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Campement des Israélites dans le désert. De Hazeroth ils arrivèrent à Rethma, et de Rethma ils allèrent à Remmon Pharez (Nombres 33.18). Ce campement devait être dans le désert de Pharan, pas loin de Cadès-Barné [Suivant notre auteur, Rethma est tantôt la dix-septième station (Voyez sa Table chronologique, à la tête du tome 1 pages xv), et tantôt la vingt et unième. Barbie du Bocage l’indique la quatorzième. C’est plutôt la quinzième, comme le dit le géographe de la Bible de Vence et que le démontre M. Léon de La-borde, dans son Commentaire sur l’Exode et les Nombres. Voyez Marches et campements.
Nous allons emprunter de ce savant voyageur ce qu’il dit au sujet de la station de Rethma.
(Nombres 23.18) : De Hazeroth les Israélites vinrent à Rethma. Nous sommes dans le désert de Pharan à trois journées du Sinaï, et ici commence une période d’hésitation et d’irrésolution qu’il faut examiner, parce qu’elle va nous expliquer l’itinéraire indécis, et, pour ainsi dire, sans but que les Israélites vont suivre : pendant quelque temps.
Mais, avant d’entrer dans ce détail, fixons d’une manière plus précise la topographie, qui dévie sensiblement à partir du chapitre 33 des Nombres, qui contient le journal du voyage, en s’altérant dans le récit que les Nombres nous avaient donné précédemment, et en devenant presque contradictoire dans les réminiscences du Deutéronome. Hâtons-nous de dire que ces altérations et ces contradictions ne sont qu’apparentes, et qu’un examen sérieux rétablira entre les différentes parties du Pentateuque, dont Goethe a vu, dans son imagination, sa rédaction si étrange et même si maladroite, une harmonie qui fait la valeur de cet ouvrage.
En quittant Hazeroth, le peuple d’Israël se rend à Rethma (ceci se rapporte au journal, chapitre 33), qui est dans le désert de Pharan (voilà pour le récit Nombres 13.1). C’est d’ici que partent les espions ; mais c’est à Cadès qu’ils rapportent le résultat de leur mission ; c’est là qu’elle produit son effet fatal sur le courage des Israélites ; c’est là enfin que se dénoue le drame, là que le récit, de même que les réminiscences consignées dans le Deutéronome (De I) ont confondu le point de départ avec l’arrivée, en omettant une série de campements qui n’avaient aucun intérêt, puisque ce n’étaient que des stations d’attente, qui ne fournissaient aucun événement au récit.
La position de Rethma est indiquée par trois raisons : sa distance à trois journées du Sinaï, sa direction sur la route de la Syrie sa position près des montagnes qui bordent le plateau de la Syrie et en forment jusqu’à Cadès et Ouadi Araba les limites les plus étendues Un lieu et une source, nommés Ramathim par les voyageurs, conviennent sous tous les rapports à cette station ; on remarquera même dans les noms une analogie, sur laquelle toutefois je ne veux pas itssister, car ces analogies sont plus souvent l’occasion d’erreurs funestes que d’heureux rapprochemens : j’en citerai un exemple à propos de ce désert de Pharan. Il existe, comme on l’a vu, à l’ouest du Sinaï, une Ouadi-Feyran que les Israélites durent suivre en venant de l’Égypte à la montagne de Dieu : c’est au milieu de ces palmiers, à côté de ces sources abondantes qu’on doit placer Duphca et Alus. Des voyageurs et bon nombre de commentateurs se laissèrent prendre à cette similitude de noms ; mais Nicbuhr et après lui Burckhardt, qui eux aussi n’avaient pas entendu le nom de Ouadi-Feyran sans être frappés de cette analogie avec le Pharan de la Bible, combattirent cette opinion. Burckhardt traduit un passage de Makrisy, qui déjà affirmait que ce Pharan n’est pas le même que celui des livres de Moïse ; l’un était au sud, l’autre au nord de ia montagne de Tyh ; le premier n’est qu’une vallée, le second tout un désert, qui forme, dans Dicuil, les limites septentrionales de l’Arabie Troglodyte ou Pétrée. Voici le passage de ce moine irlandais : « Les Arabies sont bornées à l’orient par le golfe Pernique, à l’occident par le Nil, au nord par Pharan et l’Arabie Nabathéenne, et au midi par la mer Rouge. »
Ce désert de Pharan est bien évidemment sur le parallèle du mont Hor et de l’Arabie Nabothéenne, dont Pétra, près du mont Hor, était la capitale : il ne peut être confondu avec le Pharan ou Feyran de la péninsule.
