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Presentation
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

On entend d’ordinaire sous ce nom la présentation que les pères et mères faisaient de leurs enfants premiers-nés au Seigneur dans son temple, ou celle qu’ils lui faisaient de leurs enfants, ou d’autres choses qu’ils lui avaient vouées. Ainsi Samuel, fils d’Elcana et d’Anne (1 Samuel 1.11), fut présenté au Seigneur pour ces deux raisons ; et comme premier-né d’Anne, comme voué par elle au Seigneur. Comme premier-né, il aurait pu être racheté et rendu à ses parents, moyennant la somme de cinq sicles (Lévitique 27.6) ; mais ayant été voué au Seigneur pour être employé à son service tous les jours de sa vie, il demeura au tabernacle depuis l’âge de trois ans, et y rendit tous les services dont il fut capable.

La sainte Vierge présenta notre Sauveur au temple au jour de sa purification (Luc 2.22), parce qu’il était son premier-né, et elle le racheta, selon la Loi, pour la somme de cinq sicles. Et il en était de même de tous les premiers-nés d’Israël.

Enfin l’ancienne tradition de l’Église ; marquée dans de très-anciens monuments ; quoique peu accrédités à cause de quelques circonstances fausses et incertaines qui s’y trouvent, est que la sainte Vierge fut vouée au temple par ses parents, qu’elle y fut présentée à l’âge de deux ans, et qu’elle y demeura nourrie de la main d’un ange jusqu’à l’âge de douze ans. Alors les prêtres dirent au grand prêtre Zacharie : Il est temps de placer Marie, de peur que le temple du Seigneur ne soit souillé. Mettez-vous donc en prières, et nous exécuterons tout ce que le Seigneur vous aura découvert. Zacharie, s’étant revêtu de ses habits sacrés entra dans le sanctuaire. Et comme était en-prières ; l’ange du Seigneur lui dit : Assemblez les veufs du peuple ; qu’ils apportent chacun une verge, et celui dans la verge duquel Dieu fera éclater un miracle sera destiné pour époux à Marie. On fit donc venir au temple tous les veufs d’Israël. Ils donnèrent chacun leur verge ; et le lendemain on les leur rendit, sans qu’il parût rien d’extraordinaire à chacune d’elles : mais quand le grand prêtre eut rendu à Joseph la sienne, une colombe sortit de dessus cette verge et alla se reposer sur la tête de Joseph. Alors le grand prêtre lui donna pour femme Marie, fille de Joachim et d’Anne.

L’Évangile de la naissance de la Vierge dit à-peu-près la même chose, que Marie fut offerte au temple par ses parents pour y être élevée avec les autres filles qui y étaient nourries ; qu’étant parvenue à l’âge de quatorze ans, le grand prêtre dit à toutes les filles de cet âge de s’en retourner chez leurs parents, afin qu’on les y mariât. Mais Marie répondit qu’elle avait été offerte pour toujours au service du Seigneur, et qu’elle lui avait voué sa virginité. Alors le grand-prêtre ne sachant quelle résolution prendre dans un cas si extraordinaire, se mit en prière avec tout le peuple qui s’était rendu au temple dans un grand jour de fête ; et le grand prêtre ouit une voix qui lui cria du fond du sanctuaire qu’il fallait assembler tous ceux de la famille de David qui n’étaient pas mariés, et qu’on donnerait Marie à celui dont la verge fleurirait, et sur le haut de laquelle le Saint-Esprit se reposerait en forme de colombe.

On fit donc venir Joseph, qui était déjà fort âgé, avec les autres ; et comme la première fois il ne présenta pas sa verge, Dieu ne fit paraître aucun signe extraordinaire. Mais la seconde fois, ayant apporté sa verge avec, celles des autres, la sienne fleurit, et le Saint-Esprit se reposa sur elle en forme de colombe. Ainsi on lui donna Marie, afin qu’il fût le gardien de sa virginité. Je sais que ces récits ne sont d’aucune autorité dans l’Église, mais le fait principal, auquel on a ajouté toutes ces circonstances, est certain ; savoir, que la sainte Vierge fut présentée au temple, qu’elle fit vœu de virginité, et qu’elle épousa saint Joseph, qui ne devait être que le gardien et le témoin de sa virginité. On trouve dans les anciens Pères grecs quelques allusions à ces histoires ; mais ces circonstances en général ne sont pas plus sûres dans les Pères que dans les sources d’où ils les ont tirées.

Il n’y a aucune loi dans l’Ancien Testament qui oblige les parents à offrir leurs filles premières-nées au Seigneur, et nous ne voyons dans aucun endroit que ç’ait été la coutume d’élever de jeunes filles dans le temple. Moïse ordonne (Lévitique 27.6) que si l’on a voué au Seigneur une fille depuis un mois jusqu’à l’âge de cinq ans, on la rachète en donnant au temple ou aux prêtres la somme de trois sicles. Il est vrai qu’il est parlé en deux endroits de l’Écriture des femmes dévotes qui veillaient à la porte du tabernacle (Exode 38.8 1 Samuel 2.22), et que saint Luc parle d’une fille de Phanuel qui ne bougeait du temple (Luc 2.36) ; mais il n’y a nulle apparence que ces personnes aient été vouées au Seigneur dès leur enfance, ni qu’elles demeurassent toujours au temple, sans en pouvoir sortir, et sans pouvoir se marier. Il est très-croyable, au contraire, que ces personnes n’avaient aucune autre obligation à y demeurer que celle que leur dévotion ou leur bonne volonté leur imposait.

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