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Ramessé
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

ou Ramessès, [ou Rhamsès]. On connaît plusieurs rois d’Égypte du nom de Ramessès. Syncelle en nomme six ; savoir :

I. Ramessés, successeur d’Usé, qui régna vingt-neuf ans.

II. Ramessé-Ménes, quinze ans.

III. Ramessé-Séos, vingt-trois ans.

IV. Ramessé-Ménos, dix-neuf ans.

V. Ramessé-Tubaété, trente-neuf ans

VI. Ramessé-Vaphres, vint-neuf ans.

Tous ces princes ont régné de suite, si ce n’est qu’entre le second et le troisième il y en a eu un nommé Thusimarès. Le même Syncelle parle encore ailleurs d’un autre Ramessès, qu’il place entre Armais et Aménophis, rois d’Égypte ; et encore d’un nommé Rhampsis, qu’il place entre Kertos el Aménémès.

Manéthon parle de Ramessès ou Armessès, et de Ramessès Mimant, prédécesseur d’Aménophis. Nous avons déjà averti ailleurs que la chronologie des anciens rois d’Égypte était fort embarrassée, et que l’on ne savait que très-peu de choses des actions de ces princes. Ussérius place le règne de Ramessès, successeur d’Armaïs, sous l’an du monde 2426, avant Jésus-Christ 1574, avant l’ère vulgaire 1578. Il ne régna qu’un an et quatre mois. Ramessès Itliamum lui succéda, l’an du monde 24.27, et régna soixante-six ans et deux mois. Il eut pour successeur Aménophis. Ussérius croit que Ramessès est ce roi nouveau qui opprima les Israélites dans l’Égypte, et qui ne connaissait point les services que Joseph avait rendus au pays (Exode 1.8). Ce fut lui qui fit bâtir les villes dè Pithom et de Ramessès, et qui, ayant voulu poursuivre les Israélites au passage de la mer Rouge, fut submergé dans ses eaux avec toute son armée (Exode 14.28).

Marsham place ce Ramessès dans le seizième siècle de l’ère égyptienne, qui répond aux règnes de Joas, Amasias, Azarias, Joatitan et Achaz, rois de Juda. Il croit que c’est lui qui fit faire le fameux obélisque dont nous parlent Pline, Hermapion et Ammien Marcellin, et qu’on voit encore aujourd’hui à Rome devant l’église de Latran. Les éloges magnifiques de ce prince qu’on lit, sur cet obélisque en caractères hiéroglyphiques et l’empire du monde qu’on lui attribue ne conviennent, selon Marsham, qu’à un successeur de Sésostris, qu’il croit de beaucoup postérieur à Moïse. [Voyez Pharaon].

Pline dit que Ramessès qui fit faire le grand obélisque dont nous venons de parler régnait en Égypte dans le temps de la prise de Troie ; que cet obélisque avait quatre-vingt-dix-neuf pieds de haut, et quatre de large ; que vingt mille hommes travaillèrent à le tailler, et que quand on voulut l’élever dans la ville d’Héliopolis, le roi, pour réveiller l’attention, la diligence et les soins des ouvriers, fit attacher son propre fils au, haut de l’aiguille afin qu’ils la soulevassent plus sûrement et avec plus de précaution, dans la crainte de tuer le jeune prince.

Cambyse, roi de Perse, ayant mis le feu à la ville d’Héliopolis, fut touché de la beauté de ce monument, et fit éteindre la flamme qui gagnait le pied de l’obélisque. L’empereur Auguste, qui en fit transporter deux autres de l’Égypte à Rome, n’osa toucher à celui-là. Le grand Constantin résolut de l’ôter du lieu où il était, pour le transporter à Rome ; mais la mort l’ayant surpris avant qu’il eût pu exécuter sa résolution, l’obélisque ne fut mené que jusqu’à Alexandrie. L’empereur Constance, son fils, le fit conduire à Rome, et le plaça dans le grand cirque. On ne sait combien il y subsista ni quand il fut renversé ; mais Sixte V l’ayant tiré de terre, et l’ayant réparé autant qu’il fut possible, le fit élever en 1588, au-devant du portail de l’église de Latran, où il est encore aujourd’hui.

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