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En latin vulpes, en grec alôpex, en hébreu sual ; animal fort connu et fort célèbre principalement par ses ruses. L’Écriture en fait mention en plusieurs endroits. Elle dit, par exemple, que Samson prit trois cents renards, qu’il attacha les uns aux autres deux à deux par la queue, et qu’ayant mis au milieu de la corde qui les liait un brandon ou un falot allumé, il les lâcha dans les moissons des Philistins, et que ces animaux y mirent le feu (Juges 15.4-5). De là ils passèrent dans les plants d’oliviers, qu’ils brûlèrent aussi. On s’étonne avec raison que Samson ait pu ramasser un si grand nombre de renards. Mais on répond qu’en ce pays-là les renards sont très-fréquents ; ce qui se prouve aisément et par l’Écriture et par le témoignage des voyageurs. Salomon, dans le Cantique des Cantiques (Can 2.15), dit que les jeunes renards ravageaient ses vignes. Jérémie (Lamentations 3.18) dit que les renards parcourent le mont de Sion, qui est abandonné. On trouve quelques cantons et quelques villes de la Palestine qui tirent leur nom des renards, sans doute à cause du grand nombre de ces animaux qui y étaient : par exemple, la terre de Sual, ou du Renard (1 Samuel 23.17). Hazer-Sual, la demeure du Renard, ville de Juda, ou de Siméon (Josué 15.28 ; 9.3), et la ville de Saalabint, appartenant à la tribu de Dan (Josué 19.42), dont était Samson.
Belon assure qu’il y a dans la Palestine, surtout aux environs de Césarée, une espèce d’animal, qui tient du loup et du renard, en si grande quantité, qu’on en voit quelquefois des troupes de deux et trois cents. M. Morizon, qui a voyagé dans le même pays, dit qu’il fourmille de renards, et qu’ils y sont en très-grand nombre dans les haies et dans les ruines. Ajoutez que Samson put employer beaucoup de monde pour attraper ce grand nombre de renards, et s’y prendre assez longtemps auparavant. Nul animal n’était plus propre que le renard à son dessein, surtout les ayant accouplés deux à deux ; car cet animal court avec assez de rapidité ; mais il use de détours, et ne va pas droit, courant tantôt d’un côté, et tantôt d’un autre ; ainsi, pendant que l’un tirait d’une part, et l’autre de l’autre, ils portaient le feu dans tous les champs des Philistins, et ne pouvaient aisément gagner les bois, ni les trous des rochers, où leurs falots se seraient éteints, et auraient rendu ta ruse de Samson inutile. Voyez les commentateurs sur le chapitre 15 des Juges.
Le renard fait d’ordinaire de grands dégâts aux vignes, quand elles sont chargées de fruits. Nous avons vu ci-devant que l’Époux du Cantique prie que l’on prenne les renards qui, gâtaient ses vignes. Gallien dit que les chasseurs mangent du renard pendant l’automne, parce qu’alors il est engraissé des raisins. On sait la fable du raisin et du renard. Le Sauveur dans l’Évangile (Matthieu 8.2 Luc 9.58), pour donner une idée de son extrême pauvreté, dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer, sa tête. En effet les renards se creusènt des tanières ; mais ils y laissent plusieurs issues, afin que si les chasseurs mettent des lacets à une des sorties, ils s’échappent par les autres.
Ézéchiel (Ézéchiel 13.4) compare les faux prophètes aux renards ; soit qu’il veuille par là relever leurs ruses et leur hypocrisie, qui leur faisaient imiter les vrais prophètes, et se couvrir de peaux de moutons, quoiqu’ils ne fussent que des loups ravissants ; soit qu’il veuille marquer que ces faux prophètes, au lieu de soutenir Jérusalem, ne cherchaient qu’à la détruire, en creusant, pour ainsi dire, sous ses murailles, et en ébranlant ses fondements. Jésus-Christ (Luc 13.32) donne à Hérode, tétrarque de Galilée, le nom de renard, sans doute pour désigner ses ruses et les raffinements de sa politique. Tobie Ammonite voulant railler les Hébreux qui travaillaiènt à rebâtir les murs de Jérusalem (Néhémie 4.3), leur disait en leur insultant : Laissons-les faire ; s’il vient un renard, il sautera aisément pardessus leur mur ; ou il les démolira, s’il se met à le creuser par-dessous.