A B
C D
E F
G H
I J
K L
M N
O P
Q R
S T
U V
W X
Y Z
Les Arabes, les Persans et les Turcs se servent du mot merovarid, pour signifier des perles. Le terme margarites, ou Margarita, dont se servent les Grecs et les Latins, semble venir de là. Les perles naissent dans la mer et dans des coquillages ; les plus belles perles se pêchent dans le golfe Persique, nommé aujourd’hui la mer de Catif, à cause de la ville de Catit, qui se trouve sur ses bords : on en pêche dans l’ïle de Kis et sur la côte de Bahrein, ainsi nommée à cause de la ville de ce nom, qui est située sur les côtes d’Arabie. Comme l’Idumée et la Palestine ne sont pas éloignées de cette mer, il n’est pas étonnant que les perles aient été si connues à Job et aux Hébreux. Depuis ce temps, on en a découvert en plusieurs autres endroits, et il en vient aujourd’hui beaucoup dans l’Amérique. On dit que les petites perles, c’est-à-dire ces poissons testacés qu’on nomme eerles, suivent les grosses qu’on appelle mères-perles, comme les abeilles ; on reconnalt qu’elles sont grosses de perles, quand leurs conques ont des bosses des deux côtés.
Les perles d’Orient ont une eau qui tire sur l’incarnat : celles de l’Amérique, sur le vert, et celles du Nord, sur le gris de lin. On trouve des perles dans la Bohême, en des rivières d’eau douce, et dans la Silésie, et dans la Lorraine : on en trouve même quelquefois dans les huîtres communes. Les perles qui ont été longtemps portées se jaunissent et se détruisent au bout de quatre-vingts ou cent ans ; elles se forment dans la mère-perle, par lits, à la manière des oignons. On en a découvert dans quelques mères-perles jusqu’à cent cinquante, mais non pas toutes achevées. Les unes sont parfaites, les autres seulement ébauchées ; elles se perfectionnent dans l’huître. On en trouve souvent dans le sable de la mer. C’est une ancienne erreur, que la perle se forme de la rosée, et qu’elle soit molle dans la mer. Nous avons traité de la nature des perles dans une dissertation faite exprès, et imprimée dans les journaux de Trévoux.
Quant aux passages de l’Écriture, où il est parlé de perles, Job (Job 18.18), dit que la pèche ou la capture de la sagesse est plus précieuse que celle des perles. Salomon (Proverbes 3.15 ; 8.11 ; 20.15) n’a rien de plus beau ni de plus précieux que les perles, pour relever le prix et la beauté de la sagesse. Il se sert jusqu’à trois fois de la similitude des perles, pour marquer son estime pour la sagesse, et il dit (Proverbes 31.20) que la femme forte vient d’aussi loin, est aussi difficile à trouver, et est d’un aussi grand prix que les perles. Jérémie, parlant des nazaréens de Jérusalem (Lamentations 4.7), dit qu’ils sont plus rouges ou plus vermeils que les perles. On sait qu’ordinairement les perles ne sont pas rouges ; mais nous avons remarqué ci-devant que les perles d’Orient tirent sur l’incarnat, et c’est justement ce que le prophète veut marquer, en relevant le teint vermeil et la couleur de santé des nazaréens.
Jésus-Christ dit à ses apôtres de ne pas jeter les perles devant les pourceaux (Matthieu 7.6) ; c’est-à-dire n’exposez point les vérités saintes et les mystères de la religion aux railleries des libertins, des impies, des endurcis. L’auteur de l’Ecclésiastique a voulu dire la même chose, lorsqu’il conseille de ne pas parler, quand ne trouve pas ceux à qui l’on parle bien disposés à écouter (Ecclésiaste 32.6).
Les Hébreux appellent les perles peninim ; les Grecs, margaritai ; les Latins, unio margarita ou perula. On trouve margaritum, dans les Proverbes (Proverbes 25.12) ; mais l’Hébreu porte : (les Sept. : Une sardoine précieuse ; le Chald. : Un vase d’émeraude) un chah d’or. Or, chah signifie apparemment un collier. Pour ce qui est des peninim, il en est parlé (Job 28.18 ; Proverbes 3.15 ; 8.11 ; 20.15 ; 31.10, Lamentations 4.7), où les Septante et la Vulgate les traduisent par des pierres précieuses ou des choses cachées, ou de l’ivoire ; mais peninint signifie sûrement des perles, et le terme pinna, qui signifie le poisson à écailles qui produit, vient apparemment du mot peninim.