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C’est est un mot grec qui signifie ce qui est mis à part, séparé, dévoué. Il se prend principalement pour marquer le retranchement et la perte entière d’un homme séparé de ta communion des fidèles, ou du nombre des vivants, ou des privilèges de la société ; ou le dévouement d’un homme, d’un animal, d’une ville, ou d’autre chose, à être exterminé, détruit, livré aux flammes et en quelque sorte anéanti.
Le mot hébreu cherem, signifie proprement dans la langue sainte, perdre, détruire, exterminer, dévouer, anathématiser, Moïse veut qu’on dévoue à l’anathème et qu’on extermine ceux qui sacrifient aux faux dieux (Exode 22.19). Dieu ordonne que l’on dévoue à l’anathème les villes des chananéens qui ne se rendront pas aux Israélites (Deutéronome 7.2-26 ; 10.17). Achan ayant détourné à son usage quelque chose du butin de Jéricho que le Seigneur avait dévoué à l’anathème, fut exterminé lui et sa famille, ses animaux, ses meubles, sa tente, et tout ce qui était à lui (Josué 6.17-21 ; 7.1-2). Il fut lapidé et consumé par le feu. [Voyez Achan]
Le nom de cherem, ou d’anathema, se prend aussi quelquefois pour une chose consacrée, vouée, offerte au Seigneur, de telle sorte qu’on ne puisse plus l’employer à des usages communs et profanes (Lévitique 27.28-29). Tout ce qui est dévoué au Seigneur, soit que ce soit un homme, ou une bête, ou un champ, ne se vendra point, et ne pourra être racheté. Tout ce qui aura ainsi été dévoué au Seigneur, sera d’une sainteté inviolable. Tout ce qui aura été dévoué par un homme, si c’est un animal, ne se rachètera point ; mais il faudra nécessairement qu’il meure. Il y en a même qui prétendent que les personnes ainsi dévouées étaient mises à mort ; ce dont on a un exemple mémorable dans la fille de Jephté, qui fut immolée au Seigneur par son père (Juges 11.29). Voyez notre Dissertation sur le vœu de Jephté à la tête du livre des Juges. [Voyez aussi l’article de Jephté, ci-après]. Quelquefois toute la nation dévouait quelqu’un, ou quelques villes. Par exemple, les Israélites dévouèrent le pays du roi d’Arad (Nombres 21.2-3). Le peuple assemblé à Maspha (Juges 21.5), dévoua à l’anathème quiconque ne marcherait pas contre ceux de Benjamin, pour venger l’outrage fait à la femme du jeune lévite (Juges 19) : Saül dévoua à l’anathème quiconque mangerait quelque chose avant le coucher du soleil, dans la poursuite des Philistins (1 Samuel 14.24) Il parait par l’exécution de tous ces dévouements, qu’il s’agissait de faire mourir ceux qui s’y trouvaient enveloppés.
Quelquefois des personnes se dévouaient elles-mêmes, si elles n’exécutaient quelque chose. Par exemple, dans les Actes des Apôtres (Actes 22.12-13), plus de quarante hommes se dévouèrent à l’anathème, qu’ils ne mangeraient ni ne boiraient qu’ils n’eussent fait mourir saint Paul. Les Esséniens s’engageaient par les plus horribles serments à observer les statuts de leur secte ; et ceux qui tombaient dans quelque faute considérable, étaient chassés de leurs assemblées, mouraient d’ordinaire misérablement de faim, et étaient obligés de brouter l’herbe comme les bêtes, n’osant pas même recevoir la nourriture qu’on pouvait leur offrir ; parce que les vœux qu’ils avaient faits, les engageaient à n’en pas user.
Moïse (Exode 32.31) et saint Paul (Romains 9.3) se sont en quelque sorte anathématisés eux-mêmes, ou du moins ont souhaité d’être anathèmes pour leurs frères. Moïse dit au Seigneur qu’il le conjure de pardonner aux Israélites, sinon qu’il l’efface de son livre, du livre de vie. Et saint Paul dit qu’il aurait désiré d’être lui-même anathème pour ses frères les Israélites, plutôt que de les voir exclus de l’alliance de Jésus-Christ par leur endurcissement et leur malice. L’excommunication, l’anathème, le retranchement, sont la plus grande peine qu’un homme puisse souffrir en ce monde, soit qu’on l’entende d’une mort violente et honteuse, soit qu’on l’explique de l’excommunication et de l’éloignement de la société des saints et de la participation de leurs prières et des choses saintes ; soit enfin qu’on l’entende de la réprobation au malheur éternel ; car les interprètes sont partagés sur ces textes. Mais ils conviennent que Moïse et saint Paul ont donné dans ces occasions les preuves les plus sensibles de la charité la plus grande et la plus parfaite, et qu’ils ont exprimé par l’exagération la plus hardie et la plus forte, l’ardent désir qu’ils avaient de procurer le bonheur de leurs frères, et de les garantir du souverain malheur.
L’excommunication était aussi une espèce d’anathème chez les Hébreux comme chez les Chrétiens. Il y avait divers degrés d’excommunication dont le plus grand était l’anathème, par lequel l’excommunié était privé, non-seulement de la communion des prières et de la participation des choses saintes, mais aussi de l’entrée de l’église et de la compagnie des fidèles. Parmi les Hébreux, ceux qui étaient excommuniés ne pouvaient, plus faire aucune fonction publique de leurs emplois ; ils ne pouvaient être ni juges ni témoins, ni faire les cérémonies des funérailles, ni circoncire leurs propres fils, ni s’asseoir dans la compagnie des autres hommes plus près que de quatre coudées. Ou ne leur rendait pas les devoirs publics des funérailles, et s’ils mouraient dans l’excommunication, on laissait une grosse pierre sur leurs tombeaux, ou même on lapidait leurs sépulcres, et on y amassait une grande quantité de pierres, comme l’on fit sur le corps d’Achan (Josué 7.26) et sur celui d’Absalom (2 Samuel 17.27). [Voyez Excommunication]