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Patriarches
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Bost

On donne ce nom aux anciens Pères qui ont vécu principalement avant Moïse, comme : Adam, Lamech, Noé, Sem, Phaleg, Héber, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Lévi, Siméon, et les autres fils de Jacob, et les chefs des douze tribus.

Les Hébreux les nomment princes de tribus, ou chefs des Pères, Rosché Abot. Le nom de patriarche vient du grec patriarcha, qui signifie chef de famille. C’est par une extension et une imitation du nom des premiers Pères de l’Ancien Testament, que l’on donne dans l’Église chrétienne le nom de patriarches aux évêques des premières Églises d’Orient, comme Antioche, Alexandrie, Jérusalem et Constantinople ; comme aussi aux principaux fondateurs des ordres religieux, comme saint Basile, saint Benoît, saint Augustin, etc.

Depuis la ruine du temple de Jérusalem par les Romains, et la dispersion des Juifs qui en fut la suite, cette malheureuse nation se trouva sans roi, sans temple, sans sacrifices, sans autel, sans prêtres, sans éphod, sans aucun exercice solennel de leur religion ; cal ce qui se pratiqua dans les synagogues n’était que l’ombre d’une partie de ce qui se faisai auparavant dans le temple on n’y l’aise ni offrandes, ni sacrifices ; il n’y avait ni au tel des parfums, ni des pains de proposition ni chandelier, ni autel à offrir des sacrifices. Les races sacerdotales étaient tellement confondues, qu’on ne pouvait plus les débrouiller. Les tribus mêmes et les familles demeurèrent dans le désordre et la confusion.

Malgré ce désordre, les Juifs, tant ceux qui étaient restés dans la Palestine que ceux qui demeuraient au delà de l’Euphrate, tâchèrent de conserver entre eux quelque forme de gouvernement, surtout pour ce qui regarde l’exercice de leur religion. Ceux de Judée élurent un chef auquel ils donnèrent le nom de patriarche, et ceux de delà Muplirate donnèrent le titre de prince de la captivité à relui qu’ils reconnurent pour chef. Le premier gouvernait les Juifs qui demeuraient en Judée, en Syrie, en Égypte, en Italie et dans les provinces de l’empire romain. Le second avait sous sa conduite ceux qui habitaient la Babylonie, la Chaldée, l’Assyrie et la Perse.

Les Juifs mettent une grande différence entre les patriarches de la Judée et les princes de la captivité de Babylone. Ils appellent ceux-ci rabbana et les autres rabban : le second nom est comme un diminutif du premier. Ils soutiennent que les princes de la captivité descendaient de David en ligne directe, par les mâles ; au lieu que les patriarches n’en sortaient que par les femmes.Tout cela est peu solide, et ils seraient très-embarrassés d’en fournir les preuves ; mais nous rapportons ce qu’ils disent. Il y a même beaucoup d’apparence que les patriarches lui résidaient à Tibérias, ou à Japhné dans la Palestine, étaient plutôt de la race de Lévi que de celle de David. Leurs fonctions regardaient la décision des cas de conscience et l’explication de la loi. Cela convient mieux à des prêtres, ou à des lévites, qu’à des laïques. De plus, ils prenaient connaissance des affaires importantes de la nation ; ils présidaient aux synagogues ; ils levaient certains tributs pour subvenir aux frais de leurs visites, et ils avaient sous eux des officiers qui allaient par les provinces pour l’exécution de leurs ordres.

Si l’on en croyait les Juifs, il faudrait dire que l’institution des patriarches aurait précédé de cent ans la ruine du temple : car ils comptent que Hillel, surnommé le Babylonien, parce qu’il était venu de ce pays-là, étant arrivé à Jérusalem, fut consulté sur la célébration de la fête de Pâques, qui arrivait cette année-là un samedi ; qu’on fut si content de sa réponse, qu’on le fit patriarche de sa nation, et que sa postérité lui succéda jusqu’au cinquième siècle de l’Église chrétienne, auquel les patriarches de la Judée furent abolis.

Mais ce qui fait douter de cette antiquité prétendue des patriarches de Judée, c’est que ni l’Écriture, ni Philon, ni Josèphe, n’en font aucune mention ; et que ni les princes asmonéens, ni Hérode le Grand et ses successeurs, ni le grand prêtre, qui étaient à Jérusalem, ne les auraient pas soufferts dans la Palestine avec l’autorité que les rabbins leur attribuent : le confia de juridiction et la jalousie entre ces deux puissances n’auraient pas manqué d’éclater souvent, et l’histoire n’aurait pu se dispenser d’en faire mention. Enfin les contradictions et les différences qui se remarquent entre les auteurs juifs qui nous ont donné la suite de ces prétendus patriarches qui ont précédé la ruine du temple sont encore une preuve de leur supposition. Ces patriarches ne sont connus que chez les rabbins postérieurs aux talmudistes, et par conséquent trop nouveaux pour faire foi dans une chose de cette nature.

Voici la liste des patriarches de la Palestine, telle que la donnent les rabbins :

1. Hillel, Babylonien.

2. Siméon, son fils.

3. Gamaliel, fils de Siméon.

4. Siméon II fils de Gamaliel.

5. Gamaliel II fils de Siméon.

6. Siméon III fils de Siméon II.

7. Juda, fils de Siméon III.

8. Gamaliel III fils de Juda.

9. Juda II fils de Gamaliel III.

10. Hillel II fils de Juda.

11. Juda III fils d’Hilel II.

12. Hillel III fils de Juda.

13. Gamaliel IV fils de Hillel.

David Ganz, dans sa chronologie intitulée Tzemach David, c’est-à-dire rejeton de David, réduit cette généalogie à dix personnes, et les compte ainsi :

1. Hillel, Babylonien.

2. Rabban Siméon, son fils.

3. R. Gamaliel Ribbona.

4. R. Siméon, fils de Gamaliel (C’est lui probablement qu’on doit compter pour le premier patriarche qui fut établi sous l’empire d’Adrien).

5. Rabban Gamaliel, fils de Siméon.

6. R. Jehuda le Prince.

7. Hillel le Prince, son fils.

8. Rabhan Gamaliel le Vieux.

9. R. Siméon III.

10. R. Juda Nasi, ou le Prince.

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