Il est difficile de découvrir dans quelle source Dicuil avait puisé ses renseignements ; sou livre De mensura orbis ierrce, publié pour la première fois par M. le baron Walckenaer, et refait, pour ainsi dire, par M. Letronne, avec une sagacité rétrospective admirable, semble n’être qu’un rapiécetage de lambeaux détachés d’ouvrages anciens et de descriptions de pèlerinages contemporains. Il s’y trouve de fort anciens fragments, et celui-ci pourrait être du nombre.
Rethma est la station la plus rapprochée de la terre promise après les trois journées de marche ; c’est celle qui suit Hazeroth, et qui correspond à la station du désert de Pharan ; c’est donc le lieu d’où partirent les espions qui devaient examiner la fertilité de la terre promise.
Depuis le Sinaï, Moïse semblait avoir l’intention de surprendre ses ennemis et de pénétrer résolument sur leur territoire, en droite ligne et sans s’arrêter ; mais à peine eut-on marché trois journées, que ce chef comprit aux murmures, aux séditions des Israélites, que ce n’était pas avec une armée aussi faible qu’il pouvait aborder de front les peuplades lus plus aguerries. Lorsque Israël vint le prier d’envoyer reconnaître le pays, il y consentit, parce qu’il comptait sur l’aspect de sa fertilité comme sur un moyen propre à exciter le courage de cette multitude indécise. Il choisit donc dans chaque tribu un homme dont le témoignage pût servir à appuyer ses promesses, et je rappellerai les instructions qu’il donne à ces espions, à ces explorateurs d’un pays que les Hébreux devaient un jour conquérir par lamain de Dieu et malgré leur irrésolution.
(Nombres 23.18-21) : Moïse les envoya donc pour considérer la terre de Chanaan, et il leur dit : Montez du côté du midi, et lorsque vous serez arrivés aux montagnes, considérez la terre, ce qu’elle est, et, le peuple qui l’habite, s’il est fort ou faible, s’il est nombreux ou en petit nombre ; si la terre est bonne ou mauvaise ; si les villes sont fortifiées ou sans murailles ; si la terre est grasse ou maigre ; s’il y a des bois ou si elle est sans arbres ; ayez bon courage et apportez nous des fruits de cette terre. Or, c’était le temps des raisins nouveaux.
Ces instructions sont aussi détaillées, aussi précises, que les envoyés peuvent le désirer ; elles résument, on le comprend, les réponses à toutes les promesses et à toutes les espérances.de Moïse, comme à toutes les incrédulités et à toutes les craintes des Israélites.
Montez par le midi, et lorsque vous arriverez aux montagnes (ceci nous indique la route qu’ils doivent tenir entre la Mer Morte et ladite de la Méditerranée), considérez (pour Moïse) quelle est cette terre ; si elle est bonne ou mauvaise, si le territoire est gras ou stérile, s’il porte des arbres ou s’il n’en porte pas ; ayez bon courage, et apportez-nous des fruits de la terre (Pour les Hébreux), quel est le peuple qui l’habite, s’il est fort ou faible, s’il a peu ou beaucoup d’habitants ; s’il a des villes et quelles villes ; si elles ont des murs ou si elles n’en ont pas.
On était alors au printemps c’est la saison qui précède le temps des raisins, des grenades et des figues ; tous ces fruits succulents de la Palestine, au Moment du départ des espions étaient arrivés à l’état de première maturité, et devaient être cueillis par eux, lors de leur retour, dans le mois d’août. J’adopte la traduction des Septante, qui souffre moins de difficultés que celle de la Vulgate : Et c’étaient les jours du printemps précurseurs du raisin. Même en admettant, comme on l’a fait, deux récoltes de raisins, l’une en août, l’autre en septembre, il est impossible de faire concorder la maturité des raisins avec le départ et avec le retour des envoyés, qui, pour parvenir à Rohob, à l’extrémité du nord de la Palestine, et à Hamath, sur les bords de l’Oronte, avaient besoin d’un long temps (le chiffre de 40 jours n’a pas un caractère de précision), car ils firent le tour du pays (Nombres 14.7-24).
