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Onion
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

C’est le nom que l’on donna au temple qu’Onias IV fit bâtir dans l’Égypte vers l’an du monde 3854, avant Jésus-Christ 146, avant l’ère vulgaire 150. Onias IV dont nous avons parlé ci-devant, s’étant retiré en Égypte vers l’an 3542, sut si bien s’insinuer dans l’esprit de Ptolémée Philométor et de Cléopâtre, son épouse, qu’il gagna entièrement leur confiance, jusque-là qu’ils lui donnèrent le commandement de leurs troupes. Onias, profitant de sa faveur, demanda au roi la permission de bâtir un temple en Égypte, sur le modèle de celui de Jérusalem, et d’y établir des prêtres et des lévites de sa nation. Ce qui le détermina à entreprendre cet ouvrage, fut principalement un passage d’Isaïe (Isaïe 19.18-19), qui, plus de six cents ans auparavant, avait prédit que le Seigneur aurait un jour un temple dans l’Égypte, et cela par le moyen d’un Juif qui le lui bâtirait. Josèphe ne cite pas les paroles d’Isaïe ; mais on ne doute pas que ce ne soient celles-ci :En ce temps-là il y aura cinq villes dans la terre d’Égypte qui parleront la langue chananéenne (qui est la même que la langue hébraïque) et qui jureront par le nom du Seigneur des armées. L’une de ces villes s’appellera la ville du Soleil (l’Hébreu, la ville d’Anathème). En ce temps-là il y aura un autel au milieu de la terre d’Égypte, et il y aura un titre (ou un monument) érigé en l’honneur du Seigneur sur les frontières de ce pays, pour servir de témoignage au Seigneur dans la terre d’Égypte.

Voici comme Onias s’expliquait dans le placet qu’il présenta au roi Ptolémée : Pendant que j’étais occupé à la guerre pour votre service, avec les Juifs que je commandais, et que je parcourais diverses provinces, j’ai remarqué que les Juifs avaient des temples particuliers dans la Crelé-Syrie, dans la Phénicie et dans la ville de Léontopolis, située dans le nome d’Héliopolis en Égypte : ce qui n’était nullement à propos, puisque cette multitude de temples pouvait causer entre eux plusieurs divisions, de même que la diversité du culte et la quantité des temples en causent aussi parmi les Égyptiens. Ayant donc trouvé dans la forteresse nommée Bubaste la Déserte un lieu très-propre, rempli de bons materiaux et d’animaux sacrés, je supplie Votre Majesté de m’accorder un ancien temple ruiné qui y est, et qui n’est consacré à aucun dieu ; de me permettre de nettoyer cette place, et d’y bâtir un temple nouveau au Dieu des Juifs, sur le modèle et suivant les proportions de celui de Jérusalem, afin que les Juifs qui sont en Égypte y puissent tenir leurs assemblées de religion, et par ce moyen conserver entre eux une plus parfaite union, et demeurent par là plus disposés à vous obéir et à s’employer à votre service. Car le prophète Isaïe a prédit autrefois qu’il y aurait un temple consacré au Seigneur dans l’Égypte, et a annoncé plusieurs autres choses sur le même sujet.

Le roi et la reine ayant vu la requête d’Onias, lui accordèrent la permission qu’a demandait, mais en des termes qui marquaient assez qu’ils ne voulaient rien prendre sur eux de ce qui pouvait être contraire à la lui de Dieu dans cette action. Ils lui disent, dans leur réponse, qu’ils ont peine à se persuader que Dieu puisse avoir pour agréable un temple consacré dans un lieu impur et rempli d’animaux ; mais que puisqu’il assure que le prophète Isaïe a prédit que cela arriverait, ils veulent bien le lui permettre, sans toutefois prétendre autoriser le violement de la loi de Dieu et le péché qu’il pourrait y avoir dans cette action. Onias ayant reçu cette permission, bâtit à Bubaste un temple sur le modèle de celui de Jérusalem, mais moins grand et moins magnifique. Il trouva même des prêtres et des lévites, aussi peu scrupuleux que lui, qui s’engagèrent au service de ce temple, et qui y faisaient les mêmes cérémonies qui se pratiquaient dans celui de Jérusalem [« Le Seigneur eut ainsi un sanctuaire au milieu des dieux de l’Égypte, dans ces mêmes lieux où-son peuple esclave avait été appelé à la vérité religieuse. Toutefoison bâtissant, ce temple, Onias avait violé les lois fondamentales de la religio.n israélite : c’est à Jérusalem, et seulement à Jérusalem, comme nous avons déjà eu occasion de le remarquer, qu’on devait offrir à Jehovali des sacrifices ; celle ville était le siège unique de sa résidence et la gardienne du service divin. Un ancien décret des Juifs’ rapporté par Maimonide (Halacha Biath Harnmikdasch, livre 8), déclare que « si quelqu’un a transgressé la loi en élevant un autre temple que celui de Jérusalem, ce temple ne sera pas regardé, à la vérité, comme un sanctuaire d’idoles ; mais il ne sera jamais permis au sacrificateur qui aura sacrifié dans ce temple de faire le service dans le sanctuaire de Jérusalem. Il ne sera pas même permis d’employer à l’usage du véritable sanctuaire les vases qui lui auraient servi ; mais on les cachera. » Poujoulat Histoire de Jérus., chapitre 15 page 323, 324].

Or voici la description que Josèphe nous donne du temple d’Onion, dans le septième livre de l’Histoire des Juifs. Le lieu où il était bâti est à cent quatre-vingts stades de Memphis ; c’est-à-dire environ à. quatre lieues, en prenant trois mille pas géométriques pour la lieue. Ce canton s’appelle le nome d’Héliopolis ; et le temple qui s’y voit a une tour pareille à celle de Jérusalem, de soixante coudées de haut, et bâtie avec de très-grandes pierres. L’autel est de même structure que celui de Jérusalem. Onlas orna ce temple de dons et de monuments précieux que la libéralité des Juifs d’Égypte lui fournit ; mais au lieu du chandelier qui était dans le temple de Jérusalem, il suspendit dans celui d’Onion une lampe d’or, qui l’éclairait font le contour du temple était environné d’un mur de briques, avec des portes de pierres. Le roi Philornétor lui avait assigné de grandes terres et de grands revenus, pour l’entretien des prêtres et pour subvenir aux besoins du saint lieu. Les Juifs et les prêtres de Jérusalem ne virent ce temple qu’avec peine, et il y eut toujours quelque division sur ce sujet entre les Juifs d’Égypte et ceux de la Palestine.

Après la ruine du temple de Jérusalem par les Romains, il y avait lieu de craindre que les Juifs, chassés de leur pays, ne se retirassent en Égypte, et que s’assemblant dans le temple d’Onion, ils ne prissent quelque nouvelle occasion de révolte : ce qui fut cause que Lupus, gouverneur d’Alexandrie et préfet d’Égypte, ayant mandé à Vespasien ce qui s’était passé touchant les assassins qui s’étaient retirés de la Judée dans l’Égypte, ce prince lui ordonna de faire abattre ce temple. Mais Lupus se contenta de le fermer vers l’an 73 de l’ère commune, environ deux cent vingt-six ans après sa fondation. Paulin, qui lui succéda peu après, fit ôter tous les ornements et les richesses qui y étaient, en fit fermer toutes les portes, et ne souffrit point qu’on y fit aucun exercice de religion. Telle fut la fin du temple Onion [Voyez Bubaste].

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