreu par : Ils ont fait vos bancs avec de l’ivoire et du buis amené de Macédoine. Le buis de la Macédoine était en réputation. Plin., 1.16 c. 16. Nous avons montré sur l’article Cethim, que ce nom signifiait la Macédoine.
Le même saint Jérôme traduit aussi par Italia, le mot hébreu Thubal, qui se trouve dans Isaïe (Isaïe 56.19), et qui signifie, selon les uns, l’Espagne, et selon d’autres, les Tibaréniens. Voyez l’article de Thubal.
Enfin le même Père rend par Romani le mot hébreu Cethim, qu’il a rendu ailleurs (Daniel 11.30) par Italia, et qui signifie, autant que nous en pouvons juger, la Macédoine. Il faut voir (Genèse 10.4), et les commentateurs sur Daniel (Daniel 11.30). Il est vrai que ce prophète en cet endroit parle des Romains ; mais c’est que les Romains dont il parle, partirent de Délos sur une flotte macédonienne, qu’ils trouvèrent an part de l’île de Délos. Bochart a employé toute son érudition pour soutenir le sentiment des rabbins, qui entendent Rome et l’Italie par Cethim. Il montre qu’on trouve en ce pays les villes de Cethim, Echetia et le fleuve Cethus ; mais il rapporte aussi de très-bonnes preuves, qui font voir que Cethim se prend pour la Macédoine.
Les Juifs appellent ordinairement les Romains, Iduméens, et l’Empire romain, le cruel empire d’Edorn. Il est malaisé de deviner la raison qui a pu faire donner cette dénomination à l’Italie et à Rome, si éloignées de l’Idumée, et qui n’ont jamais eu de commerce avec les Iduméens. Lorsqu’on en demande la cause aux plus savants rabbins, ils soutiennent avec opiniâtreté que les Iduméens ayant embrassé le christianisme, se jetèrent dans l’Italie et y établirent leur domination.
Abravanel, qui passe parmi eux pour un homme sensé, soutient qu’on peut appeler les Romains et en général les chrétiens, Iduméens, dans le même sens qu’Isaïe appelait les Juifs impies de son temps, peuple de Sodome et de Gomorrhe, parce qu’ils en avaient pris les mœurs et les sentiments. Comme Ésaü fit entrer dans la famille de Jacob plusieurs étrangers, ainsi l’on trouve dans l’empire romain et dans l’Église chrétienne un ramas de toutes sortes de nations qui irritent Dieu. Ésaü haïssait Jacob et tâchait de lui ravir son droit d’aînesse, les biens et la vie ; les chrétiens font la même chose envers Israël. Les cabalistes soutiennent que l’âme d’Ésaü passa dans le corps de Jésus-Christ par la métempsycose, d’où vient qu’on trouve que le nom de Jesua et celui d’Ésaü en hébreu sont écrits par les mêmes lettres, mais dans un ordre différent. Ésaü était né sous la constellation de Mars, d’où vient qu’il était chasseur et sanguinaire. Les héros romains, qui sont descendus de ce roi, avaient les mêmes inclinations. Ésaü était roux ; les empereurs romains étaient vêtus de pourpre, et les cardinaux portent encore le rouge. Jésus-Christ était né sous la même planète de Mars, il était homme de sang ; c’est pourquoi il fut mis à mort avec une partie de ses disciples. Que d’impertinences !
Joseph, fils de Gorion, raconte la chose d’une manière plus historique ou pour mieux dire, plus fabuleuse. Tsépho, petit-fils d’Ésaü, détenu prisonnier en Égypte par Joseph, s’enfuit auprès d’Enée, roi de Carthage, qui le fit général de ses troupes ; Enée passa d’Afrique en Italie et battit deux fuis Turnus, roi de Bénévent, et lui enleva Lavinia qu’il voulait épouser. Pablus, neveu d’Enée, fut tué dans le combat, aussi bien que Turnus, et on leur éleva deux tours ou deux mausolées qui se voyaient encore entre Albe et Rome, lorsque cet historien écrivait ; l’un s’appelait Copablus, et l’autre, Cophurnus.
Les Africains commandés par Tsepho passèrent souvent en Italie pour y faire le dégât. Ce fut dans une de ces expéditions qu’ayant perdu un jeune veau, il le retrouva dans une caverne, où une bête monstrueuse qu’il tua demi-bouc et demi-homme, le dévorait. Les habitants délivrés de ce monstre honorèrent Tsepho comme un héros, et lui firent des offrandes et des libations. Ils lui donnèrent le nom de Janus, que portait la bête qu’il avait tuée, et celui de Saturne, qui est le nom d’une étoile qu’on adorait alors. Tel fut Tsepho, petit-fils d’Ésaü.
