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Hôtelière de la ville de Jéricho qui reçut chez elle et cacha les espions que Josué envoyait pour considérer la ville. Le texte Hébreu (Tobie 8.22-24) la nomme Zona ; ce que saint Jérôme et plusieurs autres entendent d’une femme débauchée. Mais d’autres croient qu’elle était simplement hôtelière, et que c’est la vraie signification du terme de l’original. Si elle eût été une femme de mauvaise vie, Salmon, qui était prince de la tribu, de Juda, l’aurait-il voulu épouser ; même l’aurait-il pu selon la loi ? De plus les espions de
Josué auraient-ils été loger chez une femme publique, une prostituée ? Cela convenait-il à une commission aussi périlleuse et aussi délicate que celle dont ils étaient chargée. Ceux qui veulent qu’elle ait été une femme débauchée disent qu’apparemment elle était de ces femmes qui se prostituaient en l’honneur des divinités païennes ; comme si, cela diminuait son crime ou la honte de sa profession, s’il est vrai qu’elle eût été femme publique.
Quoi qu’il en soit de la profession de Rahab, les espions de Josué étant entrés chez elle, on en donna aussitôt avis, au roi de Jéricho qui envoya dire à Rahab de faire sortir les hommes qu’elle avait reçus chez elle. Mais cette femme les cacha et dit aux, envoyés (Josué 2.3-5) : Il est vrai qu’ils sont venus chez moi ; mais je ne savais d’où ils étaient, et lorsqu’on fermait les portes de la ville, ils sont sortis et je ne sais où ils sont allés : poursuivez-les vite, et vous les atteindrez. On les poursuivit aussitôt, mais en vain, puisqu’ils étaient cachés sur la terasse de la maison de Rahab.
Lorsque ceux que le roi avait envoyés furent partis, Rahab monta sur la terrasse ou sur le toit de la maison, et dit aux deux
Israélites : Je sais que le Seigneur vous a livré ce pays ; la terreur de votre nom nous a saisis, et tout notre peuple est dans l’abattement : promettez-moi donc que vous me sauverez la vie, à moi et à ma famille, lorsque vous entrerez dans cette ville. Les espions le lui promirent avec serment, et lui dirent de mettre à sa fenêtre un cordon d’écarlate afin que l’on pût reconnaître sa maison, Iorsque Israël entrerait dans Jéricho. Si l’on touche à quelqu’un des vôtres, qui seront alors dans votre maison, leur sang retombera sur nous, Mais s’ils demeurent au dehors, leur sang retombera sur leurs têtes ; et nous n’en serons pas coupables.
Ayant tiré deux ces promesses, elle les descendit par une corde qu’elle attacha à sa fenêtre ; car sa maison tenait aux murs de la ville ; et elle leur dit : Allez du côté des montagnes, de peur que ceux qu’on a envoyés après vous ne vous rencontrent quand ils reviendront et demeurez là pendant trois jours, jusqu’à ce qu’ils soient de retour ; après cela, vous reprendrez votre chemin. Ces espions suivirent le conseil de Rahab, et au bout de trois jours étant retournés vers Josué, lui racontèrent ce qu’ils avaient appris à Jéricho, et ce qui leur était arrivé, et les promesses qu’ils avaient faites à Rahab leur bienfaitrice. Quelque temps après, tout le peuple ayant fait pendant six jours le tour de Jéricho en silence, Josué dit à tout lsraël de faire le même tour une septième fois, et qu’aussitôt que les prêtres sonneraient de la trompette ils jetassent un grand cri (Josué 6.16-17). Il ajouta : Que toute la ville et tout ce qui s’y rencontrera soit dévoué à l’anathème ; que la seule Rahab, et ceux qui se trouveront dans sa maison, aient la vie sauve.
Les ordres de Josué furent exécutés. La ville fut prise, ses murailles s’étant renversées aux cris des Hébreux. Tout fut dévoué à l’anathème : Josué envoya les deux espions dans la maison de Rabab, pour la faire sortir avec ses parents, afin qu’il ne leur fût fait ni tort ni violence. Après qu’ils furent sortis, Josué fit mettre le feu à la ville, et maudit celui qui la rebâtirait. Rahab épousa Salmon, prince de Juda, de qui elle eut Booz. Booz fut père d’Obed, et Obed d’Isaïe, père du roi David (Ruth 4.20). Ainsi, Christ a voulu que cette Chananéenne fût au nombre de ses aïeules.(Matthieu 1.5). Dans les Paradipomènes (1 Chroniques 2.11), il est dit que Nahasson eut pour fils Salma. C’est le même que Salmon. Saint Paul (Hébreux 11.31) relève la foi de Rahab, qui évita le souverain, malheur, ayant reçu et caché les espions [Voyez Jéricho, et Josué]
Le Psalmiste (Psaumes 56.4) parle d’une Rahab différente de celle dont nous venons de parler. Il en est encore fait mention dans l’Hébreu du psaume (Psaumes 88.11). L’Hébreu : vous avez abattu Rahab (L’Égyptien) comme un homme qui est percé de coups. Isaïe (Isaïe 51.9 ; 30.7), se sert du même terme Rahab, pour désigner la perte de Pharaon et de son armée dans la mer Rouge. Voyez aussi (Job 26.12). Prudentia ejus percussit superbum ; l’Hébreu Rahab. Les plus habiles commentateurs l’expliquent de l’Égypte, et en particulier de cette partie de la basse Égypte qui est nommée le Delta, à cause de sa figure, qui a quelque rapport à cette lettre, ou à un triangle, dont la base est appuyée sur la Méditerranée. On appelle encore à présent cette partie de l’Égypte Rib ou Rif, la poire, à cause de sa figure, qui approche de celle d’une poire.
M. d’Herbelot, dans sa Bibliothèque orientale, dit que le nom de Rif se donne à cette partie de l’Égypte qui commence au Caire, et s’étend vers le septentrion ; et que les Arabes donnent le nom de Giouf à cette partie du même pays que les Grecs appellent Delta, et qui comprend tout le pays que le Nil embrasse jusqu’à son embouchure dans la mer Méditerranée,
Saint Jérôme et les anciens interprètes grecs ont souvent traduit Rahab par l’orgueil ou l’orgueilleux. Mais les Pères et les interprètes qui n’ont point consulté l’original, ont tout simplement entendu par Rahab la femme de Jéricho dont nous avons parlé dans l’article précédent.