La vallée des Raisins doit être cherchée dans les environs de Bethléem ; encore aujourd’hui les Bethléémites y cultivent la vigne. La grappe de raisin, portée par, deux hommes, est devenue célèbre et en même temps on en fait un texte d’incrédulité et do plaisanteries. Ce fait n’a cependant rien que de naturel, et encore aujourd’hui, si j’envoyais du désert deux Arabes chercher à Bethléem une grappe de raisin qu’ils eussent intérêt à rapporter intacte et dans sa plus grande conservation, ils ne feraient pas autrement ; car il est impossible de supposer qu’on puisse porter à la main, dans un trajet de 65 lieues, une charge de 10 à 15 livres et de 2 à 3 pieds de longueur. C’est en effet à ce poids et à cette ampleur que le raisin parvient dans la Syrie et l’Asie Mineure. C’est une espèce qui se rapproche du raisin de Portugal pour le goût, et de notre plus énorme verjus pour la forme et la disposition des grappes. J’ai donné dans mon Voyage d’Arabie la proportion des grains du raisin, je la maintiens toujours pour exacte, et j’ajouterai que le tronc de la vigne atteint une grosseur, et les branches une étendue dont nous n’avons pas d’exemple en Europe. Ce n’est donc qu’un fait naturel ; les espions marchaient à pied et n’avaient point avec eux de bêtes de somme ; ils avaient dû, moins à cause du poids que par précaution, se mettre à deux pour rapporter aux Israélites un témoignage aussi évident de leurs assertions.
Il me paraît inutile de rappeler les passages des voyageurs qui confirment cette manière de voir ; si j’ai mérité quelque créance, mon témoignage suffira ; il ne serait pas plus utile de rapporter les passages de Pline ; Strabon, etc., etc., qui, sans connaître l’autorité respectable que nous possédons, croyaient à une fertilité aussi grande, par suite des témoignages de leurs informations ordinaires
Je rappellerai seulement que dans la Genèse il est dit : « Il attachera son ânon à la vigne, » ce que suppose un véritable arbre, et « Il lavera son vêtement dans le vin, » ce qui indique la plus grande abondance ; les espions ne faisaient donc que confirmer devant le peuple des faits dont ses ancêtres avaient été les témoins.
Le Seigneur avait annoncé à son peuple cette richesse de la terre promise, cette fertilité de son sol ; le rapport des espions n’était que la confirmation de ses promesses, il avait dit : « Quand le Seigneur t’aura livré de grandes et très-bonnes villes que tu n’as point bâties ; et des maisons remplies de richesses que tu n’as point construites, et des puits que tu n’as point creusés, des vignes et des oliviers que tu n’as point plantés, etc. »
Voilà donc l’indication de ces villes fortes, dont nous n’avons à la vérité aucune idée exacte, mais telles que les Hébreux sous Josué nous aident par le récit de leurs attaques à en comprendre la disposition stratégique, les plantations des vignes et tout ce que nous savons être la richesse de la Syrie, ses torrents et ses sources dans certaines parties ; dans d’autres ses citernes taillées avec tant de patience dans le roc vif, sous les maisons, en plein air : les premières, comme de vastes salles, soutenues de colonnes ; les autres, comme d’immenses bassins, de véritables lacs contenus dans des auges colossales.
Les plantations d’oliviers ne sont pas aujourd’hui une des moindres richesses de la Syrie, et sont citées à bon droit dans les Écritures comme preuve de la bonté du pays et comme terme de comparaison tiré d’un objet qu’on a continuellement sous les yeux.
Les espions rapportèrent aussi des grenades et des figues, citées parmi les richesses du sol ; le nom des premières, rimmon, signait plusieurs lieux de la terre promise. Il est inutile de parler de ces fruits qui n’offrent en Orient rien de particulier que la grandeur de leurs feuillages et la grosseur de leurs proportions ; on trouve d’ailleurs ces mêmes fruits en Europe, dans le midi de la France, dans l’Espagne, l’Italie. Je rappellerai seulement que les raisins et les grenades étaient restés dans les souvenirs que les Hébreux gardaient de leur séjour en Égypte, et qu’ils s’étaient plaints à Moïse de les avoir amenés dans un désert où ces fruits ne poussaient pas. C’était donc exciter leur espérance et leur courage que de s’adresser ainsi directement à leurs regrets.
Les espions ne reviennent point à la station ou, aux campements de Reihma, qu’ils avaient quittés ; mais « ils vinrent voir Moïse dans le désert de Pharan, qui est vers Cadès, » c’est-à-dire qu’en partant, et comma cela se passe chez les peuples nomades, ils étaient instruits de la direction que prendraient les campements de manière à pouvoir les retrouver dans le désert. Moïse avait pu leur dire qu’après un mois ou deux, après avoir profité de la verdure des vallées du désert de Pharan, il se rapprocherait d’eux vers Cadès, aux extrémités de ce désert et de celui de Sin, et en effet, ils le rejoignirent dans ce lieu. La vie des pasteurs a ce genre d’exigences …