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On donne ce nom aux messagers ou courriers réglés, établis pour porter en diligence les dépêches des princes, ou en général les lettres des particuliers. Louis Hornik a fait un traité fort exact de l’origine des postes. Il en a fait de quatre sortes, à cheval, en bateau, en chariot et à pied. On peut encore rapporter aux postes la manière de faire connaître les nouvelles par des feux, ou des signaux qu’on élevait de distance en distance sur les montagnes.Cette dernière manière se voit dans l’Écriture. Isaïe (Isaïe 5.26 ; 11.10-12) dit que le Seigneur élèvera un signal parmi les nations pour rassembler les fugitifs d’Israël, et pour les ramener dans leur pays des quatre coins de la terre.
Ailleurs (Isaïe 12.2) il dit que l’on élèvera des signaux pour rassembler les troupes qui doivent composer l’armée de Darius le Mède. Et encore (Isaïe 18.3) : Habitants du monde, lorsque l’étendard sera élevé sur les montagnes, vous le verrez, et vous entendrez le bruit éclatant de la trompette.
On mettait ces signaux sur des mâts fort élevés. Ceux (Isaïe 30.17) qui resteront d’entre vous seront comme un mât qu’on élève sur une montagne. Et Isaïe (Isaïe 33.23) : Sic erit malus tuus ut dilatare signum non queas. Voyez aussi (Isaïe 49.22 ; 62.10 ; Jérémie 4.6 ; 50.2 ; 51.12-27).
On croit que les postes sont venues des Perses. Diodore de Sicile remarque que ces princes, dans le dessein de connaître tout ce qui se passait dans toutes les provinces de leurs vastes États, placèrent des sentinelles sur les hauteurs de distance en distance où l’on avait bâti des tours un peu élevées. Les sentinelles d’une voix forte et retentissante faisaient savoir l’un à l’autre les nouvelles publiques, qui passaient de cette sorte avec une diligence extrême, d’une extrémité du royaume à l’autre.
Mais comme cela ne pouvait servir que dans les nouvelles générales que l’on voulait bien que tout le monde sût, Cyrus, au rapport de Xénophon, établit des courriers et des relais sur toutes les routes faisant bâtir exprès sur les grands chemins, d’espace en espace, des lieux où les courriers rendaient les paquets à d’autres qui couraient avec de nouveaux chevaux jusqu’au lieu marqué ; ce qui continuait jour et nuit, sans que ni la pluie ni le mauvais temps les arrêtassent : en sorte qu’au jugement de plusieurs ils allaient plus vite que le vol des grues ; c’est ce que dit Xénophon.
Hérodote avoue qu’on ne connaît rien de plus vite en fait de voyage par terre. Xercès, dans sa fameuse expédition contre la Grèce, avait disposé des postillons depuis la nier Egée jusqu’à Suse, pour y donner avis de tout ce qui arrivait à lui et à son armée. Il avait placé des postillons d’espace en espace pour porter les paquets, à la distance du chemin qu’un cheval peut faire d’une traite.
On voit ces courriers ou postillons bien marqués dans le livre d’Esther (Esther 3.13). Il y est dit qu’Assuérus, autrement Darius, fils d’Hystaspe, roi d’e Perse, envoya des courriers ou des postillons à tous les satrapes de ses États, pour leur porter des ordres de mettre à mort tous les Juifs de son royaume ; et quand il fut question de révoquer ces premiers ordres, un envoya des dépêches par des courriers.
Les Orientaux attribuent à Darab, roi de Perse, contemporain de Philippe, roi de Macédoine, l’invention des postes dans toutes les provinces de son État, pour savoir plus promptement ce qui se passait. Darius Condomane, qui fut vaincu par Alexandre le Grand, était courrier ou postillon du roi, avant qu’il parvint à la royauté.
Les Grecs prisent des Perses l’usage des postes, et donnèrent comme eux à leurs courriers le nom d’angari. Jésus-Christ dans l’Évangile (Matthieu 5.41) fait allusion à l’usage des angares ou des postes, lorsqu’il dit : Si l’on vous contraint de marcher mille pas, marchez-en deux, parce qu’on contraignait les villes à fournir des chevaux, ou des courriers pour les postes publiques.
Parmi les Romains ce fut Auguste qui institua les postes réglées. D’abord ce fut des jeunes hommes choisis fort habiles à la course, qui couraient d’une poste à l’autre, et se rendaient les paquets de main à main ; ensuite il établit les chariots et les chevaux pour aller plus vite. Adrien régla les postes avec plus d’ordre qu’auparavant, et déchargea les peuples de l’obligation de fournir les chevaux et les voitures.
Procope assure que les empereurs avalent établi des postes sur les grands chemins, afin d’être servis plus promptement et d’être avertis à temps de tout ce qui se passait dans l’empire. Il n’y avait pas moins de cinq postes par journée et quelquefois huit. On entretenait quarante chevaux dans chaque poste, et autant de postillons et de palefreniers qu’il était nécessaire. Justinien cassa les postes en plusieurs endroits, et surtout celles par où l’on allait de Chalcédoine à Diacibiza, qui est l’ancienne Lybissa, fameuse par le tombeau d’Annibal, située dans le golfe de Nicomédie. Le même auteur avance que Justinien établit les postes aux ânes en plusieurs endroits du Levant.
L’usage des postes étant tombé avec l’empire,Charlemagne fit quelques efforts vers l’an 807 pour les relever ; mais son dessein fut abandonné par ses successeurs. On croit que ce fut Louis XI qui établit les postes ordinaires, de deux lieues en deux lieues, dans tout le royaume de France. Le comte de Taxis les établit le premier en Allemagne à ses frais ; et pour récompense l’empereur Matthias, en 1616, lui donna en fief la charge de général des postes pour lui et pour ses successeurs.
Il y avait dès le neuvième siècle des courriers publics établis en plusieurs endroits de l’empire mahométan. Les uns étaient à pied, et les autres à cheval, qui portaient les ordres du roi avec une diligence incroyable. Il y en a de même chez les Chinois ; mais ils ne sont établis que pour porter les ordres du roi et des gouverneurs, et en un mot pour les affaires publiques, et importantes.