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Rhodes
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Île et ville célèbre de l’Archipel, ayant cent mille pas de circuit. Son nom ancien est Astérie,Ophiuse et Ethérée. Le nom de Rhodes, qui signifie en grec une rose, lui vient, ou de la nymphe Rhodie, qu’Apollon aima, et qui fut changée en rose, ou de la quantité et de la beauté des roses qu’on y voit. Cette ville est principalement fameuse par son colosse de bronze, haut de cent cinq pieds, qui fut fait par Charès de Lyndes. Il ne subsista dans sa perfection que cinquante six ans, ayant été renversé par un tremblement de terre sous le règne de Ptolémée III surnommé Èvergètes, roi d’Égypte, qui commença à régner l’an du monde 3758, avant l’ère vulgaire 246. Les Sarrasins le brisèrent entièrement sous l’empire de Constant II et l’on chargea, dit-on, neuf cents chameaux de l’airain qu’on en tira. On fut douze ans à le faire, et on y dépensa trois cents talents. On dit que ce colosse était si grand, que nul homme n’aurait pu embrasser son pouce. On avait rempli la capacité de cette grande masse par de grosses pierres, pour lui donner du poids et pour empêcher qu’il ne fût renversé par les vents et par la tempête. Il était posé dans le port de Rhodes, ayant les deux jambes étendues et posées sur deux piédestaux ; en sorte que les vaisseaux entrant dans le port, passaient aisément entre deux. Il y en a qui veulent que les Colossiens, à qui saint Paul a adressé une de ses Épîtres, aient été les Rhodiens : mais ce sentiment n’est nullement fondé. Voyez Colossiens. Saint Paul allant à Jérusalem l’an de Jésus-Christ 58 alla de Milet à Cos, de Cos à l’île de Rhodes (Actes 21.1), et de là à Patare en Lycie.

Les Septante dans la Genèse (Genèse 10.4), mettent les Rhodiens parmi les enfants de Javan. Ils ont lu apparemment dans l’Hébreu Rhodanim, au lieu de Dodanim. Le texte samaritain lit aussi Rhodanim dans ce même endroit, et l’Hébreu lit de même au premier livre des Paralipomènes (1 Chroniques 1.7). Eusèbe, saint Jérôme et saint Isidore suivent les Septante et croient que l’île de Rhodes a été peuplée par les Rhodanim descendus de Javan. Bochart ne refuse pas d’admettre la leçon qui porte Rhodanim : mais il soutient que ce terme ne peut pas signifier en cet endroit les Rhodiens, qui sont trop récents pour avoir été établis par un fils immédiat de Javan. Il croit que Moïse en cet endroit a plutôt voulu désigner les peuples des Gaules, qui sont sur la Méditerranée, vers les enabouchuresdu Rhône, aux environs de Marseille, où l’on trouve un canton nommé Rhodanusia et une ville de même nom.

Les mêmes Septante sur Ézéchiel (Ézéchiel 27.15) ont traduit, les enfants des Rhodiens, au lieu des enfants de Dedan qu’on lit dans l’Hébreu. Ils y lisaient apparemment les fils de Redan ou Bodan ; Mais dans la Genèse (Genèse 10.7), ils ont lu comme l’Hébreu Dedan. Dans l’écriture hébraïque rien n’est plus aisé que de confondre le Daleth avec le Resch : Si le texte de la Genèse ne nous déterminait à Dadan, on pourrait recevoir les Rhodiens dans Ézéchiel ; car du temps de ce prophète il est très-croyable que cette île était bien peuplée.

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