Latinus lui succéda, puis Enée le Troyen ; et longtemps après régna Romulus, fondateur de Rome. En ce temps-là David faisait la guerre aux Iduméens. Alors Adarezer et Zir, son petit-fils, officiers de David, abandonnèrent ce prince et se retirèrent en Italie, où ils bâtirent Albe l’Ancienne. Ils y régnérent, et leur postérité y demeurait encore au temps de Joseph, fils de Gorion, auteur de toutes ces sottises. J’en passe encore beaucoup pour ne pas abuser de la patience de mon lecteur. Et voilà comment les Iduméens par le moyen de Tsepho, et les Juifs par le moyen d’Adarezer et de Zir, s’établirent en Italie. Il est bon de faire de temps en temps connaître le caractère du génie des Juifs, par des traditions et des histoires de leur fabrique. On peut voir Basnage, Histoire des Juifs, t. 1.
Cette tradition n’est pas particulière aux Juifs ; elle est passée d’eux aux Arabes ; et on lit dans presque tous les auteurs musulmans qu’Ésaü eut un fils nommé Rouni, duquel sont descendus tous les empereurs grecs et romains. Enfin c’est une tradition commune à presque toutes les nations du Levant, qui ont quelque connaissance des livres sacrés, que du temps d’Abdon, juge des Hébreux, une colonie d’Iduméens passa en Italie où elle s’établit ; que Latinus régna parmi eux, et que Romulus, fondateur de Rouie, tirait d’eux son origine. Il y a beaucoup d’apparence que ces fables n’ont d’abord été inventées que pour autoriser les Juifs à donner parmi eux aux chrétiens toutes les malédictions que les livres saints donnent à Édom et aux Iduméens ; et ces choses une fois établies sont devenues la créance commune des Juifs et des Orientaux.
L’Empire Romain est désigné dans Daniel (Daniel 2.40) par l’empire de fer, qui brise et qui met en pièces tous les autres empires. C’est l’explication de presque tous les interprètes. Mais nous croyons que c’est plutôt l’empire des Lagides en Égypte, et des Séleucides en Syrie. On peut voir notre commentaire sur Daniel, 2.40. Je ne trouve pas dans les livres de l’Ancien Testament écrits en hébreu, les noms de Rome, ni des Romains, ni de l’Italie.
Mais dans les livres des Machabées et dans le Nouveau Testament, il en est souvent fait mention. Par exemple, il est dit (1 Machabées 8.1-3) que la réputation des Romains vint aux oreilles de Judas Machabée. Il apprit qu’ils étaient puissants, qu’ils étaient toujours prêts à accorder toutes les demandes qu’on leur faisait, qu’ils avaient fait amitié avec tous ceux qui s’étaient venus joindre à eux, que leur puissance était fort grande. Il avait aussi oui parler des grandes actions qu’ils avaient faites dans la Galatie, et comment ils s’étaient rendus maîtres de ces peuples, et les avaient rendus tributaires. Il avait aussi appris les conquétes qu’ils avaient faites en Espagne ; qu’ils avaient assujetti à leur empire des pays très-éloignés, et avaient vaincu des rois qui les étaient venus attaquer des extrémités du monde ; enfin qu’ils avaient vaincu Philippe et Persée, rois de Macédoine (ou des Céthéens), et Antiochus le Grand, roi de Syrie ; qu’ils l’avaient dépouillé d’une grande partie de ses provinces ; qu’ils avaient aussi réduit les Grecs, qui avaient voulu leur tenir tête ; en un mot, qu’ils faisaient régner tous ceux à qui fia voulaient assurer le royaume, et qu’au contraire ils le faisaient perdre à tous ceux à qui ils voulaient l’ôter ; que toutefois nul d’entre eux ne portait ni le diadème, ni la pourprè ; mais qu’ils avaient établi un sénat parmi eux composé.de trois cent vingt sénateurs, qu’ils consultaient tous les jours sur les affaires de la république ; qu’ils confiaient chaque année leur souveraine magistrature à un seul homme, pour commander dans tous leurs États ; et qu’ainsi tous obéissaient à un seul, sans qu’il y eût d’envie ni de jalousie parmi eux.
