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Poids
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Bost

Nous avons donné à part au commencement de ce dictionnaire, une table générale des poids et des mesures des Hébreux. Nous remarquerons ici simplement que les anciens Hébreux, n’ayant pas l’usage de la monnaie frappée au coin et d’un certain poids déterminé, pesaient tout l’or et l’argent dans le commerce. Le nom général dont ils se servaient pour marquer un poids était une pierre : N’ayez point dans votre sac une pierre et une pierre (Deutéronome 25.13-15) ; c’est-à-dire, n’ayez point différents poids ; un juste, et un faux ; mais seulement une pierre de perfeclion et de justice, un poids juste et fidèle. Une pierre et une pierre (Proverbes 20.10-23), un épha et un épha sont en abomination aux yeux du Seigneur. Dieu condamne les fraudes et les injustices dans le commerce. Le sicle, le demi-sicle, le talent, sont non-seulement des noms de monnaie et d’une certaine valeur de l’or et de l’argent, mais aussi d’un certain poids.

Moïse, marquant les drogues qui composaient le parfum qu’on devait brûler sur l’autel d’or, dit, par exemple, qu’on y devait mettre le poids de cinq cents sicles de myrrhe (Exode 30.24), etc. Dans les livres des Rois (2 Samuel 14.26), on dit que les cheveux de Salomon [lisez d’Absalom] pesaient deux cents sicles. Il en est de même à proportion du terme talent, en hébreu kilcar. On l’emploie pour marquer toute sorte de poids d’une grandeur considérable.

Poids du sanctuaire, Poids du temple. Moïse parle souvent (Exode 30.13-24 Lévitique 5.5 Nombres 3.50 ; 7.13-19 ; 18.16) du poids du sanctuaire lorsqu’il est question de marquer un poids juste, public, sûr. Plusieurs savants ont prétendu que ce poids du sanctuaire était plus fort que le poids ordinaire. D’autres, au contraire, ont donné un plus grand poids au poids commun qu’au poids du sanctuaire ; ils sont encore partagés entre eux sur la valeur et sur le poids de ces deux sicles, et sur la distinction qu’il y a à faire entre le sicle du sanctuaire et le sicle public, ou le sicle du roi (2 Samuel 14.26), ou le sicle commun. Les uns croient que le poids du sanctuaire et le poids du roi sont mis par opposition au poids des peuples étrangers, comme les Égyptiens, les chananéens, les Syriens. D’autres veulent que le poids du roi signifie le poids babylonien, et le poids du sanctuaire le poids des Juifs ; que jusqu’à la captivité de Babylone il n’y a point eu de variété de poids parmi les Juifs, que le seul endroit où il est parlé du poids du roi a été écrit ou retouché depuis le retour de cette captivité.

Enfin les meilleurs critiques soutiennent que la distinction du poids du sanctuaire et du poids public est chimérique, et que toute la différence qu’il y a entre ces deux poids est celle qui se trouve entre les étalons qui se conservent dans un temple, ou dans une maison de ville, et les poids étalonnés dont se servent les marchands et les bourgeois ; et c’est ce qui nous paraît le plus certain. On voit par les Paralipomènes (1 Chroniques 23.29) qu’il y avait un prêtre dans le temple qui avait soin des poids et des mesures. Moïse ordonne que toutes les choses estimables à prix d’argent seront estimées sur le pied du poids du sanctuaire (Lévitique 27.25). Il ne marque jamais de différence entre ce sicle de vingt oboles ou de vingt gérah, et le sicle ordinaire. Ézéchiel (Ézéchiel 45.12) parlant des poids et des mesures ordinaires qui étaient dans le commerce des Juifs, dit que le sicle pesait vingt oboles, ou vingt gérah. Il était donc égal au poidsdu sanctuaire. Ni Josèphe, ni Philon, ni saint Jérôme, ni aucun ancien n’a marqué cette distinction prétendue du poids du temple, et du poids du peuple.

Au reste la coutume de conserver les étalons des poids et des mesures dans les temples, n’est pas particulière aux Hébreux. Les Égyptiens, au rapport de saint Clément d’Alexandrie, avaient dans le collége de leurs prêtres un officier, dont l’office était de reconnaître toutes les mesures, et d’en conserver les mesures originales. Les Romains avaient la même coutume. L’empereur Justinien ordonna par une loi expresse que l’on garderait les poids et les mesures dans les églises des chrétiens.

