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Publicain
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

publicanus, en grec telonès, un fermier, un receveur des deniers publics, un homme attaché à la douane, à une recette de certains droits odieux aux peuples. Chez les Romains il y avait deux sortes de fermiers. Les uns étaient des fermiers généraux qui dans chaque province avaient des commis et des sous-fermiers, qui ramassaient les domaines et les autres droits de l’empire, et rendaient compte à l’empereur. Ces fermiers du premier rang étaient fort considérés dans la république ; et Cicéron dit qu’on trouvait parmi eux la fleur des chevaliers romains, l’ornement de la ville de Rome, la force de la république. Mais les sous-fermiers, les commis, les publicains d’un moindre rang, étaient regardés comme autant de voleurs. On demandait à Théocrite quelle était la plus terrible de toutes les bêtes. Il répondit : L’ours et le lion, les animaux des montagnes ; les publicains et les parasites, entre ceux des villes [Tite-Live (45.18) nous donne une idée de l’administration des publicains par ces mots remarquables : Ubi publicanus est, ibi aut jus publicain vanum, aut libertatem sociis nullam esse. Les tributs perçus par les publicains consistaient en redevances fixes, capitation sur les hommes et sur le bétail, droits de douane, d’octroi, de péage, impôts sur les portes, et la vente sur le sel].

Parmi les Juifs, le nom et la profession de publicain étaient odieux plus qu’en aucun lieu du monde. Cette nation se piquait particulièrement de liberté (Jean 8.33). Ils ne pouvaient voir qu’avec une extrême répugnance dans leur pays les publicains qui exigeaient avec rigueur les droits et les impôts ordonnés par les Romains. Les Galiléens surtout, c’est-à-dire, les Hérodiens ou les disciples de Judas le Gaulonite, souffraient très-impatiemment cette servitude, et ne croyaient pas même qu’il fût permis de payer les tributs à une puissance étrangère, comme ils le témoignèrent en demandant à Jésus-Christ (Luc 20.22 Marc 12.14) : Est-il permis de donner le tribut à César, ou non ? Les Juifs regardaient ceux de leur nation qui entraient dans ces emplois comme des païens (Matthieu 18.17). On dit même qu’ils ne leur donnaient point entrée dans leur temple ni dans leurs synagogues, et ne les admettaient point à la participation de leurs prières, ni dans leurs charges de judicature, ni à rendre témoignage en justice. Enfin on assure qu’on ne recevait point leurs présents au temple, non plus que le prix de la prostitution et des autres choses de cette nature.

Il paraît par l’Évangile, qu’il y avait plusieurs publicains dans la Judée du temps de notre Sauveur. Zachée était apparemment un des principaux fermiers, puisqu’il est appelé (Luc 19.2) prince des publicains. Mais saint Matthieu était un simple commis ou publicain. Les Juifs reprochaient à Jésus-Christ qu’il était l’ami des publicains, et qu’il mangeait avec eux (Luc 7.34) ; et le Sauveur disait aux Juifs que les femmes de mauvaise vie et les publicains les précéderaient dans le royaume des cieux (Matthieu 21.31). Dans la parabole du publicain et du pharisien qui fout leurs prières dans le temple on voit les sentiments d’humilité que la vue de son état inspire au publicain (Luc 18.10). Il se tient loin, et apparemment il n’ose pas même entrer dans le parvis du peuple ; il n’ose lever les yeux au ciel, il frappe sa poitrine, et demande humblement pardon à Dieu. Zachée dit au Sauveur, qui lui avait fait l’honneur de choisir sa maison pour y loger, qu’il est prêt de donner la moitié de ses biens aux pauvres, et de rendre le quadruple de ce qu’il a mal acquis (Luc 19.8). C’est qu’alors les lois romaines condamnaient les fermiers convaincus de malversation à restituer quatre fois la valeur de ce qu’ils avaient volé.

Quelques-uns ont cru que la loi des Juifs leur défendait et de payer le tribut et d’exercer le métier de publicain, fondée sur ce passage du Deutéronome (Deutéronome 23.17-70).

Mais,

1° Il est certain qu’il y avait des publicains de la race d’Israël, comme étaient Zachée et saint Matthieu, quoique leur condition fût très-odieuse parmi leurs frères ;

2° Les hérodiens, qui refusaient de payer le tribut aux étrangers, ne se fondaient point sur cette loi, puisqu’elle ne se trouve pas dans le texte original de Moïse, et que les Hébreux n’expliquent pas en ce sens l’endroit tiré du Deutéronome ;

3° Les disciples de Judas le Gaulonile fondaient leur refus de payer les impôts sur leur qualité de peuple du Seigneur, et sur ce qu’il n’était pas permis à un vrai Israélite de reconnaître d’autre souverain que Dieu.

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