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Officier de la cour de Pharaon, roi d’Égypte, était général de ses troupes, selon la version de la Vulgate, ou chef de ses bouchers ou de ses cuisiniers, selon l’Hébreu (Genèse 27.36). Le même texte l’appelle Eunuque ; mais il y a beaucoup d’apparence que ce terme en ce lieu-là signifie simplement un officier de la cour d’un prince. Il est certain que Putiphar était marié ; et il est encore certain qu’il avait des enfants, si Aséneth, fille de Putiphar, qui fut donnée pour femme à Joseph, était sa fille, comme le croient plusieurs interprètes, ainsi qu’on le dira ci-après.
Putiphar ayant donc acheté Joseph, qui lui fut vendu pour esclave par les Madianites, qui l’avaient acheté de ses frères, et voyant que tout réussissait entre ses mains, le prit en affection, et lui donna l’intendance de toute sa maison (Genèse 39.2-6). Mais quelques années après la femme de Putiphar ayant conçu une passion honteuse pour Joseph, et l’ayant même sollicité au crime, Joseph lui résista ; et l’amour de cette femme se changeant en fureur, elle l’accusa auprès de son mari, comme s’il l’avait voulu violer. Putiphar, trop crédule à cette accusation, mit Joseph dans les liens ; et comme par son emploi, il avait l’intendance des prisonniers, il se déchargea de ce soin sur Joseph, soit qu’il eût reconnu son innocence, ou qu’il le crût plus propre à cet office qu’aucun autre de ses domestiques, puisqu’il était enfermé dans la prison avec les autres prisonniers.
Dieu ayant rempli Joseph de son Esprit, et du don surnaturel d’expliquer les songes, et l’ayant fait connaître à Pharaon (Genèse 40 ; Genèse 41), par la rencontre que nous avons rapportée dans l’article de Joseph, ce prince l’établit intendant de sa maison et de toute l’Égypte, et lui fit épouser Aséneth, fille de Putiphar, prêtre d’Héliopolis, ou prêtre de la ville d’On, suivant l’Hébreu (Genèse 40.45).
On est partagé sur la question si ce Putiphar est le même que le maître de Joseph. Les Hébreux, Origène, saint Jérôme, l’abbé Rupert, Tostat et quelques autres, croient que c’est la même personne ; et les Juifs cités dans Origène, croient que ce fut Aséneth qui informa Putiphar de la fausseté de l’accusation que sa mère avait formée contre Joseph. La qualité de chef de l’armée de Pharaon, et celle de chef des cuisiniers, des bouchers, ou de ceux qui égorgent des victimes, car le texte hébreu peut signifier tout cela, ne sont pas incompatibles avec la dignité de prêtre d’Héliopolis. La différente manière dont les noms de Putiphar s’écrivent au chapitre 38 de la Genèse, où l’on nomme le maître de Joseph, et au 41, où l’on nomme son beau-père, est si peu considérable, qu’elle ne mérite presque pas d’être relevée. Enfin quoique la ville d’Héliopolis, où Putiphar était prêtre, soit assez éloignée de celle de Tanis, où le roi d’Égypte tenait sa cour, et où Putiphar avait un emploi, elle ne l’est pas assez, pour que ces deux emplois soient entièrement incompatibles. Putiphar pouvait se partager entre le service de son roi et celui qu’il devait au temple d’Héliopolis, en qualité de prêtre de cette ville ; car il parait par Strabon qu’anciennement il y avait grand nombre de prêtres dans cette ville, où leur principal emploi était l’étude de la philosophie et de l’astronomie, et où l’on voyait encore de grands logements où ils faisaient autrefois leur demeure. On ne connaissait rien en Égypte de plus grand que ces prêtres, et plusieurs d’entre eux ont été élevés à la royauté. Leur qualité de prêtre ne les excluait ni des charges de la cour ni des dignités militaires.
Nous croyons donc qu’il n’y a aucun inconvénient que Putiphar, maître de Joseph, ne soit ensuite devenu son beau-père ; et nous avons répondu par avance aux raisons que l’on apporte pour établir le sentiment contraire. On peut voir ces raisons ci-devant dans l’article d’Astrivra, et dans les commentateurs sur le chapitre 41 de la Genèse.