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Poissons
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Hébreu, Dag. Les Hébreux mettent les poissons au nombre des reptiles. Nous avons très-peu de noms hébreux qui marquent des poissons en particulier, et je ne sais s’il y en a aucun dans le texte sacré. Moïse se contente de dire en général (Lévitique 11.9-12 Deutéronome 14.9-10) que l’on peut manger de toutes sortes de poissons de rivière, d’étang et de mer, pourvu qu’ils aient des écailles et des ailerons ; mais que ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre, sont impurs et défendus. Il ne nomme aucun poisson en particulier, ni de ceux qui sont permis, ni de ceux qui sont défendus. Cependant saint Barnabé dans son Épître cite, comme de l’Écriture : Vous ne mangerez ni la murène, ni le polype, ni la sèche. Nous avons parlé de la baleine et du crocodile sous leurs articles.

On demande comment les poissons se présentèrent à Adam dans le Paradis terrestre, afin qu’il leur donnât leurs noms, et qu’il exerçât sur eux son empire, de même que sur les autres animaux ? Saint Augustin ne croit pas que ces animaux soient venus avec les autres devant Adam. Il dit que le premier homme ou ses descendants purent imposer les noms aux poissons à mesure qu’ils vinrent à leur connaissance, et que cela suffit pour vérifier le récit de Moïse. Il était impossible que ceux qui ne vivent que dans la mer vinssent se présenter à eux, dans le jardin d’Éden, et dans les fleuves qui l’arrosaient.

Les rabbins ont dit que Dieu avait créé au cinquième jour du monde deux grands poissons ; qu’il en a conservé un en vie jusqu’au dernier jour, pour se jouer avec lui, selon cette parole du Psalmiste : Draco iste, quem formasti ad illudendum ei ; et qu’il en a tué l’autre, et qu’il le conserve dans la saumure, pour en faire à la fin du monde un régal aux élus. Rêveries.

Poisson, qui engloutit Jonas. La plupart des interprètes croient que c’était une baleine ; et lorsque l’Évangile en a parlé (Matthieu 12.40), il s’est servi du mot cetus, qui signifie une baleine. L’Hébreu de Jonas lit simplement un grand poisson (Jonas 2.1). Or on ne connais dans la mer aucun poisson plus grand que la baleine. Sa gueule est d’une capacité suffisante pour contenir plusieurs hommes ; et qui doute que la capacité du gosier et du ventre ne réponde à une si vaste ouverture ? Quanto hiatu pale-bat os illud, quod relut janua speluncoe illius fuit? dit saint Augustin, en parlant d’une baleine dont on voyait les os à Carthage. Jean Cabri, académicien de Florence, fait mention d’une baleine qui échoua en 1624 sur les côtes de Toscane, et qui avait la gueule si grande, qu’un homme à cheval y serait entré commodément. Cet animal toutefois n’est pas carnassier ; il ne vit que d’herbe, ou d’écume de mer, ou de quelques petits poissons blancs, comme anchois, ou autres. Circonstance qui rend encore plus croyable ce qu’on dit de Jonas englouti par la baleine, et qui demeura trois jours dans son ventre sans mourir. La baleine n’est pas armée de dents et de broches comme les pois sons carnassiers. Elle a pu engloutir Jonas sans le briser entre ses dents ; elle a pu le conserver plus longtemps, sans le faire mourir dans son estomac, qui n’est accoutumé qu’à digérer des herbes et des aliments plus tendres et plus légers.

D’autres soutiennent que ce ne peut être la baleine, parce qu’elle a le gosier trop étroit pour pouvoir avaler un homme entier. Ils avancent qu’elle n’a pas le gosier de plus d’un demi-pied de large ; et Bartholin assure que celles qui sont les plus grosses, et dont la langue seule peut donner plus de dix-huit tonnes d’huile, ont le gosier si étroit qu’à peine un homme y pourrait-il faire passer le bras. Ces auteurs prétendent que le poisson qui reçut Jonas dans son ventre, était plutôt un chien de mer, nommé canis carcarias. Cet animal a quatre ou cinq rangs de dents à chaque mâchoire. Il a l’oesophage et l’estomac si grands, qu’on y a quelquefois trouvé des hommes tout entiers. Ce poisson est aussi appelé lamie. Rondelet dit qu’on en a pris à Nice et à Marseille, dans l’estomac desquels on a trouvé des hommes entiers, et même un tout armé. Il dit qu’il en a vu dont la gueule et l’oesophage étaient si vastes, que si on leur eût tenu la gueule ouverte avec un haillon, un chien aurait pu descendre jusque dans son estomac, pour y manger ce qui y était. C’est, dit-on, dans le ventre d’un pareil animal que sauta Hercule tout armé, et d’où il ne sortit qu’après lui avoir déchiré les entrailles, sans autre incommodité de sa part que la perte de ses cheveux, causée par la chaleur de l’estomac de la lamie. On peut voir Bochart de Animal sacr parte 2 livre 5 chapitre 12, et notre Dissertation sur le poisson qui engloutit Jonas, imprimée à la tête du Commentaire sur les douze petits prophètes. [Voyez Baleine et Jonas].

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