Poids en latin onus, en hébreu, massa, se met communément dans les Prophètes pour une prophétie fâcheuse. Onus Babylonis, Onus Ninive, Onus Moab, Onus AÉgypti ; et les Juifs demandent avec insulte à Jérémie : Quod est onus Domini (Jérémie 23.33) ? II leur répond : vous êtes comme un poids insupportable au Seigneur ; il vous jettera par terre, et vous froissera, et vous deviendrez l’opprobre des peuples.

Onus deserti maris (Isaïe 21.1). Prophétie fâcheuse contre Babylone, qui était située sur l’Euphrate, et arrosée comme une mer, et qui de grande et de peuplée qu’elle était, devait être réduite en solitude.

Onus vallis visionis (Isaïe 22.1). Vision fâcheuse contre Jérusalem, qui est nommée par ironie, vallée de vision, quoiqu’elle fût située sur une hauteur. Elle est nommée de vision, ou de Moriah, parce qu’on croit que c’est sur le mont de Sion, ou de Moriah qu’Abraham conduisit Isaac pour l’immoler.

Onus jumentorum Austri (Isaïe 30.3). La prophétie dans laquelle ces mots se rencontrent, regarde visiblement la Judée : on ne voit pas pourquoi cette inscription se trouve en cet endroit. Il se pourrait bien faire que les copistes l’y auraient ajoutée ; car elle n’y fait point de sens ; au contraire, elle l’interrompt, et le suspend. Voici comme on peut lire le texte d’Isaïe (Isaïe 30.4,5). Les Juifs ont envoyé leurs ambassadeurs jusqu’à Tanis, et jusqu’à Hanès ; mais ils ont été confondus, voyant que ces peuples ne les pouvaient secourir (Prophétie contre les animaux du Midi). Ils sont allés, dis-je, dans une terre d’affliction et de misère, d’où sortent le lion et la lionne, la vipère et le serpent volant ; ils portent leurs richesses à un peuple qui ne leur pourra donner aucune assistance, etc.

La Pierre de poids dont parle Zacharie (Zacharie 12.8) : Je rendrai Jérusalem pour tous les peuples comme une pierre de poids ; tous ceux qui la voudront lever, en seront blessés. Tous les peuples des environs de Jérusalem ont voulu essayer leurs forces contre Jérusalem ; les Assyriens, les Chaldéens, les Perses, les Égyptiens, etc. ; mais tous ces peuples s’y sont blessés. À la vérité ils ont emporté la ville, mais ils ont bienpayé leur victoire par la perte qu’ils y ont faite. Saint Jérôme remarque que dans les villes et dans les villages de la Palestine c’était une ancienne coutume qui subsistait encore de son temps, d’avoir de grosses et lourdes pierres rondes, que les jeunes hommes à l’envi levaient le plus haut qu’ils pouvaient pour essayer leur force. Il assure de plus, qu’il avait vu à Athènes, dans la citadelle, près la statue de Minerve, une boule d’airain d’un très-grand poids, et qu’il ne put remuer qu’avec peine, à laquelle on éprouvait autrefois la force des athlètes, afin qu’on sût la portée de leurs forces, et qu’on ne les joignît pas l’un à l’autre dans une trop grande disproportion. Plusieurs croient que la pierre de Zoheleth dont il est parlé en 1 Rois (1 Rois 1.9), était une de ces pierres de poids, et l’Ecclésiastique fait allusion à cet usage, lorsqu’il dit (Ecclésiaste 6.22) : Quasi lapidis virtus probatio erit in illis.

Le poids du jour dont parle le Sauveur (Matthieu 20.12) : marque le travail, la fatigue du jour pendant la chaleur du midi.

Le poids de gloire dont il est parlé dans saint Paul (2 Corinthiens 4.17), est opposé à la légèreté des maux de cette vie. Les peines que nous souffrons, ne sont proprement qu’un fétu, ne sont d’aucun poids, comparées au poids, à la grandeur de la gloire, qui en doit être la récompense.

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