C’est ce que la réputation publiait des Romains dans la Judée, et c’est ce qui porta Judas Machabée à envoyer à Rotne deux ambassadeurs, pour faire amitié et alliance avec eux, et pour les prier de les délivrer du joug des Syriens, qui voulaient opprimer leur liberté et renverser leur religion. Ces ambassadeurs furent très-bien reçus des Romains ; et voici le rescrit qu’ils envoyèrent à Jérusalern, et qui demeura écrit à Rome sur des tables d’airain. : « Que les Romains et le peuple juif soient comblés de biens à jamais sur mer et sur terre, et que l’épée et l’ennemi s’écartent loin d’eux. S’il survient une guerre aux Romains ou à leurs alliés dans toute l’étendue de leur domination, les Juifs les assisteront avec une pleine volonté, selon que les circonstances le leur permettront, sans que les Romains soient tenus de rien fournir à ces troupes qui viendront à leur secours. Et réciproquement, s’il survient une guerre au peuple juif, les Romains les secourront de bonne foi, autant que les circonstances le leur permettront, sans que les Juifs soient obligés de rien fournir aux Romains qui les assisteront. Que si à l’avenir il plaît aux uns ou aux autres d’ajouter ou de retrancher à ce qui est écrit ici, ils le feront de concert ; et tout ce qui sera ôté ou ajouté demeurera ferme et stable. Et à l’égard des maux que Démétrius Soter a fait souffrir aux Juifs, nous lui avons écrit en ces termes : Pourquoi avez-vous accablé d’un joug si pesant les Juifs, qui sont nos amis et nos alliés ? Sachez donc que s’ils viennent se plaindre à nous de nouveau, nous leur ferons justice et nous vous attaquerons par terre et par mer. »
Telle fut la première alliance que les Juifs firent avec les Romains, l’an du monde 384.2, avant Jésus-Christ 158, avant l’ère vulgaire 162. Quelques années après, c’est-à-dire en 3860, avant Jésus-Christ 140, avant l’ère vulgaire 144, Jonathas, frère de Judas Machabée, voyant que le temps lui était favorable, envoya à Rome des députés pour renouveler l’alliance avec le sénat ; et le sénat leur donna des lettres adressées aux gouverneurs de chaque province, pour les faire conduire en paix jusque dans la Judée.
Enfin Simon Machabée frère de Judas et de Jonathas (1 Machabées 14.24), envoya à Rome, pour le même sujet, un ambassadeur nommé Numénius avec un grand bouclier d’or. Numénius y fut très-bien reçu ; le sénat lui accorda tout ce qu’il désirait ; et les Romains appelèrent les Juifs leurs amis, leurs alliés et leurs frères. Démétrius Nicator l’ayant appris, combla d’honneurs le grand prêtre Simon, le confirma dans la souveraine sacrificature, le déclara son ami et l’éleva à un haut degré de gloire.
Avant tout cela, et dès l’an 3841, avant Jésus-Christ 159, avant l’ère vulgaire 163, Ces légats romains Quintus, Memmius et Titus Manilius, envoyés en Syrie pour traiter de quelques affaires avec le roi Antiochus Eupator, s’intéressèrent à la tranquillité des Juifs, et leur écrivirent en ces termes : Nous vous accordons les mêmes choses que Lysias, parent du roi, vous a accordées. Et pour ce qui est de celles qu’il a cru devoir dire représentées au roi, envoyez quelqu’un au plus tôt, après en avoir bien délibéré entre vous, afin que nous ordonnions ce qui vous sera plus avantageux ; car nous allons à Antioche. C’est pourquoi hdtez-vous de nous écrire, afin que nous soyons informés de Tout ce que vous souhaitez.
Les Romains ont pris la ville de Jérusalem jusqu’à trois fois : la première, par les armes de Pompée, l’an du monde 3941, avant Jésus-Christ 59, avant l’ère vulgaire 63 ; la seconde, par Sosius, l’an du monde 3967, avant Jésus-Christ 33, avant l’ère vulgaire 37 ; et enfin la troisième, sous Tite, l’an du monde 4070, de Jésus-Christ 73, de l’ère vulgaire 70. Alors, et la ville et le temple furent entièrement détruits.
Ils réduisirent la Judée en province ; c’est-à-dire ils lui ôtèrent la qualité de royaume et le gouvernement royal, 1° après le bannissenient du roi Archélaüs, fils du grand Hérode, en l’an 9 de Jésus-Christ, qui était la sixième année de l’ère vulgaire ; et le pays fut en cet état jusqu’à l’an 40 de Jésus-Christ, qui était le 37e de l’ère vulgaire. 2° Elle fut de nouveau réduite en province après la mort du roi Agrippa, l’an de Jésus-Christ 47, qui est le 43e de l’ère vulgaire ; et elle demeura en cet état jusqu’à son entière ruine, arrivée l’an de Jésus-Christ 73, qui est le 70e de l’ère vulgaire.
Gouverneurs [lisez procurateurs] Romains qui ont gouverné [administré] la Judée depuis qu’elle fut réduite en Province. Voyez l’article Gouverneurs.
