Pella
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Ville de delà le Jourdain. Pline la met dans la Décapole, et la loue à cause de ses belles eaux. Étienne la place dans la Célé-Syrie. Tout cela n’a rien d’incompatible, non plus que ce que d’autres disent, que Pella était dans la Pérée, dans la Batanée, dans le pays de Basan. Peut-être aussi que quand Josèphe parle de Pella dans le pays de Moab, il veut marquer la ville dont nous parlons, laquelle était située dans la Pérée, dans la Batanée, dans le pays de Basan, que les profanes appellent quelquefois Célé-Syrie, et dans le pays qui appartenait aux Ammonites, frères et alliés des Moabites ; à moins qu’il ne confonde Pella avec Abila du pays de Moab, nommée dans Moïse, Abel-Sathim (Nombres 33.49), et dans Josèphe, Abila, Antiquités judaïques livre 4 de Bello ; livre 5. Quant à la situationde Pella, elle était entre Jabès et Gérasa, à six milles de Jabès. Elle était aussi du nombre des dix villes connues dans les géographes, et même dans l’Évangile, sous le nom de Décapole (Matthieu 4.25 mr 5.20).

Josèphe raconte que les Juifs, sous le règne d’Alexandre Jannée, étaient maîtres de Pella et qu’ils la ruinèrent, voyant que ses habitants ne voulaient pas embrasser leur loi et leurs cérémonies. Les premiers chrétiens, ayant appris de notre Sauveur que la ville et le temple de Jérusalem seraient détruits, se retirèrent à Pella lorsqu’ils virent que le feu de la guerre contre les Romains commençait à s’allumer. Saint Épiphane dit que les disciples furent avertis en révélation par un ange de s’y retirer. Cette ville était du royaume d’Agrippa, qui n’entra point dans cette guerre, si ce n’est pour aider les Romains au siège de Jérusalem.

Je soupçonne que Pella tire son nom d’Abila ou Abela. Il y a plus d’une ville du nom d’Abila ; mais celle dont je veux parler est nommée, dans les géographes, Abila de la Batanée, et dans l’Écriture, Abel des Vignes. Polybe distingue Abila de Pella, puisqu’il dit qu’Antiochus le Grand prit Pella, Samos, Géphros, Abila, Gadara, etc. ; Étienne le Géographe dit que la ville de Pella a eu pour fondateur Alexandre le Grand, apparemment en mémoire de la ville de Pella en Thessalie, où il avait pris naissance. Abila et Pella furent dans la suite villes épiscopales de la seconde Palestine. Josèphe dit que Pella était une des sept toparchies de la Judée ; mais ailleurs il la nomme Betlephtepha ; et Pline lui donne le même nom. On ne sait où était Bellephtepha. Le nom de Pella n’est pas dans l’Écriture ; mais elle est si fameuse, qu’elle mérite bien de trouver sa place ici.