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Or
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Il est souvent parlé de ce précieux métal dans la Bible. Moïse le nomme dès le commencement de la Genèse (Genèse 2.11-12) ; mais il ne s’ensuit pas que l’or fût le premier des métaux travaillé par l’hamme. On serait cependant, de prime abord, assez porté à le croire, surtout si l’on admettait que l’or fut employé avant aucun autre métal dans ce qu’on appelle l’enfance de la civilisation, et que le genre humain a commencé par la vie sauvage. J’ai prouvé que l’homme apparut sur la terre dans un état de civilisation élevé, et que l’airain et le fer furent les premiers métaux qu’il soumit à l’action de l’art (Voyez Agriculture, Fer). Dans le passage cité, l’or n’est point nommé métal employé dès l’origine ; ce passage ne se rapporte qu’au temps où écrivait l’auteur de la Genèse. Il n’est question, pour la première fois, de l’or en usage parmi les hommes qu’à l’époque où Abram revint de l’Égypte au pays de Chanaan : Abram… était très-riche ; et il avait beaucoup d’or et d’argent (Genèse 13.2-3) ; et de l’or ouvré que quand son serviteur Éliezer, allant chercher une épouse pour Isaac, rencontra Rébécca, à qui il fit présent de pendants d’oreilles d’or, de bracelets et d’autres bijoux, les uns d’or, les autres d’argent (Genèse 24.22,53). Mais il est visible que l’or était employé avant ces époques dans les transactions commerciales et pour la fabrication des bijoux. Éliezer avait apporté ces objets d’art du pays habité par Abraham, qui était celui de Chanaan, où ils avaient été vraisemblablement fabriqués plus tard, lorsqu’un Pharaon confia le gouvernement de l’Égypte à Joseph, il prit son anneau qu’il avait à la main et le mit en celle de Joseph ; il lui mit aussi au cou un collier d’or (Genèse 41.42). La Genèse ne mentionne plus l’or qu’une fois, c’est lorsque les frères de Joseph s’évertuent à prouver qu’ils sont injustement accusés de lui en avoir volé (Genèse 44.8). En cet endroit il s’agit d’or employé dans le commerce. Moïse dit que l’or provenant de la terre d’Hévilath est très-bon (Genèse 2.12), d’où il suit qu’au temps où écrivait ce grand homme, le premier des historiens, il y avait plusieurs espèces d’or. De tous les livres de la Bible, l’Exode est celui où l’or est le plus souvent mentionné. On pourrait faire une intéressante monographie biblique de l’or ; je souhaite qu’un savant l’entreprenne. Voici sur ce sujet quelques lignes tirées d’un ouvrage où on ne penserait pas à les aller chercher. Elles sont de M. Dureau de la Malle ; c’est assez dire pour exciter l’attention du lecteur.

L’or et l’argent, au siècle avant Jésus-Christ, dit-il, étaient très-abondants en Palestine. Ainsi nous savons par le Ier livre des Rois que la quantité d’or que Salomon recevait chaque année, soit en présents, soit par l’importation, indépendamment des tributs, était de 666 talents d’or, c’est-à-dire, d’après les calculs de M. Saigey, d’environ 1246 kilogrammes, près de 42 millions. La reine de Saba lui offrit 120 talents, environ 7 millions, outre beaucoup de parfums et de pierres précieuses. La flotte d’Ophir, guidée par les Tyriens d’Hiram, apporta à Salomon 420 talents d’or, environ 26 millions.

Si ce pays d’Ophir, sur la position duquel on a tant disputé, doit être placé dans l’Afrique équatoriale vers Seita, comme le croit

M. Quatremère, il est probable qu’en allant et en revenant, la flotte d’Hiram recueillait une partie de cet or par des échanges avec les Sabéens et les peuples de l’Arabie, leurs voisins, chez lesquels, au dire de Strabon, l’or natif était si abondant, qu’on en donnait dix livres pour une livre de fer, et deux pour une livre d’argent. Le rapprochement des deux passages des Rois et de Strabon n’avait pas été fait jusqu’ici, du moins à ma connaissance, et il m’a semblé curieux à établir.

Du reste, il paraît que l’or et l’argent, du temps de Salomon, étaient extrêmernent communs, puisque le sanctuaire e ; le saint des saints étaient entièrement couverts d’or pur, que le palais de bois du Liban en était entièrement revêtu, que tous ses vases et ses ustensiles étaient en or, et que l’argent, dit la chronique sacrée (mais on ne doit pas prendre à la lettre cette hyperbole orientale), de vint à Jérusalem aussi commun que les pierres. Ces passages, quoique se rapportant à une époque assez reculée, n’infirment point nos assertions précédentes ; car Salomon était allié de Tyr, ville dès la plus haute antiquité très-riche et très-commerçante, et de plus voisine des grands empires de Babylone et de Chaldée, dont la civilisation était parvenue au plus haut période avant la naissance des petites monarchies et des petites républiques de la Grèce et de l’Occident.

Diodore rapporte que Ninus, le fondateur de Ninive, accumula de grandes masses d’or et d’argent, parce qu’il s’empara de tous les trésors de la Bactriane, dans lesquels ces deux métaux précieux se trouvaient en très-grande abondance.

Le même auteur nous apprend que Sémiramis, qui bâtit la cité de Babylone et le temple de Jupiter ou Baal, y avait consacré des statues colossales, des trônes, des autels, des animaux, des vases, tous d’or massif, pesant ensemble 6300 talents, que Barthélemy évalue à 275 millions de livres tournois. La mention que fait Diodore de ces statues colossales en or massif acquiert une certaine autorité, si on la rapproche du récit de Daniel, où le prophète parle de la grande statue d’or élevée par Nabuchodonosor dans la plaine qui louche à la cité de Dura. Cyrus, dit Pline, rapporta de ses conquêtes de l’Asie 3he mille livres d’or, sans compter les vases, les ornements, les bijoux et 50000 talents égyptiens d’argent, dont Varron fixe le poids a 80 livres. C’était en or 38 millions de francs, et eu argent environ 288 millions.

La richesse maintenant bien connue des terrains aurifères de la Bactriane et de cette partie de l’Asie située entre l’Iminaiis et le Paropamisus, peut rendre vraisemblables cos chiffres donnés par Diodore…

Les mines d’argent ne se trouvent guère que dans les terrains primitifs, surtout dans les terrains à couches, et dans quelques filons des terrains secondaires. Job, auteur qu’on regarde comme contemporain de Moïse, et au moins comme antérieur à David, connaissait non-seulement l’or et l’argent, mais encore le mode d’existence de ces deux métaux (Job 28.1-6, 15,17 ; 42.11). Il ajoute plus loin que la terre a de la poussière d’or. Mais dans la tribu de Job peut-être l’argent circulait-il comme monnaie, et l’or était-il employé en bijoux. À la fin du poème, quand Job recouvre la santé, chaque visiteur lui apporte, suivant les plus habiles interprètes, une pièce de monnaie en argent et une boucle d’oreille en or. »

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