A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Animal ainsi nommé, parce qu’il a une corne sur le nez. Il y a plusieurs animaux qui ont ainsi des cornes sur le nez ou sur le front, que l’on a souvent confondus ensemble, et qui ne sont pas encore trop bien distingués dans l’histoire des animaux. Voyez ce que nous avons dit ci-devant sous le nom de Licorne. Le nom de rhinocéros se trouve dans la Vulgate en ces endroits : (Nombres 23.22 ; 24.8 ; Deutéronome 33.17 ; Job 39.9-10). L’hébreu réem se traduit, dans la Vulgate et dans les Septante, assez indifféremment par monoceros, unicornis, ou rhinoceros.
Les Arabes et les Persans appellent kerkhedan l’animal que les Hébreux nomment réera, et nous rhinocéros. On le trouve pricipalement dans l’île de Rami, en la mer des Indes, éloignée de l’île de Sérendib de trois journées de navigation. Le kerkhedan est plus petit que l’éléphant, et plus gros que le buffle ; il a une bosse sous le ventre, semblable à celle que le chameau a sur le dos ; il porte une corne fort grosse sur le nez, dont les rois des Indes se servent à table ; car elle sue à l’approche de quelque venin que ce soit. Cette corne, étant fendue par le milieu, représente la figure d’un homme, tirée avec des lignes blanches, parmi lesquelles on voit aussi des figures d’oiseaux.
Le père le Comte dit que le rhinocéros est de la longueur de l’éléphant ; mais qu’il a les jambes plus courtes et la corne du pied fendue. C’est un des animaux les plus singuliers qui soient au monde. Il a quelque chose de semblable au sanglier, si ce n’est qu’il est beaucoup plus grand, que ses pieds sont plus gros et son corps plus lourd ; sa peau est toute couverte d’écailles noirâtres, larges et épaisses, qui sont d’une dureté extraordinaire et divisées en petits carrés ou boutons élevés environ d’une ligne au-dèssus de la peau, à-peu-près comme celle du crocodille ; ses jambes paraissent engagées dans des espèces de bottes, et sa tête enveloppée par derrière d’une espèce de capuchon aplati, ce qui lui a fait donner par les Portugais le nom de moine des Indes.
Sa tête est grosse, sa bouche peu fendue, son museau allongé, et armé d’une grosse et longue corne qui le rend terrible aux tigres même, aux buffles et aux éléphants. Mais ce qui paraît encore de plus merveilleux en cet animal est la langue que la nature a couverte d’une membrane si rude, qu’elle n’est guère différente d’une lime ; ainsi il écorche tout ce qu’il veut lécher, et il mange avec plaisir des branches d’arbres, hérissées de toute part de grosses épines, il les plie avec adresse sur sa langue, et les brise dans sa bouche sans s’incommoder. Festus dit qu’on le chasse pour avoir sa peau, qui est très-dure et très-forte, étant toute couverte d’écailles et épaisse de quatre doigts : on en fait des cottes d’armes, des boucliers et des sors de charrue.