Épître de Saint Paul aux Romains a été mise à la tête des autres Épîtres de ce saint apôtre, non qu’elle soit la première des lettres qu’il a écrites, mais ou à cause de la dignité de l’Église romaine, à qui elle est adressée, ou à cause de l’excellence de sa matière, ou enfin à cause de la grandeur et de la sublimité des mystères qu’il y traite et qu’il y explique. Elle passe pour la plus relevée et la plus difficile des Épîtres de saint Paul. Saint Jérôme disait qu’il aurait fallu faire non un seul livre, mais plusieurs volumes, pour en donner l’explication ; et quelques-uns croient que c’est principalement de l’Épître aux Romains que saint Pierre a voulu parler, lorsqu’il a dit (2 Pierre 3.15) : Paul, notre frère, vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée, ainsi qu’il le fait dans toutes ses lettres, dans lesquelles il y a certaines choses difficiles à entendre, auxquelles des personnes peu instruites donnent un faux sens. Mais il est bon de remarquer que d’autres croient, avec assez de fondement, que ces paroles de saint Pierre regardent l’Épître de saint Paul aux Hébreux.
Le dessein de saint Paul, dans l’Épître aux Romains, est de faire cesser certaines disputes domestiques qui régnaient parmi les fidèles de Rome, et qui divisaient entre eux les Juifs convertis et les gentils devenus chrétiens. Les Juifs, fiers de leur naissance et des promesses faites à leurs pères, prétendaient conserver dans l’Église une certaine primauté au-dessus des gentils convertis, qu’ils ne considéraient que comme des étrangers à qui l’on avait, par pure grâce, accordé l’entrée dans la société des fidèles et dans la participation des prérogatives du christianisme. Les gentils, de leur côté, se sentant piqués des reproches des Juifs, relevaient le mérite de leurs propres sages et de leurs philosophes, la prudence de leurs législateurs, la pureté de leur morale, leur fidélité à suivre les règles de la loi naturelle. En même temps ils accusaient les Juifs d’infidélité envers Dieu, du violement de ses lois ; ils relevaient leurs crimes et ceux de leurs pères, qui avaient fait exclure la plupart d’entre eux de l’héritage des saints et du don de la foi ; au lieu que les gentils, s’étant trouvés moins coupables qu’eux aux yeux de Dieu, avaient mérité d’être appelés à la foi, à leur exclusion.
Saint Paul, pour terminer ces différends, s’applique à réprimer la présomption des Juifs et des gentils convertis ; il relève les égarements des uns et des autres, et montre que n’ayant d’eux-mêmes aucuns mérites, ils n’ont aucun sujet de se glorifier ni de se vanter de leur vocation, qui est une pure grâce de la miséricorde de Dieu ll fait voir que quand même les Juifs auraient observé la loi de Moïse, et les gentils la loi naturelle, cela n’aurait pu leur mériter la grâce de la vocation ni de la justification ; qu’il n’y a que la foi en Jésus-Christ, animée par la charité et accompagnée des bonnes œuvres morales, qui soit capable de nous justifier ; que sans la foi le reste ne sert de rien. Il répond, en passant, à quelques objections qui se tirent des principes qu’il a établis : par exemple, sur la vocation gratuite et la réprobation absolue des Juifs et des gentils, sur l’inutilité des œuvres de la loi sans la foi, sur la supériorité des Juifs au-dessus des gentils, sur l’infaillibilité des promesses de Dieu : ce qui le conduit dans la discussion du mystère de la prédestination et de la réprobation, qui, quoiqu’en quelque sorte étranger à son premier dessein, ne laisse pas de former la principale partie de cette Épître, et de renfermer ses plus grandes difficultés.
Dans les chapitres 12, 13, 14, 15 il leur donne d’excellentes règles de morale sur l’union qui doit régner entre eux et sur la condescendance mutuelle qu’ils doivent avoir, de peur de se scandaliser et de s’offenser par certaines libertés indiscrètes. Il attaque les faux apôtres et exhorte les fidèles à les éviter. Le chapitre 16 ne calaient que des civilités et des recommandations qu’il fait à certaines personnes qu’il salue. La lettre fut écrite l’an 58 de l’ère vulgaire, Mies la ville de Corinthe, d’où saint Paul devait partir incessamment pour porter à Jérusalem les aumônes des fidèles. Phébé, diaconisse de l’Église de Cenchrée, près Corinthe, fut la porteuse de cette lettre. On n’a jamais douté de son authenticité ; et quoiqu’elle ait été envoyée aux Romains, elle a pourtant été écrite en grec. Tertius en fut le secrétaire.
Les Marcionites faisaient de grands retranchements dans les Épîtres de saint Paul ; surtout dans celle aux Romains, dont ils supprimaient les deux derniers chapitres tout entiers. Il y a quelque apparence que saint Paul avait d’abord eu dessein de finir l’Épître aux Romains à la fin du chapitre 14 ; mais, qu’ayant eu quelque loisir, il y ajouta les deux derniers chapitres. Le chapitre 15 où l’on voit cette conclusion : Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Ainsi soit-il, paraît marquer une lettre achevée. On voit la même conclusion jusqu’à trois fois (Romains 16.20-24,27) dans le chapitre 16 ce qui fait croire qu’il a été composé à diverses reprises.